| On trouve dans l'histoire trois ordres religieux (et militaires) chrétiens qui ont porté le nom d'Ordre du Christ : le premier en Livonie, un autre, qui est le plus connu, au Portugal et au Brésil, le troisième, survivance du précédent, à Rome. En Livonie. Un ordre de ce nom ne fut véritablement qu'un rameau de l'ordre des Porte-Glaive institué en Livonie en 1200, par Albert de Brennes, évêque de Riga. Pour dérober les nouveaux convertis aux persécutions des païens, l'évêque détacha un certain nombre de chevaliers porte-glaive de l'ordre principal et en forma une milice spéciale qui prit le nom d'ordre du Christ. Quand les porte-glaive furent incorporés à l'ordre teutonique, les chevaliers du Christ y furent également joints. Au Portugal et au Brésil. Une bulle de janvier 1312 avait prononcé l'abolition de l'ordre des Templiers et leurs biens avaient été confisqués. Le roi du Portugal' Denis ler les conserva dans ses Etats en en formant la milice de Notre Seigneur Jésus-Christ. En 1319, cette association fut approuvée par le pape Jean XXII et l'ordre du Christ fut fondé. Le chef-lieu de ces continuateurs des Templiers fut fixé à Castro-Marino; plus tard, il fut transporté à Thomar. Les chevaliers étaient soumis à la règle de saint Benoît. Le premier grand maître fut Dom Gillez Martinez. Associés à la lutte du Portugal contre les Musulmans, les chevaliers du Christ joignirent leurs bannières à celles du souverain dans leurs aventureuses expéditions en Afrique et en Inde. Le pape Calixte III investit le grand prieur d'un pouvoir spirituel égal à celui des évêques. Le roi Jean III, qui avait obtenu en 1522 l'administration de la grande maîtrise et ensuite de Jules III l'administration des ordres de Saint-Jacques et d'Avis, obtint en 1551 que les trois grandes maîtrises fussent réunies à perpétuité à la couronne du Portugal. Pour être admis dans l'ordre il fallait faire ses preuves de noblesse et un noviciat guerrier de trois ans contre les "infidèles". Depuis 1789, l'ordre, propriétaire de vingt-six villages et fermes, et quatre cent trente-quatre commanderies, comprend dans sa hiérarchie le grand maître, le grand commandeur, six grand-croix, quatre cent cinquante commandeurs et un nombre illimité de chevaliers. Les étrangers sont exclus de la jouissance des bénéfices et l'ordre n'est pour eux qu'une distinction. La décoration consiste en une croix patriarcale de gueules, bordée d'or chargée d'une autre croix d'émail blanc. Le ruban est rouge. La croix des grand-croix et des commandeurs est en outre surmontée d'un coeur émaillé de rouge. Le Brésil en se séparant du Portugal conserva l'ordre du Christ, mais dès les premières décennies du XIXe siècle, il n'y est considéré comme un ordre purement civil et est devenu la récompense des services rendus à l'Etat par les nationaux et les étrangers. Néanmoins pour le distinguer de l'ordre Portugais, le ruban a un liseré azur à chaque bord, et la croix est surmontée de la couronne impériale (décret du 9 septembre 1843). A Rome. L'ordre du Christ des Etats de l'Eglise a son siège à Rome. En confirmant la transformation de la milice du temple en celle du Christ, le pape Jean XXII se réserva, pour lui et ses successeurs, le droit de nommer des chevaliers dans l'ordre. Cet usage s'est maintenu à Rome. L'ordre récompense des services civils et militaires et n'a qu'une classe. La décoration est à peu près semblable à celle du Christ du Portugal. Les militaires surmontent la croix d'un trophée, le ruban se porte au cou. (H. Gourdon de Genouillac). | |