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Psaumes. - Nom sous lequel on désigne spécialement les chants religieux et nationaux des Juifs, contenus dans l'Ancien Testament. Les psaumes, très généralement dits les Psaumes de David, d'après le nom inscrit en tête d'un grand nombre de ces pièces, sont un recueil de 150 chants ou hymnes d'étendue généralement assez courte, que les Juifs ont considérés comme un livre de cantiques à l'usage du culte, voie où ils ont été suivis par les différentes Eglises chrétiennes, notamment par le protestantisme. Les collecteurs du canon des livres sacrés du judaïsme les ont tenus en assez haute estime pour les placer en tête de la troisième section dite des hagiographes. On doit s'étonner, et, les générations futures ne manqueront pas de le faire, que ce recueil qui, dans l'ensemble, est d'une interprétation et d'une intelligence aisée, ait donné lieu à des appréciations très, inexactes, aboutissant à de violentes controverses. En faut-il imputer la faute au classement très défectueux de cette collection? Ne convient-il pas de la faire retomber davantage sur de détestables procédés d'exégèse? Comment des hommes instruits ont-ils pu pousser l'étroitesse et le parti pris jusqu'à s'imaginer que les Psaumes perdraient de leur valeur s'il était établi qu'ils fussent l'oeuvre de poètes inconnus ayant vécu plusieurs siècles après David? Comment se sont-ils obstinés à maintenir une interprétation messianique, qui transformerait les effusions lyriques des poètes hébreux en une prédiction du christianisme? Il est permis aujourd'hui de parler de ces prétentions comme d'aberrations et dont on doit débarrasser le chemin de la recherche indépendante. Il semble, d'après la division du recueil en cinq livres (I à XLI, XLII, à LXXII, LXXIII à LXXXIX, XC à CVI, CVII à CL) que les collecteurs aient procédé successivement en enrichissant un premier recueil par des additions ; mais la raison de leur classement nous échappe, les morceaux ne se présentant point dans l'ordre que semblerait recommander leur contenu, et leur examen ne favorisant pas non plus la pensée que les différents recueils se conforment à l'ordre chronologique de la venue au jour des hymnes admis au recueil sacré. Ce classement, qui n'est ni chronologique ni établi selon l'ordre des matières, laisse beaucoup à désirer. C'est le moment de dire également que les divisions traditionnellement adoptées prêtent le flanc à la critique, soit qu'on se trouve en présence de fragments, réunis sous un même numéro, soit que deux numéros aient été appliqués à une seule et même poésie, arbitrairement coupée en deux tronçons. Le classement de l'hébreu n'est pas celui qui a été adopté par les Septante et, après eux, par la Vulgate. Le texte lui-même laisse beaucoup à désirer. On est constamment arrêté par des leçons visiblement erronées et que l'on ne peut corriger que par conjecture; dans certains cas, grâce à la reproduction du même morceau en deux endroits, on constate, non sans quelque inquiétude, la présence de nombreuses variantes, que la négligence la plus regrettable peut seule expliquer. En somme, le texte original des Psaumes, c. à-d. le texte hébreu de ce recueil, nous est parvenu dans de très médiocres conditions. Si on lit l'excellente et récente traduction des Psaumes, publiée sous la direction de Kantzsch en allemand, on verra que le traducteur a dû, à mainte reprise, signaler le texte comme réfractaire à une interprétation qu'approuveraient le lexique et la grammaire. Si l'on entreprend de classer les Psaumes selon leur contenu, voici le petit nombre de thèmes auquel ils se rapportent presque tous : 1 ° Un juste, indignement persécuté, exhale ses douleurs, rend compte de ses souffrances, nais attend de la divinité une éclatante revanche;En somme, les auteurs des Psaumes se meuvent dans un cercle très déterminé. Leur point de départ est le contrat conclu entre Yahveh et Israël; mais ils se préoccupent moins d'en affirmer la valeur et l'application au point de vue national qu'au point de vue individuel. C'est le fidèle qui implore la protection divine, mais un fidèle qui a la conscience de faire partie lui-même d'un corps de nation dont le passé s'explique par son attitude envers la divinité, qui a eu tout à redouter de ses défaillances religieuses, qui a tout à espérer de sa constance dans l'observation de la loi divine. Que vient faire ici le nom de David et pourquoi le lit-on en tête d'un très grand nombre de morceaux de ce recueil, souvent avec ce détail que telle pièce a vu le jour dans telle circonstance donnée? Il y a à cela plusieurs raisons. La première, c'est que David a passé auprès des générations contemporaines de Néhémie ou postérieures à sa réforme, comme l'organisateur et le père du chant sacré. En second lieu, la personne de David, singulièrement modifiée, comme transfigurée au travers des siècles, semblait le type éloquent et significatif des vicissitudes traversées par le fidèle et parla nation. N'avait-il pas dû, lui, l'élu du Seigneur, se dérober par la fuite devant Absalom, subir l'outrage de quelque inférieur, n'était-il pas rentré en grâce auprès de Dieu par un repentir sincère après le crime? Il est devenu ainsi le « juste par excellence » en même temps que l'homme réservé aux plus hautes destinées malgré ses torts. On peut se demander, à ce propos, si les auteurs de certains psaumes ont composé délibérément leur oeuvre en vue de l'ajuster à telle des circonstances que les livres historiques rapportaient touchant leur héros ou si ces titres ont pu être composés après coup et adaptés à des morceaux qui n'avaient présenté, tout d'abord, qu'un caractère anonyme et personnel. Nous croyons que la première explication est préférable, à condition qu'on se mette bien dans l'esprit que nous n'avons pas devant nous des auteurs avides de couleur locale, soucieux de reconstitution historique, mais des fidèles qui retrouvent dans la personne du roi glorieux l'exemplaire autorisé des vicissitudes qui devaient frapper et la nation et les croyants. Quand le fidèle, par exemple, exprime son regret d'être éloigné du temple, ne songera-t-il pas à David, obligé par la persécution d'Absalom à délaisser le sanctuaire? Si nous nous représentons des Juifs des temps du second temple, nourris dans la lecture des deux premières parties du recueil sacré, familiers avec les circonstances des temps anciens, préoccupés par la pensée de résumer pour l'usage du culte public les leçons du passé, il nous paraît que toute la collection des Psaumes devient d'une intelligence satisfaisante. Le Psaume 51 (52) sur un ancien manuscrit. (Psautier de Ricemarch, Pays de Galles, ca. 1080). En résumé, nous adoptons une solution, d'après laquelle des écrivains juifs des temps de la Restauration ont composé sciemment et volontairement un recueil de cantiques à l'usage du culte en plaçant les sentiments de tristesse et d'espérance, de confiance en Dieu, d'attachement au temple et à la loi qu'ils éprouvaient, dans le cadre fourni par les livres relatant le passé national et tout particulièrement dans la bouche de David, chef et créateur, selon les idées alors adoptées, de l'organisation du chant sacré, ainsi que l'affirment les Chroniques. Ailleurs l'on aura indiqué les noms d'autres personnages en relation avec la musique sacrée; dans bien des cas, les morceaux sont anonymes; dans un cas au moins (Psaume XLV), une poésie profane, un épithalame, s'est glissé à tort dans les rangs des oeuvres destinées à l'édification. Notre point de vue se rapproche très sensiblement de celui qu'a exposé Isidore Loeb dans ses ingénieuses études sur la Littérature des pauvres dans la Bible (Paris, 1892), où il fait voir que les Psaumes répondent tout particulièrement aux aspirations d'un groupe de fidèles à tendances mystiques, et que, sous le nom de David, c'est en réalité l'âme juive qu'ils traduisent dans ses alarmes et dans ses ,joies. Reuss, dans sa Bible, cherche à expliquer un certain nombre de psaumes par des circonstances historiques et personnelles; il y signale notamment l'écho des émotions qui auraient accompagné la campagne libératrice des Macchabées contre l'idolâtrie syrienne. Nous ne croyons pas qu'il faille faire intervenir ici autre chose que la mise en couvre des souvenirs des persécutions antérieures, notamment de la destruction de Jérusalem et du temple par les Chaldéens. La composition des Psaurnes semble devoir être rapportée au IIIe siècle environ avant notre ère; l'identité de vues dont ils témoignent plaide en faveur de l'opinion qui ne les disperse pas sur un espace considérable. (Maurice Vernes). Le pape Grégoire le Grand, au VIe siècle, disposa les mélodies des psaumes dans un ordre régulier, les appropria au service de la liturgie catholique, les fit suivre d'une antienne qui correspondit avec elles sous le double rapport du texte et du ton, les classa suivant les exigences des Heures canoniales et en forma un ensemble parfait.
Les Protestants chantent aussi des psaumes : ce sont des cantiques imités des psaumes de David. En France, ils se servent d'une traduction commencée par Clément Marot, qui mit en vers 52 psaumes, et terminée par Théodore de Bèze; dans les plus anciennes éditions, chaque psaume est précédé d'un verset en musique prise d'airs connus ou composée par divers maîtres, tels que Louis Bourgeois, Guill. Franc, et Claude Goudimel. Conrart et Labastide ont revu la traduction au XVIIe siècle; de nos jours, la musique a été améliorée par Wilhem et Potier. Couverture du psautier de Charles le Chauve, ivoire sculpté. |
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