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Avant
l'arrivée des Européens, la région qui deviendra plus tard le Liberia
était habitée par plusieurs groupes ethniques, principalement les Vai,
les Kru, les Gola, les Kissi, les Grebo et les Kpelle. Ces peopulations
vivaient dans des sociétés organisées avec des chefferies, des royaumes
et des réseaux commerciaux étendus. Ils pratiquaient l'agriculture, la
chasse, la pêche, et le commerce local de biens comme le sel, l'or et
le riz.
En 1461, les premiers
explorateurs portugais atteignent la côte du Liberia. Ils nomment cette
région la Costa da Pimenta ( = la Côte du Poivre) en raison de
l'abondance de grains de maniguette, aussi appelés poivre de Guinée,
qui étaient très prisés en Europe. Cependant, les Portugais ne colonisent
pas la région; ils se contentent d'établir des comptoirs commerciaux
côtiers. Par la suite, d'autres Européens, notamment les Néerlandais,
les Anglais et les Français, visitent également la région pour le commerce
des épices, de l'or et des esclaves. Cependant, aucune puissance européenne
n'établit de colonie durable dans cette région spécifique du Liberia.
À partir du XVIIe
siècle, la région devient une source importante de captifs pour le commerce
transatlantique des esclaves. Les marchands européens, avec l'aide de
certains chefs locaux, capturent et transportent de nombreux habitants
de la région vers les Amériques. Le commerce des esclaves déstabilise
les sociétés locales et intensifie les conflits entre les groupes ethniques.
Malgré les influences extérieures, les peuples autochtones continuent
à maintenir leurs traditions culturelles et sociales. Certains groupes
résistent aux incursions européennes et refusent de participer au commerce
des esclaves, tandis que d'autres s'adaptent aux nouvelles dynamiques
commerciales en place.
À la fin du XVIIIe
siècle, avec l'abolition progressive du commerce des esclaves en Europe,
la région attire l'attention des sociétés philanthropiques et abolitionnistes.
Le pays qui va porter le nom de Libéria doit son origine à d'Américains
qui voulurent faire un pas de plus par rapport à ce que les Britanniques
avaient entrepris au Sierra Leone, et qui cherchaient aussi, sous couvert
de philanthropie, à débarrasser les Etats-Unis
d'une population d'esclaves récemment libérés
et que la société blanche refusait d'accueillir parmi elle. L'American
Colonization Society (ACS) est fondée en 1816 avec l'objectif de créer
une colonie pour les Noirs libres et les esclaves affranchis des États-Unis
en Afrique. L'ACS réunit à Washington un congrès et décida de donner
à des Noirs tirés de l'esclavage et rapatriés en Afrique un territoire
neutre où, selon les conceptions de l'époque " ils prouveraient leur
aptitude à se civiliser sans autres guides que des missionnaires".
Après une première
tentative en 1817 qui échoua, l'expérience fut recommencée en 1821;
on acheta à l'Est du cap Mesurado au chef local un territoire où l'on
établit 30 familles. L'établissement reçut le nom de Monrovia en l'honneur
du président Monroe .
L'immigration de Noirs américains fit prospérer la colonie qui fut déclarée
indépendante en 1826, organisée comme telle en 1847; son indépendance
fut reconnue par la France et l'Angleterre en 1848. Elle s'accrut par l'acquisition
du territoire de Gallinas au Nord-Ouest (1848), de celui du Cassa (1862),
absorba en 1857 la république analogue de Maryland fondée aussi pour
des anciens esclaves au cap Palmas en 1834; enfin, elle annexa en 1882
le royaume de Medina, ce qui doubla sa population.
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Le
Libéria dans ses frontières de 1905.
Les frontières du
pays ont été modifiées plusieurs fois au XXe
siècle, notamment en 1902, après que la France
l'ait amputé d'un tiers de son territoire pour le rattacher à la Côte
d'Ivoire. Les résultats de leur expérience furent regardés avec
perplexité par les Occidentaux. Les nouveaux venus, appelés Américano-Libériens
ou Freemen (3% de la population), tout anciens esclaves qu'ils étaient,
tout "civilisés" qu'ils étaient supposés se montrer, puisque formés
par les missionnaires (méthodistes), ne cherchaient qu'à exploiter les
indigènes ou Natives et les étrangers. Au fond, il reproduisait
le même régime d'oppression là où ils étaient maîtres de lieux, que
celui que les Occidentaux infligeaient ailleurs. Seul pays d'Afrique colonisé
par des Africains, le Libéria a d'abord connu le statu quo, et
même une certaine prospérité grâce à l'hévéa. Cependant, l'indépendance
du Liberia est fragilisée par des pressions économiques et politiques.
Le pays contracte des emprunts importants auprès de pays européens, notamment
les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne,
qui contrôlent ainsi indirectement son économie. (Ch. Delavaud.
/ Delafosse / A.-M. B.).
L'ère
de William Tubman.
L'un des présidents
les plus marquants de l'histoire du Liberia est William Tubman, qui gouverne
de 1944 à 1971. Sous sa présidence, il met en oeuvre une politique d'«
unification » pour réduire les tensions entre les Américano-Libériens
et les populations autochtones. Il promeut également l'intégration
économique du pays à travers l'investissement étranger, attirant des
multinationales comme Firestone, qui exploite d'immenses plantations
d'hévéas pour produire du caoutchouc. Malgré ces avancées économiques,
les inégalités sociales et politiques persistent. L'élite américano-libérienne
continue de monopoliser le pouvoir, suscitant des tensions croissantes
avec les populations indigènes.
William
Tolbert et Samuel Doe.
En 1971, William
Tolbert succède à Tubman. Il tente de réformer le pays, mais fait face
à une opposition croissante, notamment de la part des mouvements de jeunes
et des syndicats. En avril 1980, un groupe de soldats dirigé par le sergent-chef
Samuel Doe, un Native issu de l'ethnie Krahn, organise un coup
d'État. Tolbert est assassiné et le gouvernement est renversé. Ce
coup d'État marque la fin de la domination des Américano-Libériens.
Doe instaure un régime militaire. Son gouvernement se signale par la corruption,
le népotisme et la répression des opposants.
La
guerre civile libérienne.
En 1989, Charles
Taylor, un ancien fonctionnaire du gouvernement de Doe, lance une rébellion
armée contre le régime depuis la Côte d'Ivoire avec son groupe, le
Front national patriotique du Liberia (NPFL). Cela marque le début de
la première guerre civile libérienne (1989-1996). Le conflit dégénère
en une guerre sanglante avec la participation de plusieurs factions armées.
Le pays est plongé dans le chaos, avec des massacres de masse, des déplacements
de populations et une destruction des infrastructures. En 1990, Samuel
Doe est capturé et exécuté par une faction rivale. Malgré cela, les
combats continuent jusqu'en 1996, lorsque les parties en conflit parviennent
à un accord de paix.
Charles
Taylor et la deuxième guerre civile.
En 1997, Charles
Taylor est élu président lors d'élections controversées. La présidence
de Charles Taylor (1997-2003) est marquée par une gouvernance autoritaire,
des violations massives des droits humains et un soutien aux rebelles dans
les pays voisins, notamment en Sierra Leone.
Cela conduit à l'éclatement d'une deuxième guerre civile en 1999.
Cette guerre attire une forte pression internationale, et en 2003, Taylor
est contraint de quitter le pouvoir et s'exile au Nigeria.
(Taylor, Ã cause de son implication dans la guerre civile en Sierra Leone,
a ensuite été condamné par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone
à La Haye, placé sous l'égide de l'ONU).
L'ère
post-conflit. Ellen Johnson Sirleaf.
Après le départ
de Taylor, les Nations Unies supervisent un processus
de paix et des élections en 2005. Ellen Johnson Sirleaf devient présidente,
devenant ainsi la première femme élue chef d'État en Afrique. Sous
son leadership, le Liberia amorce une reconstruction difficile, avec un
retour à la paix et une reprise économique, bien que les défis restent
nombreux, notamment la corruption, la pauvreté et le chômage. En 2011,
Ellen Johnson Sirleaf reçoit le prix Nobel de la paix, en reconnaissance
de ses efforts pour stabiliser le pays. Elle est réelue la même année,
mais a eu du mal à reconstruire l'économie du Libéria, en particulier
après l'épidémie d'ebola de 2014-2015, et à réconcilier une nation
encore meurtrie par 14 années de combats.
George
Weah.
En 2018, l'ancien
footballeur et star internationale George Weah est élu président. Son
élection marque le premier transfert de pouvoir réussi d'un gouvernement
démocratiquement élu à un autre depuis la fin des guerres civiles au
Libéria et symbolise l'espoir d'une nouvelle génération de leaders
dans le pays. Son mandat se concentre sur la réduction de la pauvreté,
le développement des infrastructures et l'amélioration de l'éducation.
Toutefois, Weah fait face à des critiques concernant la gestion économique,
la corruption et l'inefficacité de certaines réformes promises.
Boakai.
Lors de l'élection
présidentielle très contestée de 2023, le chef de l'opposition Joseph
Boakai est désigné vainqueur. Il a prêté serment le 22 janvier 2024. |
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