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Le mot dogmatique
a remplacé depuis le XVIIe siècle
les anciennes expressions de Lieux théologiques et de Théologie
positive ou thétique, et par lequel on entend l'ensemble des dogmes
adoptés soit dans l'Église romaine
ou grecque, soit dans les Églises protestantes, et systématiquement
disposés à l'aide des ressources de la science. La Dogmatique
de l'Église catholique romaine s'appuie
sur les décrets du concile de Trente,
et celle de l'Église grecque, qui en diffère très
peu, sur la Confession de la foi orthodoxe de 1643 : elle embrasse, par
conséquent, tous les dogmes professés par l'Église
depuis la rédaction de l'Apocalypse jusqu'au XVIe
siècle, aussi bien que ceux qui sont formellement enseignés
dans la Bible.
La Dogmatique protestante, au contraire, est exclusivement biblique, et
rejette tout ce que ne contient pas l'Écriture sainte.
Le premier essai de Dogmatique, c.-à-d.
d'exposition complète des dogmes-chrétiens,
appartient à Origène (Ille
siècle), dans un ouvrage intitulé De principiis, dont
la plus grande partie n'existe plus. Sans procéder avec autant d'ordre,
St Augustin a traité aussi tout le système
ecclésiastique dans trois traités, De doctrina christiana,
De fide ac symbolo, et Enchiridion ad Laurentium. Les ouvrages
de Gennadius (De dogmatibus ecclesiasticis), de l'évêque
africain Junilius (De partibus divinae logis), et d'Isidore de Séville
(Sententiae, seu de summo bono), ne sont guère que des recueils
de sentences. Au VIIIe siècle, Jean
Damascène donna une exposition plus systématique des
doctrines de L'Église grecque, et son ouvrage est divisé
en trois parties, qui traitent de la philosophie, des Hérésies
et de la Foi orthodoxe.
A partir du XIe
siècle, et pendant toute la Scolastique,
la Dogmatique prit les formes aristotéliques : tel est le caractère
qu'elle présente dans Hildebert de Tours,
Abélard, Pierre
Lombard, Albert le Grand, Alexandre
de Hales, St Thomas d'Aquin,
Duns Scot, Occam, etc.
Lors de la Réformation du XVIe siècle,
les théologiens protestants, secouant le joug d'Aristote
et de ses formules, remontèrent aux sources pures de la Bible;
Mélanchthon, dans ses Loci communes
rerum theologicarum (Wittemberg, 1521), donna l'exemple de prendre
ce livre pour base unique de la Dogmatique. La méthode aristotélicienne
et scolastique reparut néanmoins au XVIIe
siècle dans les ouvrages de Hutter, de Calov, de Quenstedt, de Beier,
de Wendelin, de Voetius, d'Heidegger, etc.;
mais la Dogmatique biblique triompha de nouveau au XVIIIe
avec Semler, Spener, Michaëlis, Teller, Ernesti, Munscher, Reck, Heilmann,
Mosheim. Au XIXe siècle, les dogmatistes
réformés ont été fort nombreux : nous citerons
Seiler, Storr, Reinhard, Doederlein, Staeudlin, Cramer, Hencke, Ammon,Schleiermacher,
Daub, Peter Lange, Strauss, etc. L'Allemagne
catholique leur oppose Immer, Oberthur, Dobmayer, Brenner, Hermes, Liebermann,
etc. (A19). |
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