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Kwame
Nkrumah
est un dirigeant ghanéen, né en 1909 à Nkroful, dans ce qui était alors
la CĂ´te-de-l'Or (Gold Coast) britannique, et mort le 27 avril 1972 Ă
Bucarest.
Après une éducation primaire et secondaire dans des écoles catholiques,
il embrasse la carrière d'enseignant. Cependant, rapidement insatisfait
du contexte colonial et aspirant Ă un rĂ´le plus significatif, il quitte
la Côte-de-l'Or pour les États-Unis
en 1935. Là , il s'immerge dans le milieu académique afro-américain.
Il étudie dans des institutions prestigieuses comme Lincoln University
et l'Université de
Pennsylvanie. Il
y obtient des diplômes en économie, sociologie, philosophie et théologie.
Durant cette période américaine, il découvre et s'approprie les idées
de Marcus Garvey et du panafricanisme, et participe activement Ă des organisations
étudiantes et politiques qui prônent l'émancipation des populations
noires.
En 1945, Nkrumah
poursuit son cheminement politique et intellectuel en s'installant Ă Londres,
coeur de l'empire britannique. Il s'engage avec ferveur dans le mouvement
panafricain. Il participe notamment au crucial 5e
Congrès panafricain à Manchester. Cet
événement lui permet de rencontrer d'autres figures de proue de la lutte
pour l'indépendance africaine et de tisser des liens essentiels. Il travaille
comme secrétaire du West African National Secretariat, une organisation
dédiée à la coordination des mouvements indépendantistes en Afrique
de l'Ouest britannique, contribuant activement Ă l'organisation et Ă
la stratégie de cette lutte.
En 1947, Nkrumah
retourne en Côte-de-l'Or, répondant à l'invitation de la United Gold
Coast Convention (UGCC), un parti politique local. Il est nommé secrétaire
général de l'UGCC, mais son impatience face à la lenteur des progrès
vers l'indépendance le pousse rapidement à l'action. En 1949, il fonde
le Convention People's Party (CPP), qui porte un message clair et mobilisateur
: "l'autonomie gouvernementale maintenant" ("Self-Government Now"). Le
CPP, grâce à ce slogan percutant et à une organisation efficace, gagne
rapidement un soutien populaire massif, et devient le fer de lance de la
lutte pour l'indépendance.
La tension monte
et la lutte pour l'indépendance s'intensifie, marquée par des grèves
générales et des manifestations de masse. Les autorités britanniques
réagissent en emprisonnant Nkrumah en 1950. Cependant, cet emprisonnement
ne fait que renforcer sa popularité et celle du CPP. En 1951, le CPP remporte
une victoire électorale écrasante. Nkrumah est libéré et devient chef
du gouvernement. Il continue à négocier avec les Britanniques, tout en
maintenant la pression populaire, menant le pays vers son indépendance.
Le 6 mars 1957, la
Côte-de-l'Or accède enfin à l'indépendance et prend le nom de
Ghana,
en hommage Ă un ancien empire africain.
Cet événement historique fait du Ghana le premier pays d'Afrique subsaharienne
à se libérer du joug colonial. Nkrumah devient le premier Premier ministre
du Ghana et lance des politiques de développement ambitieuses, visant
à moderniser le pays dans les domaines de l'éducation, de la santé,
de l'industrialisation et des infrastructures, avec des projets phares
comme le barrage d'Akosombo.
Nkrumah se positionne
rapidement comme un fervent défenseur du panafricanisme et de l'unité
africaine, considérant l'indépendance du Ghana comme une étape vers
la libération de tout le continent. Il encourage activement la décolonisation
des autres pays africains et soutient les mouvements de libération nationale.
Son rôle est déterminant dans la création de l'Organisation de l'unité
africaine (OUA) en 1963, une organisation continentale visant Ă promouvoir
la coopération et la solidarité entre les États africains.
Cependant, au fil
du temps, le régime de Nkrumah prend un tournant autoritaire. Le CPP est
déclaré parti unique en 1964. La liberté d'expression et l'opposition
politique sont progressivement réprimées. Des accusations de corruption
et de mauvaise gestion économique commencent à émerger, jetant une ombre
sur les réalisations initiales du régime.
En 1966, alors que
Nkrumah est en voyage officiel en Chine,
un coup d'État militaire met fin à son régime. Il est renversé et contraint
à l'exil. Nkrumah trouve refuge en Guinée,
où il est accueilli chaleureusement par son ami le président Ahmed
Sékou Touré, qui le nomme même co-président de la Guinée, un geste
symbolique de solidaritĂ© panafricaine. Depuis son exil, il continue Ă
écrire, à réfléchir et à promouvoir ses idées panafricaines. Kwame
Nkrumah décède en 1972 en Roumanie,
où il est venu recevoir des soins médicaux. |
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