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Les Nâgas

Les Nâgas sont des êtres mythiques, moitié hommes et moitié serpents, qui, d'après la légende hindouiste, seraient les fils de Kadrou, l'une des femmes de Kaçyapa : ils sont censés habiter le monde souterrain ou Pâtâla, qu'on appelle encore de leur nom Nâga-loka ou monde des serpents.

Ils sont au nombre de mille; l'un d'eux, le Nâga Çecha, sert de couche à Vishnou et l'abrite sous le dais de ses multiples têtes: quand il déroule ses anneaux, c'est la cause des tremblements de terre : un autre, Vàsouki, fut la corde qui permit aux dieux et aux Asouras de baratter l'Océan de lait. Garouda, le roi des oiseaux, est leur ennemi naturel. 
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Laos : Nagas, à Louangphrabang
Nâgas sculptés, à Louangphrabang, l'ancienne capitale du Laos. Source : The World Factbook.

Ils apparaissent également dans la légende bouddhique : dans une de ses existences passées, le Bouddha, sous le nom de Jimoûtavâhana, se sacrifie à Garouda pour sauver la vie d'un Nâga : la légende est contée dans plusieurs recueils de contes et a fourni le sujet du Nâgânanda ou Joie des serpents, drame sanscrit, attribué au roi Harsha de Kanauj (VIIe siècle). 

Au cours de sa dernière vie, le Bouddha a souvent affaire à eux : le Nâga Moutchalinda l'abrite contre les tempêtes soulevées par le démon; il dompte le Nâga des Kâçyapas ; il en convertit un grand nombre d'autres, et à sa mort ils se montrent jaloux de posséder une part des reliques du maître. 

Sur les anciens monuments bouddhiques, les Nâgas sont représentés sous la forme de serpents cobras, mais à cinq têtes : c'est la forme que l'art leur attribue encore aujourd'hui. 

L'art gréco-bouddhique donne aux Nâgas et à leurs femelles, les Nâgis, la forme humaine, mais toujours il laisse se replier derrière leur cou la tête de serpent à large crête qui symbolise leur espèce. 

Des groupes dont on avait voulu faire des « Ganymède à l'aigle » représentent ainsi Garouda enlevant des Nâgas ou Nâgis. D'autres fois les artistes indo-grecs ne nous les montrent qu'à mi-corps : les jambes se perdent dans l'eau ou derrière la balustrade d'un bassin. Ces détails précisent leur caractère de demi-divinités aussi bien aquatiques que souterraines, telles que l'imagination populaire se les représente encore au Cachemire.

Ce sont les génies des eaux et aussi des orages : ce sont eux qui habitent les fontaines, qui emportent les moissons dans un tourbillon de grêle, qui an passage des fleuves ou des lacs font chavirer les bateaux pour s'emparer des cargaisons qui les tentent. Ils peuvent prendre la forme humaine, et parfois leurs femmes épousent des mortels ; elles sont belles, mais leur tête de serpent reparait la nuit pendant leur sommeil, etc. D'ailleurs le culte des Nâgas, méprisé des brahmanes, subsiste un peu partout  en Inde, chez les femmes et les gens des basses castes : peut-être est-il la survivance d'un ancien culte des serpents auquel les tribus actuelles des Nâgas devraient encore le nom qu'elles portent. (A. Foucher).

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Dictionnaire Religions, mythes, symboles
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