| Cleynaerts (Nicolas), dit Clénard ou Clenardus, orientaliste et voyageur né à Diest (Belgique) en 1495, mort à Grenade en 1543. Il étudia la théologie à Louvain, fut ordonné prêtre et suivit les cours du célèbre collège des Trois-Langues, fondé en 1318, grâce aux libéralités de Busleide. Devenu professeur au collège d'Houterlé, il s'occupa avec persévérance à simplifier l'enseignement du grec et de l'hébreu, et publia, à cet effet,des traités qui ont conservé longtemps leur vogue. Il avait pour principe de ne formuler la théorie grammaticale qu'après avoir familiarisé les jeunes gens avec le génie de la langue. L'étude approfondie de l'hébreu conduisit le jeune professeur à la culture de la langue arabe. Ayant remarqué que les rabbins invoquaient sans cesse des locutions arabes pour se tirer d'embarras dans les passages difficiles, il les suivit bientôt avec succès sur ce terrain. D'ailleurs une pensée de prosélytisme présidait, autant que l'amour de la connaissance, au dévouement qu'il manifestait dans son enseignement et dans ses études. Il fallait, à son avis, encourager l'étude de la littérature hébraïque afin de mettre les chrétiens en état de combattre par la parole et par la plume les maîtres de la Synagogue. « Ne brûlez, disait-il, ni les Juifs ni leurs livres. Rendez les juifs chrétiens à l'aide de l'enseignement. Les apôtres ne faisaient violence à personne. » Cette même pensée de prosélytisme surgit dans l'âme de Cleynaerts, avec une force nouvelle, lorsqu'il eut acquis la connaissance de l'arabe. Effrayé des progrès incessants de l'islam, il se demanda s'il n'était pas possible de vaincre les Sarrasins avec des armes plus nobles que le glaive. Il voulut faire de l'université de Louvain une pépinière de missionnaires assez courageux pour descendre sur la côte africaine, assez savants pour s'entretenir, dans la langue même du Coran, avec les prêtres et les sages de l'islam afin de les convertir à la foi chrétienne. En vue de réaliser ses projets, il se rendit d'abord à Paris en 1530, puis suivit en Espagne, comme bibliothécaire, Fernand, fils de Christophe Colomb. Il fut ensuite professeur de grec et de latin à Salamanque, et précepteur de Louis de Tolède, fils du duc d'Albe, enfin gouverneur du frère de Jean III de Portugal, Henri, qui devait devenir plus tard cardinal-archevêque de Braga. Cleynaerts séjourna successivement à Braga, à Coïmbra, puis à Grenade, capitale du dernier royaume musulman de la péninsule. Il s'y perfectionna dans la connaissance de la langue arabe. Cependant il lui manquait des livres où il aurait pu s'instruire davantage dans les croyances, les moeurs et l'histoire des peuples musulmans, et, n'ayant pas réussi dans ses démarches appuyées cependant par de grands personnages espagnols, pour avoir communication des manuscrits arabes mis sous la garde des inquisiteurs, il se décida à passer en Afrique, malgré les périls inséparables d'une telle entreprise. En 1540 il débarqua à Ceuta et parvint jusqu'à Fès, siège d'écoles florissantes; il surprit les habitants par les ressources de sa conversation arabe, mais il eut beau montrer son zèle pour la science et pour l'acquisition de livres indigènes, il eut à subir de mauvais traitements. Après quinze mois de séjour en Afrique, il se vit forcé de regagner Grenade. En 1542, il adressa à l'empereur Charles-Quint une longue missive dans laquelle il réclamait au nom des lettres les nombreux manuscrits arabes que l'Inquisition destinait aux flammes. Sentant fin approcher, il entreprit la rédaction d'une lettre aux peuples chrétiens, sorte d'autobiographie naïve, entremêlée de précieux conseils sur les mesures à prendre pour arrêter sans effusion de sang les ravages toujours menaçants de l'islam. Il mourut peu de temps après et fut inhumé dans l'Alhambra. (E.H.).
| En bibliothèque - Les principaux ouvrages de Nicolas Cleynaerts sont : Tabula in graminaticam hebraeam (Louvain, 1529); Irnstitutiones linguae graecae; (Ibid., 1530); Editationes Graecanicae in artem grammaticam (Ibid.,1531); Epistolarum libri duo (Ibid., 1550,1551, 1561, rééd. à Anvers en 1566 et à Hanauen, 1606). | | |