| Sainte Catherine, dite Catherine de Sienne, vingt-troisième enfant du teinturier Jacomo Benincasa, naquit à Sienne le 25 mars 1347. Elle se livra dès l'enfance à la dévotion ascétique, eut des visions depuis sa sixième année, et fit voeu, à sept ans, de n'avoir d'autre fiancé que Jésus-Christ; elle reçut de lui une bague, visible pour elle seule, qu'elle porta jusqu'à sa mort, échangea au sens propre son coeur coutre le sien et fut honorée de ses cinq stigmates qui restèrent également invisibles. A quinze ans, elle s'affilia aux Soeurs de la Pénitence de Saint-Dominique, dont elle porta l'habit tout en continuant à demeurer dans la maison paternelle. Dans ses fréquentes extases, elle se promenait tout éveillée avec son fiancé céleste dans sa chambre; dictait ou écrivait des lettres et composa même dans cet état un livre d'une certaine étendue, son Livre de la doctrine divine. Animée d'une ardente charité, elle dépensa en aumônes une partie des biens paternels, consola des condamnés qu'on menait au supplice et soigna les malades, notamment, en 1374, pendant la peste. Bientôt il se forma autour d'elle un cercle de parents et d'amis enthousiastes, parmi lesquels étaient ses confesseurs du couvent voisin des Dominicains ; ce fut sa « famille spirituelle », groupe de vingt personnes environ qui l'accompagnaient dans ses voyages. De toutes parts, on lui demandait des conseils comme à un oracle; des chevaliers batailleurs acceptaient sa médiation dans leurs querelles et faisaient pénitence. Alors elle se sentit appelée à travailler à la régénération de l'Eglise. Elle conçut le plan d'une croisade contre les musulmans et écrivit dans ce but à la reine Jeanne de Naples et au roi de France Charles V, engageant celui-ci à faire la paix avec les Anglais pour pouvoir se rendre en Orient. En 1376, elle fut envoyée à Avignon par les autorités de Florence alors en lutte ouverte contre la papauté, pour disposer Grégoire XI à la clémence. Elle reçut du pape le meilleur accueil, mais les propositions qu'elle fut chargée de rapporter à Florence ne furent pas acceptées; elle faillit même périr dans cette ville pendant une émeute. Ce n'est que deux ans plus tard que Catherine amena, dans un nouveau voyage, la cité rebelle à faire sa soumission. Pleine de respect pour le pape, le « Christ terrestre », elle sait cependant lui parler avec l'autorité d'une prophétesse « au nom du Christ qui est dans les cieux ». Lors de son séjour à Avignon, elle usa de toute son éloquence pour décider Grégoire XI à revenir à Rome et à réformer les moeurs du clergé. Peu de temps après, lors du schisme pontifical, elle mit toute son autorité au service d'Urbain VI et vint même se fixer à Rome sur son invitation en novembre 1378. C'est là qu'elle mourut le 29 avril 1380. Elle fut canonisée par son compatriote Pie Il en 1461 ; sa fête est le 30 avril. On possède d'elle trois cent soixante-treize lettres, publiées dans l'ordre chronologique par Nicole Tommaseo, Le Lettere di S. Caterina da Siena (Florence, 1860, 4 t., in-8) ; le Libro della Divina Dottrina, dialogues entre Catherine et Dieu, de là son autre nom de Dialogi de providentia Dei, et une série de vingt-six prières recueillies par son entourage. La meilleure édition complète de ses ouvrages est celle de Girolamo Gigli, L'Opere della seraflea Santa Caterina da Siena (Sienne, 1707-1726, 5 vol. in-4). (A. Jundt). - Le Mariage mystique de Catherine de Sienne, par Fra Bartolomeo. Une légende exploitée par les peintres d'Italie fait de cette sainte la fiancée du Christ. Le plus célèbre tableau qui a pour sujet le Mariage mystique de Catherine de Sienne est celui de Fra Bartolomeo, au Louvre. Avant d'être placé dans ce musée, le tableau figura dans la sacristie d'Autun. Rappelons aussi le Mariage mystique, tableau de Gherardo le miniaturiste, artiste du XVe siècle, à la pinacothèque de Bologne. Francesco Vanni a représenté en douze compositions la légende de sainte Catherine de Sienne. Au XIXe s., Luc-Olivier Merson a représenté une vision ou extase de la vierge siennoise. La sainte, vêtue d'une robe blanche et d'un manteau brun, est étendue à terre au pied du crucifix. | |