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L'histoire de la Guinée
La Guinée a d'abord été habitée par des populations villageoises organisées autour de la pêche, de l'agriculture et du commerce local. Aux XIIe et XIIIe siècles, le royaume de Sosso, sous Soumaoro Kanté, domine la région. Ce royaume a finalement été vaincu par Soundiata Keïta à la bataille de Kirina (1235), ouvrant la voie à la création de l'Empire du Mali. Ce dernier va contrôler une grande partie de l'actuelle Guinée. Des villes comme Niani (située en Guinée) sont alors des centres politiques et commerciaux importants de cet empire. Au XVe siècle, après le déclin de l'Empire du Mali, l'Empire Songhaï s'étend dans la région, bien que son influence soit plus limitée en Guinée. D'autres Etats mandingues et soussous ont encore existé. Mais il faut attendre le XVIIIe siècle, pour qu'un nouvel Etat important se forme dans la région.  Il s'agit du royaume de Fouta Djallon (1725-XIXe siècle), fondé par des Peuls islamisés après une série de guerres saintes (jihad), ce royaume devient un centre important de pouvoir en Guinée. Le Fouta Djallon est gouverné par une théocratie islamique avec un almamy (chef religieux et politique) à sa tête.

À partir du XVe siècle, les navigateurs portugais commencent à explorer les côtes de l'Afrique de l'Ouest. Ils établissnt des comptoirs le long de la côte guinéenne, ouvrant la voie à la traite des esclaves. Les populations locales sont impliquées dans cette traite par le biais de guerres internes et du commerce avec les Européens. Au XIXe siècle, d'autres puissances européennes, notamment les Français et les Britanniques, devinennent plus actives dans la région. À partir de la fin du siècle, la Guinée tomba finalement sous l'influence coloniale française. Sous la direction de figures comme Samory Touré, les populations locales résistent à l'expansion française. Samory Touré, à la tête de l'Empire wassoulou, mène une résistance acharnée contre les Français, mais est finalement capturé en 1898. Cela marque la fin de l'indépendance des royaumes guinéens.

En 1900, la Guinée est entièrement sous contrôle français et intégrée à l'Afrique-Occidentale française (AOF). La résistance locale a  été écrasée, et la région entra dans une nouvelle ère dominée par l'administration coloniale cebtralisée, marquée par l'exploitation des ressources (agriculture, mines) et la réorganisation socio-politique selon les intérêts français. Les populations locales sont soumises à diverses formes d'oppression,comme le travail forcé. À partir des années 1940, les mouvements anticoloniaux se renforcent, notamment sous l'impulsion du Rassemblement Démocratique Africain (RDA), une organisation politique panafricaine. En Guinée, la branche locale du RDA était le Parti Démocratique de Guinée (PDG), dirigé par Ahmed Sékou Touré, une figure centrale de la lutte pour l'indépendance. Sékou Touré s'oppose fermement à la domination coloniale française et appelle à l'autonomie.

La Guinée va devenir le premier pays d'Afrique de l'Ouest à accéder à l'indépendance de manière radicale. En 1958, lors du référendum proposé par le président français Charles De Gaulle, la Guinée est le seul territoire de l'AOF à voter massivement pour l'indépendance immédiate en rejetant l'option de rester dans la Communauté française. Ce choix mène à une rupture brutale avec la France, qui retire son aide et démantèle les infrastructures administratives en quittant le pays. Après l'indépendance, Sékou Touré devint le premier président de la Guinée et établit un régime autoritaire à parti unique sous le PDG. Il adopte une politique économique socialiste et se tourna vers l'Union soviétique et d'autres pays du bloc de l'Est pour l'aide et la coopération. 

Le régime de Sékou Touré est marqué par une répression sévère contre les opposants politiques, avec des milliers de personnes emprisonnées, torturées ou exécutées, notamment dans le tristement célèbre camp Boiro. Il met aussi en oeuvre la nationalisation des entreprises et une tentative de centralisation économique, ce qui causa des crises économiques et des pénuries. Un discours panafricaniste radical, Sékou Touré joue un rôle important dans les mouvements de libération africaine. Mais le régime de Sékou Touré, malgré ses idéaux anticoloniaux, devint de plus en plus répressif et isolé sur la scène internationale. À sa mort en 1984, la Guinée est marquée par une stagnation économique et un climat de peur généralisé.

En 1984, juste après la mort de Sékou Touré, un coup d'État militaire dirigé par le colonel Lansana Conté met fin au régime du PDG. Conté prend le pouvoir et établit un régime militaire. Initialement, il prend des mesures pour libéraliser l'économie et ouvrir le pays aux investissements étrangers. Cependant, son régime devient progressivement autoritaire. La Guinée engage une transition vers un système multipartite dans les années 1990, mais avec des élections souvent marquées par des fraudes et des irrégularités. Une gestion inefficace de l'économie est exacerbée par la corruption et le népotisme. Des tensions ethniques et politiques croissantes, se font jour quand Conté favorise son groupe ethnique, les Soussous. Lansana Conté reste au pouvoir jusqu'à sa mort en 2008. Il laisse un pays appauvri et divisé.

Après la mort de Conté, un groupe de militaires dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara prend le pouvoir lors d'un coup d'État. Le régime de Camara est marqué par une instabilité extrême et une répression brutale, notamment le massacre du 28 septembre 2009, où des centaines de manifestants pacifiques sont tués, violés ou blessés dans un stade de Conakry par les forces de sécurité. Ce massacre suscite une condamnation internationale généralisée et isole le régime de Camara.Début décembre 2009, Camara a été blessé dans une tentative d'assassinat et évacué au Maroc, puis au Burkina Faso. Un gouvernement de transition dirigé par le général Sékouba Konaté a alors organisé, en 2010, les premières élections démocratiques  libres et équitables depuis l'indépendance. 

Elles portent à la présidence Alpha Condé, un ancien opposant historique à Sékou Touré, qui a été réellu en 2015. Le premier cabinet de Condé est le premier gouvernement entièrement civil de l'histoire de la Guinée. Le mandat de Condé est marqué par des réformes économiques visant à attirer des investissements, notamment dans le secteur minier, mais aussi par des tensions politiques persistantes et des accusations de répression contre l'opposition. En mars 2020, la Guinée a adopté une nouvelle constitution lors d'un référendum national qui modifie les règles de limitation des mandats présidentiels. Condé fait valoir que, compte tenu de ce changement, il pouvait à briguer un troisième mandat, qu'il remporté d'ailleurs en octobre 2020. 

Le 5 septembre 2021, les troupes des forces spéciales dirigées par le colonel Mamady Doumbouya ont renversé et arrêté  Alpha Condé par un coup d'État Condé et ont établi un Comité National de Rassemblement et de Développement (CNRD). Doumbouya et le CNRD ont suspendu la constitution et dissous le gouvernement et le législatif. Doumbouya a prêté serment en tant que président de transition le 1er octobre 2021 et a nommé Mohamed Beavogui premier ministre de transition. Beavogui forme par la suite un cabinet largement technocratique. Les autorités guinéennes tentent de former un Conseil national de transition, qui agira comme une législature de transition.

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