| Parise la Duchesse est une chanson de geste qui s'annonce dans les premiers vers comme un poème carolingien, mais où il n'est question ni de Charlemagne, ni de ses pairs, ni de ses conquêtes. La donnée est la même que celle des romans de Berte aux Grans piés et de la Violette : c'est une femme innocente et persécutée, dont la vertu finit par triompher. Raymond, duc de Saint-Gilles a épousé Parise, fille de Garnier de Nanteuil, qui a été assassiné par des chevaliers félons. Ceux-ci, craignant la vengeance de Parise, cherchent à l'empoisonner, et, par un sort fatal, Beuve, frère de Raymond, ayant été leur victime, ils accusent la duchesse de ce crime. Chassée par son époux, Parise s'éloigne avec dix chevaliers qui se dévouent à son service, et, arrivée dans une forêt de Hongrie, met au monde un enfant que des brigands lui enlèvent et portent au roi du pays. Elle est réduite à devenir nourrice dans la maison du comte de Cologne, où elle demeure pendant 15 ans. Son fils Hugues, élevé à la cour du roi de Hongrie, tue quatre barons jaloux de sa fortune et qui voulaient le faire périr : l'effroi que lui cause sa victoire et le désir de retrouver ses parents le poussent à partir furtivement. Après avoir rencontré sa mère à Cologne, il lui rend son époux et son duché, puis accepte lui-même la fille et le royaume du roi de Hongrie. Ce texte, dont l'auteur est inconnu, paraît remonter aux dernières années du XIIe siècle. Il est un de ceux qui marquent la transition entre le premier et le second âge de notre littérature romanesque : par le choix des personnages, et surtout par la forme, qui est la tirade monorime et le vers alexandrin, il tient à la catégorie des chansons de geste, des récits épiques puisés à la source nationale; par le fond et par les moeurs, par une foule d'épisodes et d'incidents variés, il se rapproche des poèmes d'aventures. Le style en est inculte et rude; mais la simplicité, qui ne lui manque jamais; le rend néanmoins agréable. II y a peu d'art dans la composition, mais les sentiments sont nobles, élevés, délicats. On remarque certains emprunts faits aux romans d'Ogier le Danois et de Gaydon. (H. D.).
| En bibliothèque - Il n'existe qu'un seul manuscrit de Parise la duchesse; il est à la Bibliothèque nationale de Paris (fonds Colbert), et contient 3 107 vers. II a été publié par De Martonne, Paris, 1836, in-8°, et par Guessard et Larchey dans la collection des Anciens poète de la France, Paris, 1860, in-16. | | |