| On désigne sous le nom de commanderies les domaines d'un ordre religieux ou militaire administrés par un religieux ou un chevalier de l'ordre nommé commandeur. Il y avait des commandeurs et des commanderies dans les ordres des chevaliers de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem (Les Hospitaliers), des chevaliers Teutoniques, du Temple (Les Templiers), de Saint-Lazare, de la Trinité, de Saint-Antoine, etc., et aussi dans la congrégation des chanoines réguliers de Prémontré. C'est au XIIe siècle que se sont constituées les plus anciennes commanderies de l'Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem; le grand-maître de l'ordre, qui résidait alors à Jérusalem, était représenté dans les principales nations de l'Occident par un lieutenant, le prieur de l'Hôpital, qui, à son tour, avait sous ses ordres dans les provinces où l'ordre possédait des biens des Preceptores Hospitalis que l'on nomma en français les commandeurs de l'Hôpital, chargés de recevoir les dons et les aumônes et de les transmettre au prieuré. Lorsque les privilèges des papes et des souverains ainsi que les donations des fidèles eurent constitué au profit de l'ordre des domaines nombreux qui furent autant de seigneuries sur lesquelles s'élevèrent des églises et des constructions et qui furent administrées par des religieux, chacune de ces seigneuries forma une commanderie dont les domaines qui en dépendaient furent les membres. Ces commanderies ne tardèrent pas à devenir de véritables bénéfices au profit des chevaliers qui en furent investis. Un chapitre tenu à Césarée, en 1260, détermina le rôle des sommes, nommées responsions, que chaque commanderie serait tenue de payer au trésor de l'ordre. Le reste des revenus de ces bénéfices devait être employé à l'administration des domaines, à l'entretien des frères et des commandeurs. Il faut toutefois observer que les termes commandeurs et commanderies n'étaient pas ceux qui étaient les plus usités au Moyen âge. On disait plus souvent domus, hospitalis, praeceptor, magister, provisor. En 1311, le concile de Vienne attribua aux hospitaliers toutes les commanderies de l'ordre du Temple. Depuis lors, elles furent divisées en deux classes : celles de première furent tenues par les frères chevaliers de l'ordre et celles de seconde par les frères chapelains ou servants d'armes. L'une des commanderies de chaque prieuré était attribuée au grand-maître et nommée chambre magistrale; une autre était dévolue au prieur et nommée chambre prieurale. Les commanderies étaient attribuées aux frères qui ne pouvaient plus remplir, à raison de leur âge ou de leur santé, leurs devoirs militaires. Toutefois, le grand-maître dans chaque prieuré et le prieur dans son prieuré pouvaient chacun, une fois tous les cinq ans, disposer d'une commanderie en faveur de qui bon leur semblait. Tout frère, pour obtenir une commanderie, devait avoir résidé cinq ans dans le couvent de Rhodes ou dans celui de Malte et avoir pris part à trois caravanes, c.-à-d. fait trois campagnes sur les galères de l'ordre. La Révolution supprima en France les commanderies et bientôt la prise de Malte par Bonaparte mit fin à la mission de l'ordre; le titre de commandeur de l'ordre de Malte ne fut plus dès lors qu'un titre honorifique. L'organisation des commanderies dans les autres ordres a été à peu près analogue à celle que nous venons de décrire. (A. G.). | |