| Aiguillon (Aculeum, Esgulhon, Aguilhon). - Le bourg d'Aiguillon (Lot-et-Garonne), bâti à l'angle d'un plateau insubmersible, occupe une importante position stratégique au confluent de la Garonne et du Lot. Il commande à la fois les vallées des deux cours d'eau. En face, au nord, de l'autre côté du Lot, s'élève le promontoire de Pech de Ber, oppidum gaulois, qui correspondait au port de Canges, sur la Garonne. Les Romains fortifièrent Aiguillon. Il subsiste encore des restes importants de deux castrum, l'un sur un des angles de la ville, l'autre à Saint -Côme. Leurs murs, bâtis en petit appareil, sont flanqués de contre-forts. L'emplacement d'un quadrivium, forme par le prolongement de la Ténarèse, sur la rive droite de la Garonne et la voie d'Agen à Bordeaux, est marqué par une tour pleine circulaire, en petit appareil, dite la Tourasse. Aiguillon paraît être le Fines (entre Aginnum et Vesubio) de la carte de Peutinger. On ne sait à quelle époque attribuer la ruine complète de la ville primitive. Aiguillon est mentionné pour avoir appartenu au comte de Montfort au commencement du XIIIe siècle. En 1218, cette place se rendit à Raymond jeune, fils du comte de Toulouse; divers actes du commencement du XIVe siècle nous montrent la ville d'Aiguillon divisée en deux quartiers indépendants, dont chacun avait son seigneur : la bastide de Lunat et le bourg du Fossat. Réunie à la couronne d'Angleterre en 1318, conquise plus tard par le parti français, cette ville fut de nouveau livrée, en 1345, aux Anglais, qui s'y fortifièrent. L'année suivante, ils y soutinrent un siège mémorable contre le duc de Normandie et l'armée française, pendant 4 mois (avril - août). Perdue par les Anglais, à une époque qu'on n'a pas déterminée, cette place aurait été reprise par eux en 1430. Pendant les Guerres de religion du XVIe siècle, Aiguillon fut livré au parti protestant par Malvin de Montazet (vers 1569). Dans la lutte contre le roi de Navarre, elle paraît avoir tenu le parti de Mayenne (1586). Cependant Aiguillon, siège d'une baronnie, avait été donné en dot en même temps que l'Agenais à Marguerite de Navarre (lettres patentes du roi Henri III, 1579). En 1585, cette baronnie fit retour à la couronne de France jusqu'à l'année 1599, où elle fut érigée en duché-pairie en faveur d'Henri de Lorraine. En 1634, ce duché fut attribué par Louis XIII à Antoine de l'Age, seigneur de Puylaurens. Richelieu l'acheta pour sa nièce, Mme de Gombalet (1637). Il resta dans la famille de Vignerot du Plessis de Richelieu jusqu'à la Révolution. Armand-Désiré, dernier duc d'Aiguillon, fit construire sur les plans de l'architecte Leroy, dans la ville même d'Aiguillon, un vaste château qui n'était pas encore achevé en 1789. Confisqué comme bien national, son mobilier se vendit plus de 98 000 livres. Quelques tableaux réservés ornent actuellement les salons de la préfecture de Lot-et-Garonne. Monuments : ruines romaines; ancienne chapelle des carmes de la fin du XIIIe siècle, pourvue d'une belle charpente dont les entraits sont sculptés et qui était destinée à rester apparente. (G. Tholin). | |