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Jeux > Jeux de stratégie |
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On
distingue dans le jeu de dames diverses variantes, les principales
étant le jeu à la française, dans lequel chaque
joueur a 12 dames ou pions, et le jeu à la polonaise, où
chaque joueur en a 20; ce dernier est le plus usité aujourd'hui.
Le jeu de dames se joue sur une petite table carrée appelée
damier, divisée, selon l'espèce du jeu en 64 ou en 100 cases,
alternativement noires et blanches. Les pions de chaque joueur sont de
couleur différente; ils se groupent en face l'un de l'autre de chaque
côté du damier, marchant l'un contre l'autre en suivant les
lignes obliques du damier, et enlèvent l'adversaire dès qu'il
laisse un vide derrière lui. Lorsqu'un pion, traversant sans accident
tout le jeu, atteint l'une des dernières cases qui lui sont opposées,
on dit qu'il est allé à dame, et on le double. La
dame peut parcourir toutes les lignes du damier sans aller de case en case.
Outre le jeu ordinaire de dames à la polonaise, on avait imaginé autrefois certaines variantes qui sont presque toutes abandonnées aujourd'hui, sauf la partie de qui perd gagne. Ainsi, l'on donnait alternativement à chaque joueur, en commençant la partie, une dame contre deux ou trois pions, ou cinq dames et dix pions contre vingt pions, ou bien dix pions contre vingt avec le droit de jouer deux coups de suite, etc. Nous nous contenterons de dire, en ce qui concerne la partie de qui perd gagne, que, si l'on donne aux blancs vingt pions, aux noirs un seul pion, les blancs gagnent forcément la partie en amenant le noir à dame sur la case 50 et en le tenant emprisonné sur les cases 45 et 50 au moyen des quatre pions 34, 39, 40 et 44, ce qui leur permet d'arranger leur jeu comme ils veulent, de manière à faire prendre toutes leurs pièces. Jeu
polonais.
Ancien
jeu français.
Jeu
allemand.
Jeu
russe.
Jeu
espagnol.
Jeu
italien.
Histoire du jeu de damesIl est difficile de savoir quelle est l'origine du jeu de dames. Il est certain pourtant que les Anciens ont connu des jeux plus ou moins analogues. On voit sur les parois du pavillon de Ramsès II, à Medinet-Abou, un tableau qui représente le pharaon jouant à l'un de ces jeux avec une de ses femmes. Le diagrammisnos des Grecs et les latrunculi des Romains rentrent dans cette même catégorie.Le jeu de dames actuel ne paraît pas remonter au delà du XVIe siècle. Les ouvrages du Moyen âge tels que les livres d'Alphonse le Savant et de Nicolas de Nicolaï qui traitent de tous les jeux de table alors connus (échecs, marelles, trictrac, etc.) ne parlent pas des dames. Mais on trouve, au milieu du XVIe siècle, un traité espagnol du jeu de dames par Antonio Torquemada (1547). Le premier traité du jeu de dames paru en France est celui de Pierre Mallet (1668); il est relatif au jeu dit français. Le jeu de dames actuellement pratiqué (jeu à la polonaise) fit son apparition sous la Régence et ne tarda pas à supplanter complètement l'ancien jeu français. Les joueurs de dames se réunissaient alors dans un café qui a pris ensuite le nom de café Manoury. Manoury, qui était premier garçon dans ce café, devint lui-même le plus fort joueur de dames de son temps et publia en 1770 un traité très estimé et plusieurs fois réimprimé depuis. D'autres ouvrages parurent dans les années suivantes : Blonde, 1798; Lallement, 1801; Dufour, 1808; Everat, 1811, etc. Le traité le plus complet paru au XIXe siècle est celui de Balédent (Amiens, 1881-1886, 3 vol. in-8). On y trouve à peu près tous les coups de dames publiés jusqu'alorsi ainsi qu'une bibliographie et des extraits des principaux ouvrages parus dans les diverses langues. Dès cette époque, il existe un certain nombre de revues et journaux qui publient des problèmes de dames : le Monde illustré, le Gaulois, le Siècle, la Stratégie, le Soir, etc. D'autres tels que le Gil Blas, le Télégraphe, le Voltaire, etc., en ont donné pendant quelques années, mais avaient cessé avant 1900. Le jeu de dames, en effet, bien que très cultivé, a toujours compté des amateurs moins nombreux et moins passionnés que le jeu des échecs qui lui est réputé supérieur par la variété et la profondeur des combinaisons. Cependant, nous devons mentionner l'opinion d'Edgar Poe qui, dans une page fort curieuse sur l'esprit d'analyse, déclare : « La haute puissance de la réflexion est bien plus activement et plus profitablement mise en jeu par le modeste jeu de dames que par toute la laborieuse complexité des échecs. Dans ce dernier où les pièces sont douées de mouvements divers et bizarres, la complexité est prise pour de la profondeur. Dans neuf cas sur dix, c'est le joueur le plus attentif qui gagne et non pas le plus habile. Dans les dames, au contraire, les probabilités d'inadvertance sont moindres et les avantages remportés par chacun des joueurs ne peuvent être remportés que par une perspicacité supérieure. »Sans discuter autrement ces réflexions plus piquantes que justes, nous rappellerons que les joueurs d'échecs habiles saisissent assez bien tout le mécanisme du jeu pour jouer une ou plusieurs parties de mémoire comme l'ont fait Phildor, Kieseritzky, Morphy, etc. Il n'en est pas de même aux dames : Philidor, qui était très fort, essaya de jouer une partie de mémoire, mais vers le douzième coup, il brouilla les pions. Le damierDans les paragraphes suivants, nous nous attacherons au jeu de dames à la polonaise qui est le seul pratiqué actuellement en France.Le jeu de dames à la polonaise se joue sur une tablette carrée nommée damier et composée de cent cases alternativement blanches et noires. Le damier se place
entre les joueurs, de façon que chacun ait la grande diagonale à
sa gauche.
On a l'habitude en France, en Belgique et en Angleterre de placer les pions sur les cases blanches; l'usage contraire prévaut en Allemagne, en Hollande et en Russie. Cette différence n'a d'ailleurs aucune importance. Diverses notations
ont été proposées pour le jeu de dames; la meilleure
et la plus répandue est celle de Manoury que reproduit la figure
ci-dessous :
Pour indiquer un coup, on écrit le numéro de la case de départ et celui de la case d'arrivée de la pièce. La grande ligne ou ligne du milieu est la grande diagonale composée des dix cases blanches numérotées 5, 10, 14, 19, 23, 28, 32, 37, 41 et 46. Le trictrac est l'ensemble des cases 1 et 6 pour le premier joueur, 45 et 50 pour le second. Les coulisses sont les rectangles de cases dont les sommets font partie des bandes. La somme des cases de la hauteur et de la base de chaque rectangle est toujours de onze. Règles du jeu de damesVoici les règles du jeu :1. Les deux joueurs jouent alternativement et commencent chacun à son tour; ils tirent au sort celui qui commencera la première partie, s'ils jouent au but; sinon, celui qui reçoit avantage commence à toutes les parties.Telles sont les règles les plus généralement adoptées. Il faut ajouter toutefois que la douzième règle n'est adoptée en France que depuis l'apparition de l'ouvrage d'Everat (1811). Auparavant, un grand nombre de joueurs admettaient, avec Manoury, que si l'on avait à prendre un pion d'un côté, une dame de l'autre, on était forcé de prendre la dame. Il est parlé dans ces règles d'avantages faits par un joueur à un adversaire plus faible. Ces avantages sont au nombre de trois : le pion, la remise, le pion et la remise. Le premier consiste à donner un pion à son adversaire avant de jouer; le second à lui compter comme gagnées les parties nulles; le troisième à lui accorder simultanément les deux avantages précédents. Si l'avantage du pion est trop fort, on remet un demi-pion ou un tiers de pion; on joue à cet effet deux ou trois parties en donnant le pion dans une partie seulement. Théorie du jeu de damesLes divers auteurs qui ont écrit sur le jeu de dames recommandent au joueur de chercher avant tout l'avantage de la position plutôt que de s'efforcer de faire des coups brillants. Jouer la position, c'est disposer ses pions de façon qu'ils occupent des positions gênantes pour les pions adverses tout en conservant la faculté de se mouvoir facilement.L'avantage de la position s'obtient par une manoeuvre convenable des pions. L'expérience des joueurs les a conduits à formuler sur ce point quelques préceptes généraux. Nous les classerons sous cinq rubriques : avoir le coup, le tant pour tant, le coup de repos, les lunettes, le pion en prise. Avoir le coup.
S'il ne reste plus que quelques pions, pour savoir si l'on a le coup, on examine si son propre pion a l'opposition, c.-à-d. peut arrêter le pion adverse en allant à sa rencontre. Dans une fin de partie pion contre pion, celui qui a l'opposition a également le coup; mais s'il reste plusieurs pions, l'opposition n'entraîne pas l'avantage du coup, car on peut être obligé de laisser à l'adversaire une lunette ou la faculté de faire un pour un, ce qui ferait perdre le bénéfice de l'opposition. Remarquons qu'aucun joueur n'a l'opposition si les pions peuvent éviter de se rencontrer en allant à dame. Sinon, il existe une règle simple pour voir si on a l'opposition : « Remontez la colonne verticale sur laquelle se trouve votre pion jusqu'à la rencontre de la ligne horizontale sur laquelle se trouve le pion adverse; si la case d'intersection est noire, vous avez l'opposition si c'est à vous de jouer. »Exemple : votre pion est sur la case 42, le pion adverse sur la case 9, la case d'intersection est entre 7 et 8; elle est noire, vous avez l'opposition si c'est à vous de jouer. S'il reste deux pions de part et d'autre, par exemple 40 et 41 au blanc, 5 et 6 au noir, dont chacun pris isolément a l'opposition sur le pion adverse, on pourrait croire que celui qui joue le premier gagne : c'est le contraire qui arrive. Tant pour tant.
Coup de repos.
Le coup de repos peut être livré par l'imprudence de l'adversaire s'il entre dans une lunette, s'il attaque un pion en prise, etc. Ou bien on peut se le procurer soi-même si tout en ne donnant à l'adversaire à prendre qu'une seule fois, on le met dans l'obligation de prendre une autre fois en donnant à prendre un ou plusieurs pions servant d'appui à d'autres pions qui, n'étant plus soutenus, se trouvent en prise au coup suivant, en offrant à la fois à deux pièces adverses deux prises qui ne peuvent s'exécuter simultanément, en forçant un pion à venir à dame sur une case d'où la nouvelle dame visera un pion isolé au coup suivant, etc. Quand un joueur a un coup de repos, c'est comme s'il avait le droit de jouer deux coups de suite : circonstance qui permet évidemment des préparatifs qu'un seul coup ne laisserait pas le temps d'accomplir. Aussi, parmi les combinaisons les plus savantes, n'en est-il presque pas qui ne renferment des coups de repos. Voici une liste rationnelle des divers procédés par lesquels on arrive aux coups de repos. Nous les empruntons à l'excellent traité de Balédent en les classant sous deux chefs : coups de repos livrés par l'imprudence du noir, coups de repos que le blanc se procure. A. Coups de repos livrés par l'imprudence du noir, qui se met derrière un pion blanc en prise. 1. Pions noirs en
5, 7, 10, 17, 34, 36, 37 ; pion blanc en 20; dame blanche en 49.
2. Pions noirs en
16, 17; dame noire en 46; pions blancs en 26, 31, 43; dame blanche en 13.
3. Double coup de
repos livré par le noir qui, par le déplacement d'un de ses
pions, attaque deux pions blancs à la fois; pions noirs en 12, 13,
14, 17, 24, 26, 36; pions blancs en 21, 27, 39, 42, 44, 47.
B. Coups de repos que le blanc se procure lui-même : 1. En donnant à
prendre un pion servant d'appui à un autre. Pions noirs en 8, 13,
16, 41; dame noire en 14; pions blancs en 21, 22, 27; dame blanche en 39.
En donnant à prendre les deux pions 18 et 27 au premier coup, le blanc laisse son pion 21 sans appui; celui-ci sera donc en prise au second coup. 2. En déplaçant
un pion noir servant d'appui à un pion blanc. Pions noirs en 7,
8, 9, 12, 17, 26; pions blancs en 21, 27, 38, 39.
3. En donnant à
prendre à deux pions noirs à la fois. Pions noirs en 6, 7,
11, 12, 13, 23, 26, 28; pions blancs en 31, 37, 42, 45; dame blanche en
25.
Même coup de
repos que le blanc se procure en donnant à prendre à un pion
noir et à une dame noire à la fois. Pions noirs en 2, 4,
24, 29 ; dame noire en 49 ; pions blancs en 13, 38, 43; dame blanche en
26.
4. En faisant aller
le noir à dame. Pions noirs en 10, 15, 38; dame noire en 46; pions
blancs en 24, 30, 35, 48.
5. En démasquant
une dame noire. Pions noirs en 10, 20, 28; dame noire en 14; pions blancs
en 30, 38, 41, 49.
6. En faisant entrer
une dame noire dans une lunette. Pions noirs en 14, 30, 35; dame noire
en 48; pions blancs en 23, 32, 41, 45, 47; dame blanche en 16.
7. Double coup de
repos que le blanc se procure par la combinaison des procédés
1 et 4. Pions noirs en 7, 8, 12, 13, 17, 20, 24, 26; pions blancs en 21,
27, 29, 33; dame blanche en 46.
8. Double coup de
repos que le blanc se procure par la combinaison des procédés
1 et 4. Pions noirs en 9, 14, 20, 23, 25, 26; dame noire en 10; pions blancs
en 31, 32, 34, 37, 42; dame blanche en 16.
9. Double coup de
repos que le blanc se procure par la combinaison des procédés
1 et 4. Pions noirs en 10, 12, 17, 20, 25, 26; pions blancs en 21, 34,
36, 42, 44, 45.
10. Triple coup de
repos que le blanc se procure par la combinaison des procédés
1, 4 et 5. Pions noirs en 8, 10, 18, 19, 26; dames noires en 9, 14; pions
blancs en 29, 31, 37, 42, 44, 45, 50 ; dame blanche en 16.
11. Quadruple coup
de repos que le blanc se procure par la combinaison des procédés
1, 2, 4 et 5. Pions noirs en 10, 12, 17, 22, 23, 26; dames noires en 13,
14; pions blancs en 21, 30, 31, 34, 37, 38, 41, 42, 43, 50; dame blanche
en 49.
Des lunettes.
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