.
-

Les Falashas

-
Les Falashas, également connus sous le nom de Beta Israël, (= Maison d'Israël),  sont une population juive éthiopienne, qui, historiquement, a vécu principalement dans la région montagneuse du nord de l'Éthiopie, notamment dans les provinces du Gondar et du Tigré. Ils ont maintenu leurs pratiques religieuses distinctes malgré les pressions de conversion au christianisme, qui s'est implanté dans la région au cours du IVe siècle, quand l'Éthiopie a adopté le christianisme comme religion d'État sous le roi Ezana. Les Falashas ont alors été marginalisés et parfois persécutés, mais ont conservé leur foi juive. Depuis la fin des années 1970, plusieurs opérations ont été organisées par Israël pour accueillir cette population, dont la très grande majorité vit aujourd'hui dans ce pays.

Les mode de vie traditionnels

La vie quotidienne.
Habitat.
Les Falashas vivaient dans des villages composés de huttes circulaires en torchis avec des toits de chaume. Ces huttes étaient ordinairement situées sur des collines ou dans des zones montagneuses pour des raisons de sécurité et d'accès à des terres agricoles fertiles.

Les familles étendues vivaient souvent ensemble ou à proximité, ce qui renforçait les liens communautaires et l'entraide.

Économie et travail.
La majorité des Flashas étaient des agriculteurs, cultivant des céréales, des légumineuses et des légumes. Ils utilisaient des méthodes agricoles traditionnelles adaptées à leur environnement montagnard.

Les Falashas avaient aussi des compétences en poterie, en tissage et en travail du métal. Les hommes fabriquaient souvent des outils agricoles, tandis que les femmes créaient des pots et des ustensiles.

Ils échangeaient leurs produits agricoles et artisanaux avec les communautés voisines pour obtenir des biens qu'ils ne pouvaient pas produire eux-mêmes.

Pratiques religieuses.
Les Falashas pratiquaient et pratiquent toujours une forme ancienne et unique du judaïsme, influencée par les traditions locales, et distincte des courants juifs traditionnels (comme le judaïsme orthodoxe, conservateur ou réformé) que l'on trouve principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Israël.

Textes et langue.
Les Falashas utilisent  l'amharique, la langue courante en Éthiopie, pour la communication quotidienne. Mais la liturgie principalement en guèze, une ancienne langue liturgique éthiopienne (Les langues sémitiques). Ils utilisent une version de la Bible hébraïque traduite en guèze. Leurs textes religieux incluent l'Orit (la Torah en guèze), les Prophètes (Neviim) et les Écrits (Ketuvim), mais avec quelques différences par rapport aux versions hébraïques et grecques courantes. 

Pratiques et observances.
Les Falashas pratiquent leur culte dans des bâtiments appelés mesgid (synagogues), où ils lisaient la Torah, prient et observent les fêtes juives. Cependant, leurs pratiques et leur calendrier peuvent différer des autres communautés juives. Ils célébrent les principales fêtes telles que Pessah (Pâque), Shavouot (Pentecôte) et Souccot (Fête des Tabernacles), chacune avec ses propres traditions et observances spécifiques.

Le Shabbat était strictement observé, avec des interdictions de travail et une focalisation sur la prière et la famille.

Ils pratiquent des rites de purification, tels que des bains rituels.  Ils suivent des lois alimentaires strictes, mais avec des particularités dans les règles de préparation et de consommation.

Les prières et les rituels peuvent être différents de ceux rencontrés ailleurs dans le judaïsme, avec une emphase sur certaines pratiques spécifiques locales. 

Les chefs religieux, appelés Qessotch, jouent un rôle central , analogue à celui des rabbins,dans la vie religieuse. Ils dirigent les services, enseignent les lois religieuses et officient lors des mariages et des enterrements. 

Structure sociale.
Organisation communautaire.
Les communautés étaient souvent dirigées par des conseils de sages et de Qessotch qui prenaient des décisions pour le bien-être collectif.

La solidarité et l'entraide étaient des valeurs centrales. Les membres de la communauté s'entraidaient dans les travaux agricoles, les constructions et les moments de crise.

Relations avec les non-Juifs.
Les Falashas faisaient face à la discrimination et à la marginalisation de la part des communautés chrétiennes environnantes.

Ils maintenaient une certaine autonomie culturelle et religieuse malgré les pressions externes, en vivant souvent dans des villages relativement isolés.

L'accès à l'éducation moderne et aux services de santé était souvent limité, surtout dans les régions rurales.

À partir du milieu du XXe siècle, cependant,  avec l'intérêt accru des Juifs du monde entier pour les Falashas, il y a eu des initiatives pour améliorer l'éducation et les conditions de vie, bien que ces efforts aient été inégaux et souvent insuffisants.

Histoire des Falashas

Origine des Falashas.
L'origine des Falashas est entourée de légendes et de traditions orales. Selon certaines traditions mythologiques, ils descendent de la tribu de Dan, l'une des dix tribus perdues d'Israël, selon d'autres ils descendent des compagnons de Ménélik I, le fils de la reine de Saba et du roi Salomon. Certains historiens suggèrent que les Falashas pourraient être des descendants de Juifs qui se sont installés en Éthiopie après l'exil babylonien (VIe siècle av. JC) ou lors de migrations juives à travers l'Afrique.
D'autres considèrent plutôt que les ancêtres des Falashas  se seraient convertis au judaïsme au IVe siècle de l'ère commune, peut-être influencés par des marchands juifs ou des communautés juives déjà présentes en Éthiopie.

Les Falashhas face aux chrétiens d'Ethiopie.
Les Falashas auraient vécu sous le royaume chrétien d'Aksoum, parfois en conflit avec les dirigeants chrétiens locaux. Aux XIIe et XIIIe siècles, les Solomoniens, une dynastie chrétienne, auraient imposé des restrictions et des discriminations contre les juifs éthiopiens. Le Falashas se seraient alors réfugiés dans les montagnes du Semien pour échapper aux persécutions et maintenir leur indépendance religieuse et culturelle. 

Au XVIIe et  au XVIIIe siècle, les Falashas ont régulièrement affronté les forces impériales éthiopiennes. Certains rois chrétiens éthiopiens ont tenté de convertir de force les juifs éthiopiens au christianisme.

Au XIXe siècle, les explorateurs et missionnaires européens, comme Henry Stern et Joseph Halévy, ont redécouvert les Falashas, suscitant l'intérêt des communautés juives européennes. Les missions européennes ont tenté d'éduquer et de moderniser la communauté, parfois avec des objectifs de conversion au christianisme.

Les Falashas ont continué  à vivre dans un relatif isolement au XXe siècle, faisant face à des conditions économiques difficiles et à des discriminations persistantes. Dans les années 1940, certains membres de la communauté ont pris contact avec le mouvement sioniste, cherchant à se connecter avec les juifs du monde entier.

Des efforts ont été faits à partir de là pour obtenir la reconnaissance de leur judaïté par les autorités rabbiniques israéliennes. En 1975, le rabbin séfarade en chef d'Israël, Ovadia Yosef, a reconnu les Falashas comme des juifs, ouvrant la voie à leur immigration vers Israël.

Les années 1960 et 1970 ont été marquées par des conditions de vie difficiles, exacerbées par la sécheresse, la famine et les troubles politiques en Éthiopie. Si bien qu'à la fin des années 1970, des efforts coordonnés ont commencé à préparer l'immigration des Falashas vers Israël, avec l'aide de divers groupes juifs internationaux et le soutien du gouvernement israélien.

Les Falashas en Israël

Principales Phases de l'alya.
Les Falashas ont été accueillis en Israël à travers plusieurs opérations de sauvetage parmi lesquelles l'opération Moïse  (1984-1985) au cours de laquelle plusieurs milliers de juifs éthiopiens ont été transportés secrètement du Soudan vers Israël via des vols organisés par le Mossad (services secrets israéliens). Beaucoup avaient fui à pied vers les camps de réfugiés au Soudan dans des conditions extrêmement difficiles. Cette opération a été interrompue prématurément, laissant de nombreuses familles séparées. La dernière opération importante, l'opération Salomon, a eu lieu en 1991 en raison de l'aggravation de la guerre civile en Éthiopie : 14 000 Falashas ont été évacués vers Israël en 36 heures. Par la suite, d'autres opérations ont été mises sur pied pour réunir les familles séparées et pour permettre l'immigration de ceux restés en Éthiopie.

Aujourd'hui, environ 150 000 personnes d'origine éthiopienne vivent en Israël, y compris ceux qui sont nés en Israël de parents éthiopiens. On estime qu'il reste environ 8 000 à 10 000 membres de la communauté falasha en Éthiopie, principalement dans les régions de Gondar et Addis-Abeba. Ces personnes attendent souvent que l'oportunité leur soit donnée d'émigrer en Israël dans le cadre de programmes de regroupement familial ou d'autres initiatives d'alya (= migration vers Israël).

Accueil et intégration.
Une fois en Israël, les Falashas ont rencontré des défis d'intégration culturelle, économique et sociale. Ils ont souvent fait face à des discriminations et à des difficultés pour s'adapter à la société israélienne moderne. Des programmes d'intégration ont été mis en place pour les aider, mais les tensions et les inégalités persistent dans certains aspects de la vie israélienne.

Il y a eu aussi, au début de leur installation, des controverses quant à la reconnaissance de leur statut juif par le rabbinat israélien en raison des différences dans leurs pratiques. Cependant, après des débats et des enquêtes, ils ont été reconnus comme juifs selon la loi rabbinique israélienne. Des efforts ont été faits pour les intégrer dans la société israélienne et pour les aider à s'adapter aux pratiques du judaïsme rabbinique courant. Parfois cela est passé par une conversion symbolique pour s'assurer de leur acceptation complète selon la loi juive orthodoxe.

Efforts généraux d'Intégration :
Le passage d'une société rurale et traditionnelle en Éthiopie à une société moderne et technologiquement avancée en Israël a provoqué un choc culturel important.Les jeunes immigrants ont souvent dû naviguer entre deux cultures, celle de leurs parents et celle de leurs pairs israéliens.

Le gouvernement israélien a mis en place des programmes d'intégration pour aider les immigrants éthiopiens à s'adapter à leur nouvelle vie en Israël. Cela comprenait des cours de langue hébraïque, des formations professionnelles, des programmes éducatifs, des soutiens scolaires supplémentaires pour les enfants et des initiatives de sensibilisation culturelle pour les Israéliens non éthiopiens.

Discrimination et racisme.
Les immigrants éthiopiens ont été confrontés à des discriminations raciales et à des préjugés. Ils étaient parfois perçus comme culturellement et socialement différents, ce qui a compliqué leur intégration. Des incidents de discrimination systémique ont été signalés, notamment dans le domaine de l'emploi, du logement et de l'éducation.

Défis socio-économiques.
De nombreux immigrants ont eu du mal à trouver un emploi en raison de barrières linguistiques, de différences éducatives et d'un manque de reconnaissance de leurs qualifications. Les taux de pauvreté et de chômage ont été élevés parmi les communautés éthiopiennes en Israël.

Les membres de la communauté éthiopienne ont eux-mêmes pris des initiatives pour améliorer leur situation, organisant des manifestations et formant des groupes de défense pour lutter contre la discrimination et promouvoir l'égalité des droits.

.


[Histoire politique][Biographies][Cartothèque]
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2024. - Reproduction interdite.