| Les dieux sont souvent nommés Souras ou lumineux chez les Hindous; le mot contraire est Asouras ou ténébreux. Les Asouras sont en effet les ennemis des dieux, auxquels ils font une guerre perpétuelle. Ils surpassent de beaucoup en nombre les divinités de la lumière, dont on ne compte pas moins de trois cent millions, car ils sont eux-mêmes au nombre de huit cent millions. Les uns et les autres sont sujets aux blessures et à la mort dans les combats qu'ils se livrent, mais fort heureusement leurs Gourous et leurs Atcharyas (directeurs spirituels) ont toujours à leur disposition un baume souverain qui les rend à la santé et à la vie. L'origine des Asouras rappelle assez la chute des mauvais anges dans le système chrétien. Dans l'origine des choses, les intelligences célestes vivaient au sein d'une félicité sans bornes, soumises aux grandes divinités qui composent la trimourti indienne. Mais une partie de ces esprits supportant impatiemment cette domination divine, céda aux suggestions de Mahachasoura, leur chef, leva l'étendard de la révolte et voulut s'emparer du gouvernement de l'univers. Le dieu suprême députa vers les révoltés ses trois émanations directes, Brahma, Vishnou et Shiva, qui, prenant les voies de la douceur, firent d'inutiles efforts pour faire rentrer les Asouras dans leur devoir. Alors il investit Shiva de sa toute-puissance, et lui ordonna de chasser du ciel ces impies et de les précipiter dans l'abîme. Indra marcha contre eux à la tête des divinités restées fidèles; mais après une lutte de cent ans, les Souras furent vaincus par Mahachasoura transformé en taureau, et expulsés eux-mêmes des demeures célestes. Vishnou et Shiva exhalèrent alors de leur bouche un rayon de flamme qui se convertit aussitôt en une déesse d'une incomparable beauté; c'était Bhavani ou Dourgâ. Montée sur un tigre, et ses quatre bras armés d'un glaive, d'une lance, d'un serpent et d'un cric, elle marcha contre Mahachasoura, le combattit sous toutes les formes qu'il revêtit pour échapper à son courroux, et enfin lui écrasant la tête sous ses pieds, elle la lui trancha d'un coup de son glaive. Mais du tronc mutilé du taureau sort un corps humain armé d'un sabre et d'un bouclier, prêt à recommencer la lutte, quand la déesse lui jette son serpent autour du cou, le terrasse, et lui perçant le coeur de sa lance, met le sceau à la défaite des Asouras. Ceux-ci furent condamnés à des supplices éternels : toutefois ils peuvent espérer être un jour réintégrés à leur place primitive, s'ils profitent des modes d'expiation que Dieu leur a préparés dans quinze mondes différents, qui sont les sept patalas ou enfers situés au-dessous de la terre, et les sept Swargas, ou cieux au-dessus de notre univers, et qui forment avec la terre les quinze mondes d'expiation. Ces expiations doivent parcourir toute la durée des quatre âges, c'est-à-dire 4,320,000 ans. On confond les Asouras avec les Dânavas, les Râkchasas, les démons et les géants. (A19). | |