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Colisée, à Paris  (VIIIe arrondissement). - On appela Colisée, en référence au Colisée de Rome un monument gigantesque, destiné à offrir au public des spectacles de toutes sortes, que l'on construisit à Paris vers la fin du règne de Louis XV. Les chefs ostensibles de la société créée à cet effet étaient Camus, architecte du duc de Choiseul, Mouet et Corby, anciens directeurs de l'Opéra-Comique, mais les principaux intéressés étaient des hommes de finance et des fermiers généraux. Le roi accorda le privilège au mois de juin 1769, des terrains considérables furent achetés à l'extrémité septentrionale des Champs-Elysées, près du faubourg Saint-Honoré, et les travaux commencèrent aussitôt. Ils furent menés assez rapidement pour que le Colisée pût faire son inauguration le 1er mai 1771. L'édifice, qui n'avait pas coûté moins de 2 700 000 F, était immense, et pouvait contenir 40 000 spectateurs.

Voici la description qu'en donnait un contemporain :

« La grande rotonde, ou salle de bal, a 78 pieds de diamètre, sur 80 pieds de haut. Le cirque est un bassin presque ovale, de 106 toises de circonférence, dans lequel il y a environ 6 pieds d'eau. Entre le bâtiment et le bassin règne une esplanade de 42 pieds de large. Cet espace est entouré d'une colonnade de 120 toises, qui soutient une galerie couverte, propre à contenir 1500 personnes sur trois gradins en amphithéâtre; il en peut tenir autant sur la retraite qui est au-dessus. La petite esplanade qui entoure le bassin, les croisées et les terrasses du Colisée en peuvent contenir 5000; ce qui fait en tout 8000 spectateurs qui peuvent aisément voir les joutes et les feux d'artifice qui se tirent dans le fond de cette colonnade. On y trouve plusieurs boutiques dans lesquelles on vend toutes sortes de bijoux, de modes, de tableaux, etc. »
Ajoutons que le Colisée renfermait un jardin superbe, dans lequel se trouvaient des distractions et des divertissements de toutes sortes.

On donnait au Colisée des fêtes de tout genre : concerts pleins d'éclat, ballets-pantomimes, spectacles de marionnettes, jeux gymnastiques, bals masqués, feux d'artifice, courses de chevaux, jeux de bagues, loteries, expositions de tableaux, et le reste. La célèbre Mlle Lemaure, qui avait été l'une des cantatrices les plus fameuses de l'Opéra, s'y fit entendre avec le plus grand succès et y attira la foule à diverses reprises. Parmi les ballets et les tableaux animés qui furent représentés, on citait surtout le Ménage à la mode, la Belle Teinturière, le Ballet Chinois, la Noce rustique, le Temple de Mémoire, les jeux Olympiques, la Course des Amazones, la Joute des coqs anglais, etc. Malgré tout, et en dépit du succès de vogue qui l'avait accueilli dès l'abord, les frais d'un tel établissement étaient si considérables que les recettes ne parvenaient pas à couvrir les dépenses. Après quelques années, l'entreprise commença à languir, puis à décliner, malgré les efforts souvent intelligents de ceux qui étaient placés à sa tête. Bientôt enfin le public s'en détourna, la débâcle commença et finit par se traduire en un désastre éclatant, c.-à-d. en une énorme faillite. En 1778, le Colisée, depuis quelque temps agonisant, vit terminer son existence. (A19).

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Dictionnaire Villes et monuments
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