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Riga

Riga. - Capitale de la Lettonie, jadis capitale du duché de Livonie,  la rive droite de la Dvina (Duna) occidentale et à 13 km de l'entrée de ce fleuve dans la Baltique (golfe de Riga), à 570 km au Sud-Ouest de Saint-Pétersbourg. Population :  750 000 habitants en 2012. Riga, du nom d'une petite rivière de la localité, ensablée aujourd'hui, porte en estonien le nom de Ria-Lin. Elle est prise de glace habituellement dans les premiers jours de novembre, mais les navires trouvent encore pendant quelques jours un refuge un peu plus en avant, à 4 milles de l'embouchure.
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Riga : la maison des têtes noires.
La Maison des Têtes noires, située dans la vieille ville de Riga a été construite au XIVe siècle 
pour la Confrérie de la Guilde des Têtes noires, une société de marchands allemands
célibataires. Le bâtiment a été bombardé par les Allemands en 1941 et démoli
par les communistes en 1948. La reconstruction a eu lieu entre 1995 et 1999, 
le bâtiment sert actuellement de musée et de salle de concert. 

Monuments.
La ville est partagée en vieille ville, qui a conservé le cachet des cités du Moyen âge et, en faubourgs, de construction moderne (les fortifications ont été entièrement supprimées en 1885), reliés par des boulevards. Parmi les constructions remarquables, il convient de citer le château des grands maîtres de l'ordre Teutonique, construit d'abord par Munheim en 1330, détruit et restauré à plusieurs reprises; diverses églises (orthodoxes et luthériennes) : Saint-Pierre, avec sa flèche de 72 m, érigée en 1204, reconstruite après un incendie dans la seconde moitié du XVIe siècle et restaurée en 1973, à l'occasion de l'installation d'un  ascenseur; la cathédrale du Dôme (Domkirche), qui renferme un orgue colossal (6890 tuyaux), la maison [de la société] des Têtes noires (style gothique), l'hôtel de ville de 1765; colonne de la victoire, élevée en 1817;  pont de chemin de fer sur la Dvina, 750 m.
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Riga : la place du Dôme.
Un café, sur la place du Dôme, à côté de la cathédrale de Riga.

Histoire.
La fondation de Riga, due au troisième évêque de Livonie, Albert, remonte à l'année 1201. En 1206, la ville était déjà entourée d'un mur et, vingt ans après (1225), elle reçut divers privilèges et le droit d'élire ses magistrats. Une bulle d'Innocent III ordonna aux navires de toucher au nouveau port au lieu de s'arrêter sur d'autres points de la côte. Elle conserva ce privilège jusqu'en 1605. Entrée dans l'union hanséatique, Riga fut dotée des chartes de divers princes et souverains (grinces russes, roi de Suède, roi Rodolphe d'Allemagne, Philippe IV de France). Entre temps, la ville devint l'objet de litige entre les différents chevaliers féodaux. En 1298, le château épiscopal est pris d'assaut par le commandeur Berthold, trente-deux ans plus tard (1350), le magister (bourgmestre) Munheim s'empare de la ville et de ses remparts. 

Dans les premières années du XVIe siècle, le schisme fit son apparition dans la localité, et les habitants de Riga se convertirent au luthéranisme, malgré l'opposition de l'archevêché. Les autorités ecclésiastiques perdirent du même coup leur suprématie et l'administration fut remise aux mains des magistrats laïques. En 1564 , une partie de la Livonie, avec Riga, passa sous la domination des Polonais. Soixante ans après (1624), le roi Gustave-Adolphe s'empara, à son tour, de Riga que les Suédois gardèrent jusqu'à la capitulation du 30 juin 1710. C'est à cette époque qu'elle fut remise aux troupes russes commandées par Cheremetiev. La région fut érigée en lieutenance en 1781, et, quelques années après (1796), on gouvernement tiflandais, avec Riga comme chef-lieu.  (P. Lemosof).
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Riga : l'eglise Saint-Pierre.
Le clocher de l'église Saint-Pierre, à Riga.
Images : The World Factbook.

Bien que sous administration russe, l'élite sociale, économique et culturelle restait majoritairement composée de Germano-Baltes, héritiers de l'ordre teutonique et des privilèges de la Ligue Hanséatique. Le port de Riga était déjà un centre vital pour le commerce de l'Empire russe, exportant principalement du bois, du lin et du blé, et important des biens manufacturés d'Europe occidentale. La fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe furent marqués par une croissance constante de la ville, malgré des revers comme l'incendie des faubourgs en 1812 par les autorités russes pour empêcher l'avance des troupes napoléoniennes, un événement qui eut un impact visuel durable en ouvrant de nouvelles perspectives et en permettant une planification urbaine ultérieure.

Le XIXe siècle fut une période de transformation radicale pour Riga. La ville devint l'un des principaux centres industriels de l'Empire russe, attirant une main-d'œuvre considérable des campagnes lettonnes environnantes, ainsi que des Russes et des Juifs. Cette industrialisation rapide entraîna une explosion démographique et modifia profondément la composition ethnique et sociale de la ville. Si les Germano-Baltes conservaient une influence dominante dans l'économie et l'administration locale, la majorité de la population ouvrière et une classe moyenne émergente étaient lettones. C'est dans ce contexte que prit son essor le mouvement national letton (les Jeunes Lettons) dans la seconde moitié du siècle, qui commença à revendiquer une identité culturelle et politique propre face à la domination allemande et à l'influence russe grandissante. Riga devint le foyer de ce réveil national, avec la fondation de sociétés lettones, de journaux et le développement d'une vie culturelle propre.

La fin du XIXe et le début du XXe siècle représentent l'âge d'or de Riga en termes de prospérité économique et de développement urbain. La ville s'agrandit considérablement au-delà des remparts, qui furent démolis dans les années 1850 pour faire place à des boulevards et des parcs. Cette période vit l'érection d'un grand nombre de bâtiments somptueux, notamment dans le style Art Nouveau (Jugendstil), faisant de Riga l'une des capitales européennes les plus riches en architectures de ce style. Le port continua de se développer, la production industrielle (machines, caoutchouc, produits chimiques) atteignit des sommets, et Riga devint un pôle majeur du commerce et de l'industrie de l'Empire russe occidental. Cependant, cette croissance s'accompagna de fortes tensions sociales, notamment en raison des conditions de travail dans les usines. Riga fut un centre actif lors de la Révolution de 1905, avec d'importantes manifestations ouvrières et des troubles.

La Première Guerre mondiale marqua un tournant dramatique. Riga, située près de la ligne de front, subit d'importantes destructions, et de nombreuses usines furent évacuées vers l'intérieur de la Russie. La population diminua considérablement. Après l'effondrement de l'Empire russe et la fin de la guerre, la Lettonie déclara son indépendance le 18 novembre 1918, faisant de Riga sa capitale. S'ensuivit une Guerre d'Indépendance complexe (1918-1920) impliquant diverses forces (bolcheviques, Allemands, Armées blanches) avant que la jeune République de Lettonie ne parvienne à établir son contrôle sur son territoire, avec Riga comme centre névralgique du nouveau pays.

L'entre-deux-guerres fut une période de consolidation pour Riga en tant que capitale de la Lettonie indépendante. La ville se reconstruisit et s'adapta à son nouveau rôle administratif et culturel. Bien que son économie ne retrouvât pas tout à fait le dynamisme industriel de l'ère russe, le port resta important, et de nouvelles industries se développèrent. Riga devint un centre culturel letton florissant, abritant le Parlement (Saeima), l'Université de Lettonie et de nombreuses institutions culturelles. La composition ethnique évolua, les Lettons devenant clairement majoritaires, mais conservant d'importantes minorités russes, juives et allemandes. La vie politique, d'abord parlementaire, bascula vers un régime autoritaire en 1934 sous le Premier ministre KÄrlis Ulmanis.

La Seconde Guerre mondiale frappa Riga avec une brutalité inouïe. Suite au pacte Molotov-Ribbentrop, la Lettonie fut occupée par l'Union soviétique en juin 1940, entraînant des nationalisations, des arrestations et des déportations. L'occupation soviétique fut remplacée par l'occupation allemande en juillet 1941. Sous le régime nazi, la population juive de Riga, l'une des plus importantes des pays baltes, fut presque entièrement exterminée dans le ghetto de Riga et les camps de concentration environnants (comme Kaiserwald) (L'Holocauste). La ville subit des bombardements et des destructions supplémentaires. En 1944-1945, l'Armée rouge reprit le contrôle de Riga, marquant le début d'une nouvelle et longue période d'occupation soviétique, qui dura jusqu'en 1991.

Sous la domination soviétique, Riga devint la capitale de la République Socialiste Soviétique de Lettonie. L'économie fut réorientée vers l'industrie lourde intégrée au plan quinquennal soviétique. La ville connut un nouvel afflux massif d'immigrants, principalement russophones, provenant d'autres républiques soviétiques, dans le cadre d'une politique de russification et de besoin de main-d'oeuvre industrielle. Cette immigration changea radicalement la démographie de Riga, diluant la proportion de Lettons. Le centre historique fut parfois négligé au profit de grands ensembles résidentiels de style soviétique en périphérie. La vie culturelle fut étroitement contrôlée par le Parti communiste, bien que des formes de résistance culturelle et nationale persistassent.

La fin des années 1980, avec la Perestroïka et la Glasnost, vit l'émergence du Front Populaire de Lettonie, un large mouvement pour l'indépendance qui gagna rapidement le soutien populaire. Riga fut le théâtre de manifestations massives, dont la participation lettone à la Voie Baltique en 1989, une chaîne humaine reliant les capitales des trois États baltes pour réclamer la liberté. Le 4 mai 1990, le Soviet suprême de la RSS de Lettonie déclara la restauration de l'indépendance, malgré l'opposition de Moscou. Début 1991, Riga fut le théâtre de confrontations violentes entre les forces soviétiques (OMON) et les défenseurs de l'indépendance, notamment autour des bâtiments stratégiques (les "Barricades").

Après l'échec du coup d'État à Moscou en août 1991, la Lettonie rétablit pleinement son indépendance, et Riga redevint la capitale d'un État souverain. Les années post-soviétiques furent marquées par une transition difficile vers l'économie de marché, des défis sociaux et la question de l'intégration des populations russophones non citoyennes. Riga s'ouvrit à l'Europe occidentale, rejoignant l'OTAN et l'Union européenne en 2004, et adoptant l'euro en 2014. Le centre historique, reconnu comme site du patrimoine mondial de l'Unesco pour son architecture Art Nouveau et sa ville médiévale, a fait l'objet d'importants efforts de restauration et est devenu une attraction touristique majeure.

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Dictionnaire Villes et monuments
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