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Quai de Conti, à Paris (VIe' arrondissement). - Ce quai de la rive gauche de la Seine commence à la rue Dauphine et au Pont-Neuf; finit au quai Malaquais et à l'Institut de France. Sa longueur est de 228 m. « Bureau de la ville. - Nous, ce jour, estant allez visiter ce qu'il est nécessaire de faire pour l'embellissement et décoration de la ville, le quay de la rivière; despuis le bout du Pont-Neuf jusques à la porte de Nesle; suivant les résolutions pour ce prises au bureau de la ville, à la prière et requeste de M. du Plessis de Guénégaud, secrétaire d'Estat; ce considéré que la maison appellée le Château-Gaillard empeschait en quelleque façon l'ornement du dit quay qui ne sert d'ailleurs qu'a des divertissements publiques parmy lesquels il s'y trouve tousjours quelques désordres, joinct que la ville qui en a faict ioncession n'en retire pas grande utilité; nous avons, en conséquence d'autres précédentes délibérations, résolu de la faire abbattre et de se servir des démolissions qui en proviendront pour l'establissement d'Un quay qui prendra despùis le dict lieu jusques à la porte de Nesle, en desdommageant les particuliers qui y ont basty parla permission de la ville; et vu la nécessité qu'il y avait de faire promptement travailler au dit quay et soustenir les terres qui y ont enté apportées, ce qui pourrait gaster la rivière, avons ordonné qu'il soit procédé au plustot à la construction du dit quay. Fait au bureau de la ville, le 5 novembre 1655. »Ce quai d'abord nommé de Nesle, en raison de l'hôtel de Nesle qui en occupait toute la longueur, prit au XVIIe siècle le nom de Guénégaud. On le désigna enfin sous celui de Conti, parce que l'hôtel de ce nom y avait sa principale entrée. « 22 avril 1769. - Le quai Conti sera élargi depuis l'entrée de la rue Dauphine jusqu'à la rue Guénégaud, pour suivre l'alignement du nouvel hôtel des Monnaies, qui se construit actuellement sur l'emplacement de l'ancien hôtel de Conti, en exécution de nos lettres-patentes du mois d'avril 1768, et il sera fait au mur du dit quai les changements et rectifications convenables et relatifs à la disposition de la façade du dit hôtel des Monnaies; et il sera alors fait un pan coupé des deux côtés de la rue Dauphine, en face du Pont-Neuf. Ce même quai sera aussi élargi suivant l'alignement du nouvel hôtel des Monnaies par la suppression des deux bâtiments qui bordent les deux côtés de la place du collège Mazarin, au moyen de quoi il sera pratiqué une sortie directe de la rue de Seine sur le quai en face du Louvre, nous réservant d'ordonner par la suite une communication de la rue de Seine avec la rue de Tournon, qui se trouvent l'une et l'autre dans la même direction vers notre palais dit Luxembourg. Signé Louis. » (Extrait des lettres-patentes).Ces dispositions aussi utiles n'ont pas été exécutées. - Administration centrale. Séance du 14 fructidor an VI. « L'administration centrale du département. Vu la lettre du commissaire du Directoire Exécutif près l'administration municipale du 10e [auj. VIe] arrondissement, qui propose de changer la dénomination du quai de Conti; le commissaire du Directoire Exécutif entendu, arrête : que ce quai prendra le nom de quai de la Monnaie. Le citoyen Molinos demeure chargé de l'exécution du présent arrêté. » (Registre 27, page 33).Deux décisions ministérielles, l'une en date du 13 février 1810, signée Montalivet; l'autre en date du 7 juillet 1817, ont déterminé l'alignement de ce quai. L'hôtel des Monnaies et les constructions situées entre l'impasse de Nevers et l'Institut sont alignées; le surplus est soumis à un retranchement considérable. - Le quai de Conti. A gauche, le palais de la Monnaie; au fond, le dôme de l'Institut. (© Photo : Serge Jodra, 2010). Un arrêté préfectoral, du 27 avril 1814, rendit à cette voie publique le nom de quai de Conti. L'hôtel de Nesle, dont cette voie publique a longtemps porté le nom, était l'un des plus vastes parmi ceux qui faisaient l'ornement du vieux Paris. Les rues de Nevers, d'Anjou et de Guénégaud ont été en partie percées et bâties sur son emplacement. Il se prolongeait le long de la rivière jusqu'à la porte et la tour nommées Philippe Hamelin, dites depuis de Nesle, et à la place desquelles on a bâti le pavillon à gauche du collège Mazarin. Brantôme nous parle d'une reine « qui se tenait à l'hôtel de Nesle, laquelle faisait le guet aux passants, et ceux qui lui plaisaient et agréaient le plus, de quelque sorte de gens que ce fussent, les faisait appeler et venir à elle, et après en avoir tiré ce qu'elle en voulait, les faisait précipiter de la tour en bas dans l'eau. Je ne peux pas dire, ajoute-t-il, que cela soit vrai; mais la plupart de Paris l'affirme, et il n'y a personne qui ne le dise en montrant la Tour. »Le poète Villon, dans sa ballade aux dames, composée en 1641, en parle ainsi : Où est la reine,Si ce fait est exact, la messaline dont il est ici question, est Jeanne, comtesse de Bourgogne et d'Artois, reine de France. Elle habita l'hôtel de Nesle après la mort de Philippe-le-Long, son mari, et y mourut en 1329. Jean Buridan, de Béthune en Artois, était un des meilleurs élèves de l'Université de Paris. S'il fut jeté dans le fleuve il parvint à se sauver, car il en est parlé en 1348. Ce fut aussi à l'hôtel de Nesle, qu'Henriette de Clèves, femme de Louis de Gonzague, duc de Nevers, apporta la tête de Coconas, son amant, qu'on avait exposée sur un poteau, dans la place de Grève. La femme adultère alla seule pendant la nuit enlever cette tête qu'elle fit embaumer. Longtemps elle la garda dans l'armoire d'un cabinet, derrière son lit. Cette même chambre fut arrosée des larmes de sa petite-fille, Marie-Louise de Gonzague de Clèves, dont l'amant, Cinq-Mars, fut décapité en 1642. Au quai de Conti se rattachent encore d'autres souvenirs. La maison à l'angle de la rue de Nevers fut quelque temps habitée par Bonaparte. Dans une mansarde éclairée par une fenêtre faisant saillie sur le toit, Napoléon, cadet gentilhomme à l'école militaire en 1785, venait méditer et se reposer de ses études. Le quai de Conti au XVIIe siècle. A gauche, l'hôtel de Nevers et la tour de Nesles; de l'autre côté de la Seine, le Louvre. Tableau d'Abraham de Venver (1637).. |
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