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L'histoire du Togo
Avant l'arrivée des Européens, le territoire du Togo était habité par divers peuples, notamment les Éwés, les Mina, et les Kabiyé. Ces groupes avaient leurs propres systèmes politiques et économiques. Le sud du Togo, en particulier, était une zone d'échanges commerciaux et culturels avec les royaumes voisins comme le Dahomey (actuel Bénin) et l'Ashanti (actuel Ghana).

Les premiers Européens à s'installer dans la région furent les Portugais au XVIe siècle. Suivirent les Danois, les Hollandais, les Anglais et les Allemands. Le littoral togolais devint un centre important de la traite négrière. La ville d'Aného, par exemple, servait de point de départ pour de nombreux esclaves déportés vers les Amériques.

Le Togo devint une colonie allemande en 1884, après que l'explorateur Gustav Nachtigal signa un traité avec le roi Mlapa III de Togoville. Les Allemands développèrent les infrastructures, comme les chemins de fer et les plantations, mais imposèrent également un régime autoritaire. Le Togo allemand était considéré comme une "colonie modèle" en raison de sa rentabilité.

Après la défaite de l'Allemagne lors de la Première Guerre mondiale, le Togo fut divisé en deux zones sous mandat de la Société des Nations (SDN) : une partie occidentale administrée par les Britanniques et une partie orientale sous contrôle français. La partie britannique fut ensuite intégrée au Ghana lors de son indépendance en 1957, tandis que la partie française devint l'actuel Togo.

Le 27 avril 1960, le Togo accéda à l'indépendance sous la direction de Sylvanus Olympio, le premier président du pays. Olympio chercha à réduire l'influence française et à développer une économie nationale indépendante. Cependant, il fut assassiné lors d'un coup d'État en janvier 1963, dirigé par des militaires sous la direction d'Étienne Eyadéma (plus tard Gnassingbé Eyadéma).

En 1967, après une période d'instabilité, Gnassingbé Eyadéma prit le pouvoir et établit une dictature qui dura près de 38 ans. Sous son régime, le Togo devint un État à parti unique, et Eyadéma exerça un contrôle strict sur la vie politique. Son régime fut marqué par des violations des droits humains, mais aussi par une certaine stabilité économique grâce à l'exploitation des ressources minières, notamment le phosphate.

Après la mort de Gnassingbé Eyadéma en 2005, son fils, Faure Gnassingbé, lui succéda dans des conditions controversées, déclenchant des violences post-électorales. Depuis, Faure Gnassingbé a été réélu à plusieurs reprises dans un contexte marqué par des accusations de fraudes électorales et une opposition politique affaiblie.

Le Togo continue de faire face à des défis en matière de gouvernance, de développement économique et de droits humains. Malgré une croissance économique relativement stable, les inégalités sociales et les tensions politiques demeurent importantes. Le mouvement de contestation pour des réformes démocratiques reste fort, malgré la répression.
 

Les royaumes et chefferies précoloniales.
Avant l'arrivĂ©e des EuropĂ©ens, le territoire qui correspond aujourd'hui au Togo  constituait une mosaĂŻque de royaumes et de chefferies. Parmi les principaux groupes ethniques, on trouve les Ewe, les Mina, les Kabye, les Tem, et les Gurma. Ces groupes Ă©taient organisĂ©s en sociĂ©tĂ©s claniques ou en royaumes plus centralisĂ©s, comme celui d'AnĂ©ho, qui Ă©tait un important centre commercial sur la cĂ´te. Les Ewe, qui sont aujourd'hui l'un des groupes ethniques majoritaires au sud du Togo, Ă©taient notamment regroupĂ©s en petites chefferies autonomes. Plus au nord, les Kabye et les Tem vivaient dans des communautĂ©s agricoles, souvent organisĂ©es autour de chefferies traditionnelles.

Les premiers Européens à atteindre les côtes du Togo furent les Portugais au XVe siècle. Suivirent les Hollandais, les Danois, les Anglais et les Français. Ces puissances étaient principalement intéressées par le commerce d'esclaves, d'ivoire, et d'autres marchandises.

La région du Togo actuel, située entre le Dahomey (aujourd'hui le Bénin) et la Côte-de-l'Or (aujourd'hui le Ghana), devint rapidement un centre important pour le commerce des esclaves. Le littoral togolais fut ainsi intégré à ce que l'on appelait lla Côte des esclaves, un terme utilisé pour décrire la région du golfe de Guinée d'où étaient capturés et transportés des millions d'Africains vers les Amériques.

La période coloniale.
Le 5 juillet 1884, le roi Mlapa III de Togoville signe un traité de protectorat avec Gustav Nachtigal, un représentant de l'Allemagne. Ce traité marque le début de la colonisation allemande au Togo, qui devient officiellement une colonie allemande en 1905 sous le nom de Togoland. Les Allemands développent rapidement l'infrastructure du pays, notamment par la construction de routes, de chemins de fer, et l'établissement de plantations agricoles (notamment de cacao, café et coton). L'administration coloniale se signale par sa rigueur et sa répression des révoltes locales. Les Togolais étaient soumis à des travaux forcés et à des taxes lourdes, ce qui provoqua plusieurs soulèvements, notamment celui des Ewé en 1913.

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, le Togoland est envahi par les forces britanniques et françaises. Après la défaite de l'Allemagne, le territoire est divisé en deux : la partie occidentale est placée sous mandat britannique et est administrée comme partie intégrante de la Gold Coast (actuel Ghana), tandis que la partie orientale, représentant environ les deux tiers du territoire, est placée sous mandat français. Le mandat français sur le Togo est officiellement confirmé par la Société des Nations en 1922, puis reconfirmé sous la forme d'une tutelle par les Nations Unies après la Seconde Guerre mondiale en 1946. Les Français introduisent un système administratif centralisé, imposent l'enseignement de la langue française, et développent davantage les infrastructures économiques, notamment l'agriculture de plantation. Cependant, la domination coloniale française est également marquée par des politiques répressives et une marginalisation des populations locales dans la prise de décision. Les premiers mouvements nationalistes commencent à émerger dans les années 1930 et 1940, à l'instar du Comité de l'unité togolaise (CUT) dirigé par Sylvanus Olympio, qui deviendra une figure clé dans la lutte pour l'indépendance.

Après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement pour l'indépendance s'accélère au Togo, comme dans d'autres colonies africaines. Le Parti togolais du progrès (PTP) de Nicolas Grunitzky et le CUT de Sylvanus Olympio deviennent les principaux partis politiques. Le CUT, qui prône l'indépendance immédiate, gagne en popularité, tandis que le PTP est plus modéré et prône une autonomie progressive sous la tutelle française. En 1956, un référendum est organisé par la France pour déterminer le statut du Togo. Le résultat, en partie controversé, conduit à l'établissement d'une République autonome au sein de l'Union française. Sylvanus Olympio devient Premier ministre de cette République autonome.

Le Togo indépendant.
Le 27 avril 1960, le Togo obtient finalement son indépendance complète de la France avec Sylvanus Olympio comme premier président. Olympio, un homme politique expérimenté, tente de construire une nation stable en diversifiant l'économie et en réduisant la dépendance à l'égard de la France. Cependant, ses politiques, notamment celles qui visaient à limiter l'influence de l'armée, créent des tensions. En janvier 1963, Sylvanus Olympio est assassiné lors d'un coup d'État militaire, le premier dans l'histoire de l'Afrique post-coloniale. Le coup d'État est mené par le sergent-chef Étienne Gnassingbé Eyadéma (plus tard Gnassingbé Eyadéma) et un groupe de soldats démobilisés qui avaient servi dans l'armée française.

Après le coup d'État, Nicolas Grunitzky, un ancien Premier ministre, est installé comme président. Grunitzky tente de réconcilier les factions politiques et de créer une stabilité. Son gouvernement adopte une nouvelle constitution et organise des élections en 1963. Cependant, son régime est marqué par des divisions internes, une corruption croissante, et une faible légitimité. En 1967, Grunitzky est renversé lors d'un autre coup d'État militaire dirigé par Gnassingbé Eyadéma. Ce dernier prend le pouvoir et établit un régime militaire.

L'ère Eyadéma (1967-2005).
GnassingbĂ© EyadĂ©ma, devenu prĂ©sident en 1967, gouverne le Togo d'une main de fer pendant 38 ans. Sous son rĂ©gime, le pays devient un État Ă  parti unique en 1969 avec la crĂ©ation du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT). EyadĂ©ma concentre le pouvoir entre ses mains et rĂ©prime sĂ©vèrement l'opposition. 

Son régime est caractérisé par des violations des droits humains, une centralisation du pouvoir, et une politique économique axée sur l'agriculture et les phosphates, principale ressource du pays. En dépit de cette répression, Eyadéma reste populaire auprès de certains segments de la population grâce à son charisme et à son contrôle sur l'appareil d'État.

En 1991, sous la pression intérieure et internationale, Eyadéma accepte l'ouverture à un système multipartite. Cependant, les tentatives de transition vers la démocratie sont minées par des fraudes électorales, des manipulations constitutionnelles, et la violence. Eyadéma remporte plusieurs élections, dont les résultats sont largement contestés.

Le Togo depuis 2005.
GnassingbĂ© EyadĂ©ma meurt subitement en fĂ©vrier 2005. Son fils, Faure GnassingbĂ©, est rapidement installĂ© au pouvoir par l'armĂ©e, ce qui provoque des protestations nationales et internationales. Sous pression, Faure dĂ©missionne temporairement pour permettre l'organisation d'Ă©lections, qu'il remporte en avril 2005 dans un climat de violence et de contestation. Le rĂ©gime de Faure GnassingbĂ©, bien que moins autocratique que celui de son père, est marquĂ© par la continuitĂ© de l'hĂ©gĂ©monie politique du clan GnassingbĂ© et du parti RPT (qui deviendra plus tard l'Union pour la RĂ©publique, UNIR). Faure GnassingbĂ© est rĂ©Ă©lu en 2010 et  2015 dans des scrutins souvent critiquĂ©s pour leur manque de transparence.

Sous Faure Gnassingbé, le Togo connaît des réformes économiques et des tentatives de modernisation, mais les réformes politiques demeurent limitées. Les élections continuent d'être contestées, et l'opposition accuse le gouvernement de manoeuvres pour maintenir le pouvoir. En 2017, de vastes manifestations populaires demandent la fin de la dynastie Gnassingbé, et la réinstauration de la limitation des mandats présidentiels. En 2019, une réforme constitutionnelle est adoptée, réintroduisant la limitation des mandats à deux, mais cette mesure n'est pas rétroactive, permettant ainsi à Faure Gnassingbé de se représenter en 2020. Cette situation alimente encore plus la frustration de l'opposition et d'une partie de la population. La réelection de Faure Gnassingbé est sujette aux mêmes accusations de fraudes que les précédentes.

Aujourd'hui, le Togo reste confronté à de nombreux défis, notamment en matière de gouvernance démocratique, de droits humains, de développement économique, et de réduction de la pauvreté. Le régime de Faure Gnassingbé continue de dominer la scène politique, mais le pays fait face à une population jeune et dynamique qui aspire à des changements plus profonds. Malgré ces défis, le Togo joue un rôle de plus en plus actif dans la région ouest-africaine, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la gestion des flux migratoires. Les relations internationales du pays, notamment avec la France et d'autres partenaires, restent un aspect clé de sa politique étrangère.

Le 25 mars 2024,, le parlement togolais a approuvé une nouvelle constitution étendant le mandat du président, en même temps qu'elle fait passer le pays d'un système présidentiel à un système parlementaire.

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