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Kolkata (Calcutta)
Kolkata ou Calcutta est une grande ville de l'Inde, capitale de l'Etat du Bengale occidental, sur la rive gauche de l'Hooghly (Hûghlî), un des bras du Gange, à 120 km au Nord du golfe du Bengale. Population : 5 millions habitants (2010); 15 millions si on considère toute l'agglomération. Elle occupe l'emplacement de plusieurs villages anciens et doit son nom à l'un d'eux, Caly-Cutta ou Kalikota, mentionné en 1596 dans les registres d'impôt dressés par l'ordre d'Akbar. Caly ou Kali rappelle le culte de la femme de Shiva, la déesse sanguinaire à laquelle les habitants de l'endroit avaient dédié leur temple. Les marins et les étrangers transformèrent cette appellation en celle de Galgotha par allusion à l'effrayante mortalité de la ville que des marais entouraient de toutes parts, puis Calcutta.

La saison pluvieuse commence ordinairement à Kolkata vers le 15 juin et finit vers le 25 octobre; la température la plus agréable est d'octobre en mars; à partir de ce dernier mois les chaleurs sont excessives; le thermomètre monte quelquefois à 38° C. et le minimum de la chaleur en décembre est à 17° C.

Autrefois, le contraste que présentaient dans Kolkata la ville des palais et la « ville de boue » était des plus attristants; les quartiers du nord et de l'est étaient un dédale de ruelles et d'impasses; de larges rues, ouvertes dès le XIXe siècle à travers la ville noire, y font pénétrer l'air et la lumière; quelques élégantes maisons s'y élèvent.

Malgré l'orgueil avec lequel Kolkata étale ses édifices européens, que s'étonne de porter le vieux sol de l'Inde, l'ancienne capitale de l'Inde anglaise n'a jamais pu devenir la capitale des Hindous. Il lui manqua toujours, pour le devenir, le prestige des traditions et la poésie des grands souvenirs de la religion et de l'histoire (V. ce que nous avons dit à ce sujet à l'article Varanasi (Bénarès).
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Kolkata : Tata building et statue d'Indira Gandhi.
Deux visages de Kolkata : ci-dessus, la statue d'Indira Gandhi, ancienne Premier ministre
de l'Inde, devant la tour Tata, symbole de la puissance industrielle montante du pays.
Ci dessous, une rue du quartier populaire d'Alipore, au Sud de la ville.
Kolkata : rue d'Alopore.

Monuments, jardins.
De l'époque coloniale, Kolckata conserve quelques monuments, principalement autour du BBD Bagh (anc. Dalhousie Square), considéré comme le centre de la ville. Le milieu de la place est occupé par un bassin quadrangulaire. Au Nord, est situé le Writers' Building, occupé autrefois par les gratte-papier de l'administration du Bengale oriental. Non loin de là se trouve  la poste avec son grand dôme, sur l'emplacement du premier Fort William. Plus au Nord encore sont le Marble Palace, édifié en 1835, et la maison, transformée en musée, où vécut Rabindranath Tagore (1861 - 1941), le plus célèbre poète de l'Inde moderne.
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BBD Bagh : le Writer's building et la Boste centrale.
Autour du BBD Bagh (à gauche, le dôme de la Poste; à droite et en médaillon, le Writer's building).
Ci-dessous : une rue du quartier de Sudder street.
Kolkata  : Marquis street.

Autour de Jawaharlal road (anc. Chowringhee road), le quartier des hôtels bon marché (autour de Sudder street) et des bazars, on trouve de nombreuses échoppes, rangées en longues lignes parallèles, étalent leurs marchandises pour tenter les promeneurs; on aperçoit sous les vitrines les diamants d'Hyder-Abad, les rubis du Bengale et les perles de Sri lanka. Puis ce sont des armes admirables; des fourreaux de vermeil, des poignées d'argent sur lesquelles scintillent des pierreries. Plus loin, ce sont les étoffes rutilantes, la soie et l'or tissés ensemble, les brocarts métalliques éblouissants comme l'éclair et, plus précieuses encore, les molles toisons de cachemire. 

Le Musée indien de Kolkata, le plus grand de l'Inde, renferme une collection complète des roches et des fossiles de l'Inde et notamment les curieux débris de la faune tertiaire recueillis dans les assises du Siwalik. On y découvre également un panorama de l'histoire de l'Inde.
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Kolkata : Maidan.
Le Maidan et ses joueurs de cricket.

Le Maidan est le plus grand parc de la ville. C'est une vaste esplanade qui servait autrefois de champ de manoeuvre aux soldats cantonnés dans le Fort William. On peut encore y voir quelques-une de ces constructions somptueuses à colonnades et à frontons qui ont valu jadis à Kolkata son nom de cité des Palais.

Au sud du Maidan se trouve le Victoria Memorial Hall, construit entre 1906 et 1921 en l'honneur de Victoria, reine d'Angleterre et impératrice des Indes. Ce monument grandiose, en marbre blanc construit dans un style hybride anglo-moghol plus ou moins inspiré de la cathédrale Saint-Paul de Londres, est un vrai symbole de l'ère victorienne en Inde. A l'est de ce monument, s'élève la cathédrale anglicane Saint-Paul, qui date de 1847.
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Kolkata : Victoria Memorial.
Le Victoria Memorial et, ci-dessous, la cathédrale Saint-Paul.
Kolkata  : cathédrale Saint Paul.

Parmi les autres parcs de Kolkata se trouve un jardin zoologique, dont le domaine occupe un espace de plus de 2 km le long de la rive gauche, en aval de la cité. Le South park Cemetery, avec ses tombes et mausolées datant de l'époque colonniale, constitue lui aussi une enclave verte, étonnament calme au milieu de la frénésie urbaine.

Au Sud du Maidan, dans le quartier populaire de Kalighat, se trouve le Temple de Kali, construit en 1809. Le sanctuaire de la déesse, très restauré, est surmonté de deux toitures en forme de baldaquin. Depuis 1952, une annexe de cet édifice a été mise à la disposition des Missionnaires de la Charité de Mère Teresa (1910-1997), où celle-ci installa le mouroir de Nirmal Hriday.
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Kolkata : temple de Kali.
Le temple de Kali, ci-dessous, le mouroir de Nirmal Hriday. 
Kolkata  : Nirmal Hriday, à Kalighat.

Autour de Kolkata.
A l'Ouest, sur la rive droite du fleuve, s'est fondée une autre ville, celle de Haowrah, avec sa grande gare (un "monde en soi"), et habitée surtout par des marins, des industriels, des artisans de toute espèce. Deux ponts réunissent les deux cités  : le pont de Haowrah, construit en 1943 et au pied duquel se trouve un marché aux fleurs, et le pont de Vidyasagar Setu, inauguré en 1992.

Au Sud d'Haowrah s'étend le jardin botanique, fondé en 1786, embrassant un espace de 109 hectares : malgré les ravages accomplis par les cyclones, on y voit encore quelques merveilles du monde végétal, entre autres un baobab sénégalais dont la circonférence dépasse 15 m ou encore un des plus grands Banyan (ficus indica) du monde (haut de 26 m, il possède plus de 600 racines, et couvre une superficie de 7 500 m²). 

En aval de Kolkata, jusqu'à la mer, il n'y a plus de villes, mais seulement des villages à demi cachés par la verdure, des forts, des tours de signaux, des phares et des bouées. Si les villages en aval de Kolkata n'ont qu'une faible population, ceux, au contraire, situés au Nord de la ville, dans les plaines salubres et fertiles, contiennent une population nombreuse et sont entourés de charmantes villas dont les jardins ont pour clôture des haies d'aloès et de sapins. 

Outre ces villages, on distingue la ville de Barrackpore (Barachpour), où se trouvait le palais d'été du vice-roi, sur le bord du fleuve, en face, reliée par ferry, la jolie petite ville de Serampore (Sérampur); le parc de ce palais est surtout remarquable par une ménagerie où l'on voit plusieurs tigres. 
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Kolkata  : rivière à Kalighat.
Pont de barques sur la rivière de Kali (Kalighat). Photos : © Serge Jodra, 2011.

Histoire de la ville.
La possession du sol mouvant sur lequel s'établirent les marchands de la compagnie des Indes Anglaises ne leur fut pas abandonnée sans lutte. En 1689, Charnock, agent de cette compagnie dans le Bengale, obtint d'Aureng-Zeyb la permission d'établir un comptoir sur la rivière Hooghly, le bras le plus occidental du Gange. Il choisit le village de Caly-Cutta, quoi qu'il fût éloigné de la mer de 120 km et que ce lieu fût un des plus malsains du Bengale. 

En 1696, une révolte ayant eu lieu au Bengale, les Anglais en profitèrent pour demander et obtenir l'autorisation de fortifier leur factorerie, et ils bâtirent l'ancien fort Williams. Peu  après, le petit-fils d'Aurengzeb leur ayant cédé trois villages voisins, l'établissement de la colonie anglaise prit une grande importance.

En 1756, le nabab du Bengale, Saradj-oud-Daoula, mit le siège devant la citadelle de Fort-William et s'en empara; les prisonniers européens, au nombre de cent quarante-six, furent enfermés dans une étroite chambre, le fameux « trou noir » (Black Hole des annalistes anglais, et le lendemain, quand le cachot fut ouvert, il n'y restait plus que trente-trois individus en vie; les autres, manquant d'air et d'espace, avaient été étouffés ou écrasés. 
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Trou noir de Calcutta.
Le « trou noir » de Calcutta.

L'année suivante, une flotte, venue de Madras (Chennai), vengea ce crime. Clive et Wilson reprirent Kolkata, remportèrent la victoire décisive de Plassey, nommèrent un nouveau nabab et lui dictèrent un traité par lequel ils obtenaient droit de souveraineté sur le sol de Kolkata. 

A l'époque de la domination anglaise, Kolkata était le siège du vice-roi ou gouverneur général de l'Inde, de la cour suprême de justice, d'une cour provinciale d'appel, d'un évêché anglican métropolitain des Indes, d'un vicariat général à l'évêché catholique de Madras, d'un séminaire théologique protestant, d'une Université musulmane, fondée en 1781, avec un cours de médecine, d'un collège sanscrit-hindou, d'un collège anglo- indien appelé Vidalarja et de nombreuses écoles élémentaires.

De cette époque date la cité moderne. Kolkata a pris par la suite de prodigieux développements, a vu ses environs assainis par de gigantesques travaux, et est devenue une des villes les plus importantes de l'Asie. (Meyners d'Estrey).


Sylvain Savolainen et Jean-Claude Carrière, Calcutta, Infolio, 2009.

Dominique Lapierre, La Cité de la joie, Robert laffont, 1992.

Sarnath Banerjee, Calcutta, Editions Denoël, 2007. - Calcutta, XVIIIe siècle. La seconde capitale de l'Empire bruit de scandales. Abravanel Ben Obadiah Ben Aharon Kabariti, Juif de Syrie et négociant en frivolités, aphrodisiaques, zèbres, côtoie les officiers coloniaux et les élites locales, dont il consigne chaque nuit les écarts de conduite dans un journal relié plein cuir intitulé Les Tribulations du Chat-Huant. Paris, années 50. Un exemplaire de ce très rare ouvrage refait surface dans une brocante de Montmartre. Londres, 2002. Tard le soir, un téléphone sonne dans l'East End. Pablo, un jeune Indien, apprend la mort de son grand-père, qui lui lègue un poste de radio, une moto vintage et son exemplaire des précieuses Tribulations du Chat-Huant. La suite est une chaîne d'évènements bizarres impliquant des Babus excentriques, un aristocrate obsédé par les footballeuses, l'inventeur de la cartographie psychique, un building de bureaux hanté, et au centre de tout, Digital Dutta, voyageur immobile et gardien de mille secrets. Un étourdissant tourbillon d'époques, de faits et de révélations, destiné à mettre à nu les rouages subtils du Raj britannique et d'une ville-monde, Calcutta, dont aucune littérature n'a épuisé les charmes ni les mystères. 

Mère Teresa de Calcutta, De la souffrance à la joie, Cerf , 2010.
2204093386
Soeur Marie, Tout à commencé à Calcutta : Dans les pas de Mère Teresa, Bayard Centurion, 2010.
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Le récit de soeur Marie, première Française à avoir rejoint Calcutta voilà 45 ans pour devenir Missionnaire de la Charité, révèle une Mère Teresa au quotidien, inconnue du grand public. Plus proche, plus humble, plus tendre qu'on ne l'imagine. Sans idôlatrie, avec des anecdotes émouvantes, ce texte dit simplement l'extraordinaire spiritualité de la " sainte de Calcutta ". Un reportage photo revient sur les lieux où son oeuvre a pris racines : le premier bidonville, la première école, les foyers créés pour les mourants, les lépreux, les enfants abandonnés... dévoilant le lien unique qu'établissent les Missionnaires de la Charité avec les plus pauvres des pauvres. (couv.).

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Dictionnaire Villes et monuments
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