| Grupetto, n. m. italien adopté en français avec le pluriel en i, pour désigner un ornement mélodique dit aussi groppo, formé d'un petit groupe rapide de 3 ou de 4 notes, différemment disposé et quelquefois redoublé ou rattaché à une autre formule ornementale. Les noms, les signes indicateurs et les formes du grupetto ont varié fréquemment; pas plus que les autres ornements, il n'a eu de signification arrêtée et définitive et toutes les explications qu'on en recueille sont valables seulement pour une époque ou pour un auteur. Son origine est fort ancienne et peut se rattacher au quilisma ou circonvolutio du chant grégorien. On le rencontre, lié aux formules de cadences, chez les luthistes et les organistes de la première moitié du XVIe siècle, ainsi que dans la Méthode de flûte de Ganassi del Fontego (1535) qui, l'appelle déjà groppo. Adrien Petit-Coclicus (1552) le classe parmi les manières de donner de l'élégance à un chant. A la fin du même siècle, des suites de groppi semblables comptent parmi les procédés enseignés pour « diminuer » ou « fleurir » une mélodie vocale ou instrumentale, ou une partie d'une composition polyphonique. Comme Petit-Coclicus, Diruta (1597) fait servir le groppo à la liaison et au remplissage mélodique d'un thème simple et lent Cette acception disparaît au XVIIe s. Au lieu de remplir l'intervalle entre deux sons disjoints, le groppo, devenu le grupetto, appelé par les clavecinistes français doublé ou double cadence, par les italiens circolo mezzo, par les allemands halbzirkel, par les anglais turn, est devenu un petit ornement enroulé autour d'un son principal qu'il précède ou qu'il prolonge. On l'exprime par un signe en forme de S, droit ou couché, que l'on pose d'abord indifféremment dans un sens ou dans l'autre, mais que l'on s'accoutume bientôt à diriger dans un sens spécial, selon qu'on doit, commencer l'ornement par la note supérieure ou inférieure et que l'on munit, s'il y a lieu, d'un signe d'altération accidentelle. Les deux formes, ascendante et descendante, sont enseignées par Brossard (1703) et par Walther (1732). Emmanuel Bach (1753) préfère commencer le grupetto par la note supérieure et tout en blâmant l'abus qu'en font les virtuoses, il recommande son association avec le mordant et vante le bon effet qu'il peut produire dans une mélodie de mouvement lent, où l'on sait l'introduire à propos. Manfredini (1797) énumère quinze façons de noter et d'exécuter les grupetti de 3, 4 et 5 notes, en montant (direct), en descendant (renversé ou rovescio), avec et sans demi-ton accidentel, et placé différemment, selon qu'il succède à une note simple ou pointée. La notation commune, bien qu'elle en offre encore quelques exemples à l'époque classique, n'a pas conservé la forme descendante. Lorsque le grupetto doit contenir une note chromatique ou un signe d'altération, l'usage est d'indiquer le bémol ou le dièse au-dessus ou au-dessous du signe, conformément à la direction exprimée par celui-ci. Mais l'emplacement du signe au-dessus ou après la note décide encore du moment de son exécution et par conséquent de l'emprunt à faire, pour sa durée, à l'une du l'autre des notes contenues dans la mesure. Les maîtres classiques font un usage constant de toutes les formes du grupetto, en marquant son emploi par les signes conventionnels, ou en petites notes. De toutes les formules ornementales héritées des anciennes écoles, le grupetto est à peu près la seule, une fois le trille mis à part, pour laquelle Wagner ait montré une sympathie dans l'emploi qu'il en a fait dans ses drames a constamment pour but de souligner l'importance d'une note essentielle de la mélodie. L'exemple le plus connu se trouve dans la marche de Tannhäuser (1845) mais on en remarque d'aussi caractéristiques dans Lohengrin (1854) et dans les ouvrages les plus achevés du maître. Garcia (1855) regarde le grupetto comme une forme de mordant et le décrit sous ce nom, en le déclarant « l'ornement le plus ordinaire et par cela même le plus nécessaire du chant ». (Michel Brenet). | |