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Les
ambages (du latin ambages, circuit, détour) sont un
long circuit de paroles, verbiage (quelquefois affecté) , qui, loin
d'éclaircir ce dont il s'agit, semble au contraire redouter la clarté
et ne vouloir; au plus, être entendu qu'à demi. Les ambages
caractérisaient les oracles du polythéisme
grec. Les détours employés par Alceste, dans le Misanthrope
de Molière, pour faire entendre à
Oronte que son sonnet ne vaut rien, offrent
un exemple d'ambages. Dans Shakespeare, au
début de la tragédie la Mort
de César, un Romain , interrogé par un tribun
qui veut savoir sa profession, et ne voulant point, par amour-propre, lui
dire nettement qu'il est savetier, a recours à une suite d'ambages.
Lorsque Oedipe,
arrivé près du bois sacré
des Euménides à Colone, est pressé
par le choeur de déclarer qui il est, Sophocle
nous le représente employant bien des détours pour éviter
de répondre directement aux questions qu'on lui adresse. Le plus
bel exemple de cet artifice si naturel du langage se trouve dans la Phèdre
de Racine (A. I, sc. 3).
De l'amour
j'ai toutes les fureurs. Pour qui? - Tu vas ouïr le comble des horreurs.
J'aime... A ce nom fatal je tremble, je frissonne. J'aime... - Qui? - Tu
connais ce fils de l'Amazone, Ce prince si longtemps par moi-même
opprimé? - Hippolyte! Grands dieux! - C'est toi qui l'as nommé!
On désigne quelquefois,
par extension, sous le nom d'ambages un amas confus de paroles obscures
et entortillées, dont on a peine à débrouiller le
sens; ce défaut peut être le résultat de l'ignorance,
ou du peu de netteté des idées; quelquefois aussi il est
affecté : alors il est la marque certaine d'un jugement faux, ou
de la sottise, ou de la duplicité. (P.). |
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