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Polydore de Caravage

Caldara (Polidoro) ou Caravage (Polydore de). - Peintre italien à ne pas confondre avec Le Caravage (il s'appelait Polidoro Caldara, mais, comme il était né vers 1495 à Caravaggio, dans le Milanais, ses contemporains lui ont donné le nom de sa ville natale, et ce nom lui est resté). Il est mort à Messine en 1543. Venu fort jeune à Rome, il s'y trouva sans métier et sans ressources et, pour vivre, fut contraint d'accepter les plus humbles besognes, A l'époque où le Vatican était une ruche laborieuse, il servit d'aide aux maçons; il gâchait le mortier et transportait les pierres. Son seul délassement consistait à suivre d'un oeil attentif le travail des peintres qui couvraient alors de fresques glorieuses les murs du palais pontifical. C'est ainsi qu'il connut Raphaël, Jean d'Udine et quelques-uns de leurs collaborateurs. Bien accueilli par ces grands maîtres, qu'intéressait le zèle intelligent du jeune ouvrier, Caldara essaya de faire de la peinture et il y réussit. On dit même que sous la direction de Jean d'Udine il eut une certaine part à la décoration des Loges, car il a débuté par l'arabesque et il est toujours resté fidèle à l'ornement. Il étudia avec curiosité les oeuvres de l'art antique, et il y apprit à la fois les fières allures du style et un peu de cette mythologie qu'il admirait d'abord sans la connaître et qui devint bientôt le thème ordinaire de ses inspirations. Caldara fut en réalité l'élève de l'atelier du Vatican : c'est en raison de cet apprentissage que les historiens le classent dans l'école romaine, malgré ses origines lombardes.

C'était alors l'usage à Rome de peindre la façade des palais. Associé à un camarade florentin, Maturino, qui était lui-même un artiste des plus habiles, Polydore de Caravage décora de bas-reliefs simulés et de grisailles à deux tons un grand nombre de maisons romaines. Vasari nous fournit une précieuse énumération des travaux que les deux, peintres exécutèrent à cette époque. Ils imitaient les saillies de la pierre sculptée ou même les luisants du bronze, empruntant de préférence leurs motifs à l'allégorie, à la mythologie ou à l'histoire des héros de l'Antiquité, et mêlant volontiers aux figures des trophées d'armes, des mascarons et tous les caprices de l'ornementation chère à la Renaissance. En même temps, Caldara multipliait les dessins; il inventait des compositions chimériques, des arabesques, des modèles de vases qui, répandus et imités dans tous les ateliers italiens, sont devenus un des éléments caractéristiques du style décoratif au XVIe siècle.
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Polydore Caravae : paysage.
Paysage, par Polydore de Caravage.

Polydore de Caravage était jeune encore lorsque le siège et le sac de Rome (1527) vinrent interrompre ses travaux. Son ami Maturino étant mort à la même époque, il eut un accès de découragement et alla chercher fortune ailleurs. Il se rendit d'abord à Naples, où il ne fut pas menacé de mourir de faim comme le raconte Vasari; car il y fut au contraire accueilli avec l'estime qu'il méritait; il y trouva du travail et il y fonda même une école. A une date que nous ne savons pas, il quitta Naples et se retira en Sicile. Il a longtemps habité Messine, ou il a formé plusieurs disciples. Il y travaillait encore en 1535 lorsque Charles-Quint, revenant de Tunis, traversa pompeusement la ville. Des arcs de triomphe furent élevés, suivant l'usage, pour fêter l'arrivée de l'empereur victorieux, et ce fut Caldara qui fut chargé de dresser et de décorer ces fragiles monuments de l'enthousiasme municipal. Le laborieux artiste songeait à retourner à Rome, il avait gagné quelque argent, lorsque sa fortune, réelle ou supposée, lui devint fatale. En 1543, il fut traîtreusement volé et assassiné par un de ses élèves, Tonno Calabrèse, qui avait peut-être des dispositions pour la peinture, mais qui fit bien voir ce jour-là que le meurtre était son aptitude essentielle.
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Polydore de Caravage : Catherine de Sienne.
Catherine de Sienne
par Polydore de Caravage.

Les peintures de Polydore de Caravage ne sont pas très nombreuses. Toutes celles qu'il avait faites avec Maturino sur les façades des maisons romaines ont péri, effacées par l'action du temps ou détruites par la pioche des démolisseurs. Pour celles qui décoraient l'intérieur des églises, il en reste çà et là quelques vestiges. Ainsi on voit encore à Saint-Sylvestre de Monte-Cavallo deux compositions tirées de la légende de Marie-Madeleine. Les deux scènes s'encadrent de paysages que Vasari admirait beaucoup, car c'est à ce propos qu'il déclare que Polydore dessinait les rochers et les arbres avec une maestria sans égale. Caldara s'étant formé à l'école des fresquistes du Vatican et ayant fait surtout de la décoration murale, ses tableaux sont infiniment rares dans les collections publiques. On ne peut guère citer qu'un Méléagre au musée du Capitole; un Portement de croix au Musée de Naples, un Passage de la mer Rouge, peinture en clair-obscur, au musée Brera, de Milan. Enfin, le Louvre possède un important tableau de Caldara, Psyché reçue dans l'Olympe, oeuvre qui donne une idée suffisamment exacte du style que le maître lombard, devenu Romain; avait adopté à la suite de sa collaboration avec Raphaël et de ses études d'après les bas-reliefs antiques. Le musée national a aussi de lui un certain nombre de dessins à la sanguine où se manifeste une savante recherche de l'élégance. Les graveurs italiens Bonasone, Santi Bartoli, Cherubino Alberti, d'autres encore, ont multiplié les estampes d'après les compositions de Polydore de Caravage. Ces gravures ont couru le monde et elles ont exercé une influence évidente sur les orfèvres, les céramistes, et en général sur tous les artistes qui vivent du décor. (Paul Mantz).

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