| Jean ou Juan Ier roi d'Aragon, mort le 19 mai 1395. II était fils de Pedro IV, surnommé le Cérémonieux, et de Leonor de Sicile. Brouillé avec son père pour avoir épousé secrètement Yolande, fille du duc de Berry (1384), il se réconcilia dans la suite, mais dut quitter la cour en 1385. A la mort de Pedro IV (5 janvier 1387), Juan hérita de la couronne d'Aragon. Le premier acte du règne fut le procès de Sybil de Forcia, belle-mère du nouveau roi, dénoncée par un juif et accusée par la voix publique de l'avoir ensorcelé au moyen de breuvages magiques (suivant une autre version, il s'agissait de Pedro IV). Sybil put échapper à la torture, mais perdit titres et biens; on ne lui laissa qu'une très faible rente. Deux de ses prétendus complices subirent la question et furent décapités. Ensuite Juan Ier, s'occupa du schisme de l'Eglise. Une assemblée de prêtres et de chevaliers, réunie à Barcelone, reconnut Clément VII d'Avignon pour seul pape légitimement élu, grâce aux efforts du cardinal aragonais Pedro de Luna, plus tard Benoît XIII (4 février 1387). D'un caractère doux, mais indolent, Juan ler négligeait les affaires sérieuses pour ses plaisirs favoris : la fauconnerie, la chasse, les fêtes, la poésie, la musique. La reine encourageait ces goûts. Tous deux attiraient les troubadours et récompensaient par des dons magnifiques la moindre chanson limousine rimée en leur honneur. Prodigalité pareille eut bientôt épuisé le trésor de l'Aragon. Pendant que le roi présidait les Cortès, en la ville de Monzon, la noblesse mécontente se réunissait à Calasanz. Elle adressa par écrit ses griefs au souverain. Devant une menace de guerre civile, don Juan consentit à restreindre les dépenses et bannit de la cour une favorite de la reine Yolande, Carroza de Vilaragur (1390). La même année, des bandes d'aventuriers français, conduits par Bernard d'Armagnac, ravagèrent le Nord de la Catalogne. Vaincus à deux reprises, les pillards repassèrent la frontière à l'approche de l'armée royale, en saccageant le Roussillon dans leur retraite. Juan Ier eut ensuite à combattre les Sardes, soulevés contre la domination aragonaise à la voix de Brancaleone Doria (1391). Son neveu, Martin d'Exerica, avait épousé Marie, reine de Sicile. Juan Ier l'aida à s'emparer de cette île. Bernardo de Cabrera vainquit les Siciliens et les soumit à la couronne d'Aragon (1393). Juan Ier mourut deux ans après d'une chute de cheval, chassant le loup dans la forêt de Foxa. Comme il ne laissait que deux filles, il eut pour successeur son frère don Martin, duc de Momblanc. L'année de sa mort avait été signalée par une nouvelle incursion des Français. (Lucien Dollfus). | |