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Les
sources de l'histoire du Népal
(ou Népâl) sont, outre les chroniques locales (vamsâvalis
ou généalogies), les renseignements fournis par les colophons
des anciens manuscrits et les nombreuses inscriptions trouvées dans
le pays. Parmi ces dernières, quelques-unes des plus anciennes,
non seulement du Népal mais de l'Inde ,
ont été excavées par le A. Fuhrer dans le Téraï
népalais où elles marquent la place de Kapilavastou, la ville
natale du Bouddha : elles datent du commencement
du IIIe
siècle avant notre ère.
Nous passons sur les légendes qui font fonder par Ne-Muni la première
dynastie du Népal, etc. Au IVe
siècle de notre ère, Chandragupta
épousa Kumâradevi, la fille d'un roi du Népal, qui
appartenait à la Sûryavamsi ou dynastie solaire. Au commencement
du VIIe
siècle, le roi Amçuvarman,
dont en 637 ap. J.-C.
le pèlerin chinois Hiouen-Tsang nous
parle avec éloge comme d'un roi récent, fonde la dynastie
Thâkouri à côté de celle des Licchavis et donne
sa fille en mariage au roi tibétain
Srong-tsan-Gampo. Son petit-fils Narendradeva est rétabli sur le
trône par les armes des Tibétains et devient leur vassal.
Suivent des listes de rois sans grand intérêt.
Le Népal est
le seul pays du subcontinent indien que les Musulmans
ne conquirent jamais, et c'est encore de lui, en raison de son caractère
inviolable, que beaucoup d'Indiens attendirent,
à l'époque de la colonisation anglaise, le libérateur
futur. Nombre d'Hindous
rajpoutes s'y réfugièrent en revanche devant les invasions
musulmanes, au commencement du XIVe
siècle et s'y taillèrent
de petites principautés à côte des nombreux petits
royaumes bouddhistes du pays. Mais ce n'est guère que quatre siècles
plus tard que les Gurkhas (Gourkhas ou Gorkhas), qui
se donnaient pour les descendants de ces Rajpoutes, commencèrent
à prendre une grande influence. Nawâb Mir Kasim du Bengale
essaya d'intervenir au Népal, mais sans succès. En 1768,
un raja gurkha de la maison des Sahi, Prithivî-Nârâyan
(Prithvi Narayan Shah) réunit les principautés
de Bhatgaon (Bakhtapur) et de Lalitpour (Patan) à celle de Kâtmândou
(Kathmandu) où il établit sa capitale. La royauté
est ensuite depuis héréditaire dans sa famille. L'établissement
de ce royaume hindou aux dépens de leurs clients bouddhiques
émut les Chinois et ils envahirent
le Népal en 1792.
En vain le râja Gurkha Ran Bahaour appela-t-il les Anglais
à son aide et conclut-il avec eux un traité de commerce:
avant l'arrivée de ses alliés il dut, pour faire la paix,
se reconnaître vassal de la Chine à laquelle le Népal
paya alors un tribut quinquennal.
Débarrassés
des Chinois, les Gurkhas eurent vite fait
de régner en maîtres du Kangra au Sikkhim : leur assurance
s'en accrut, et leurs relations avec les Anglais
s'en ressentirent. En 1813,
sous le gouvernement du marquis de Hastings, ils s'enhardirent même
à occuper deux villages du Bengale. En dépit de la résistance
d'Amar Simha Thappa, le général Ochterlony marcha sur Kâtmândou
et les força à demander la paix. Les Anglais s'emparèrent
du Kumaon et du Garhrwal et proclamèrent leur protectorat sur le
Sikkhim, isolant ainsi le Népal du reste de l'Inde
(1815).
A l'issue de cette guerre anglo-népalaise, un traité est
signé qui définit les frontières du pays, et qu'il
a conservées jusqu'à ce jour. Un résident anglais
fut définitivement installé à Kâtmândou
: ce sont les fonctions où allait s'illustrer B.-H. Hodgson, qui
a rendu tant de services aux études bouddhiques .
C'est également à partir de cette époque que, dans
l'oligarchie militaire des Gurkhas, le pouvoir royal fut tempéré
par celui des premiers ministres, et l'histoire occupée par les
sanglantes rivalités des deux factions Thappa et Panre. La charge
de ces ministres, appelés Rana, devint héréditaire
en 1846.
Le premier de ces Ranas, et l'un des plus singuliers, fut le fameux ministre
« Sir Jang Bahadour » qui, ayant établi sa fortune,
par le meurtre de son oncle et de tous ses adversaires, visita l'Angleterre
en 1850
et jeta le Népal dans la voie des réformes. En 1854,
il dirigea contre le Tibet
une guerre victorieuse, resta fidèle à la cause anglaise
lors de la grande rébellion de 1857;
et mourut chamarré d'ordres anglais en 1878.
Le XXe
siècle.
Les Rana ont conduit une politique d'isolement
et de fermeture du Népal, tout en ménageant leurs relations
avec l'Empire britannique .
Il fournissent des troupes à l'Armée des Indes - le régiment
des Gurkhas existe d'ailleurs toujours au sein des forces armées
du Royaume-Uni. En 1923, Londres accepte
de signer un traité dans lequel la souveraineté du Népal
était reconnue. Rien ne changera véritablement jusqu'à
l'indépendance de l'Inde, en 1947.
Le nouveau gouvernement indien de Nehru commence alors à redouter
une alliance du régime des Rana avec la Chine
et soutient l'opposition népalaise regroupée autour du roi.
En 1951, le régime des Rana
est renversé et le monarque, le roi Tribhuwan,
est rétabli dans ses pleines fonctions, à la tête d'une
ébauche de gouvernement démocratique. L'isolement diplomatique
du pays cesse, et ce tournant est marqué symboliquement par l'adhésion
du Népal à l'ONU en 1955,
qui est aussi l'année de l'accession au trône du roi Mahendra.
Une constitution démocratique est adoptée quatre ans plus
tard, mais en décembre 1960,
après que le Parti du Congrès népalais (NCP), soutenu
par l'Inde ,
ait remporté les élections, Mahendra suspend le Parlement
et impose une monarchie absolue. Une nouvelle constitution, adoptée
en 1962, instaure le régime
des panchayat, une forme de parlementarisme à parti unique
et qui assure le pouvoir réel au seul souverain.
Mahendra meurt en 1972
sans avoir rempli les promesses de modernisation du pays qu'il avait faites
pour justifier l'autoritarisme de son gouvernement. Il est remplacé
par le roi Birendra, qui, dans un premier temps conduit une politique similaire
à celle de son prédécesseur. Mais la montée
des oppositions l'obligent à organiser un référendum
constitutionnel en 1979, qui, par une
faible majorité, permet la reconduction du système des panchayat.
Bien sûr, l'opposition ne désarme pas, mais très divisée
du fait de ses allégeances diverses aux grandes puissances voisines
(URSS ,
Chine ,
Inde ),
elle ne tarde à imposer ses vues. C'est seulement en 1990,
qu'elle parvient, sous la conduite du Parti du Congrès, et au prix
de manifestations de rues réprimées dans le sang, à
faire accepter au roi le retour au multi-partisme. Le NCP remporte les
élections organisées l'année suivante. Mais en 1994,
un vote de défiance au Parlement renverse le gouvernement et les
nouvelles élections donnent la victoire au Parti communiste. Un
gouvernement communiste (modéré) est mis en place, mais il
sera dissout dès 1995, année
qui inaugure une période de chaos. Une faction extrémiste,
d'obédience maoïste, du Parti communiste lance alors une rébellion
armée, qui fera de très nombreuses victimes, en même
temps que l'instabilité gouvernementale s'installe.
Et maintenant...
En juin 2001,
le prince héritier, Dipendra, assassine, dans un contexte qui reste
confus, le roi Birendra et neuf autres membres de sa famille, avant de
se suicider. Le Prince Gyanendra monte alors sur le trône. Le mois
suivant, la guérilla maoïste intensifie son action, profitant
de la montée du mécontentement de la population. Après
quatre mois de négociations avec le régime, les pourparlers
échouent en novembre 2001. La
violence reprend; l'état d'urgence est proclamé. Gyanendra
demande à son armée l'écrasement des rebelles. Un
cessez-le feu est finalement accepté en janvier 2003.
Il ne dure que jusqu'en août, au moment où l'opposition qui
s'exprime dans les rues n'est plus seulement le fait des maoïste mais
aussi d'une partie de la société civile. Des heurts opposent
la police aux étudiants qui manifestent dans la rue. En janvier
2005,
Gyanendra démet son premier ministre du moment et se donne les pleins-pouvoirs.
Sous l'effet des protestations internationales, l'état d'urgence
est levé en août, et, en novembre, le dialogue avec les principaux
partis d'opposition, s'engage dans le but de restaurer la démocratie.
Mais il faut encore attendre avril 2006
pour qu'à la suite de nouvelles grèves et émeutes,
le Parlement soit rétabli. Celui-ci, réduit aussitôt
les pouvoirs du roi, dont le départ était demandé,
mais dont on a fini par juger qu'il devait rester comme symbole de l'État.
En novembre 2006, un accord est enfin
trouvé entre le gouvernement et la guérilla maoïste,
qui accepte de déposer les armes, contre une participation au gouvernement. |
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