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Benedetto
Croce,est
un philosophe et homme politique italien,
né le 25 février 1866 à Pescasseroli, dans les Abruzzes, et décédé
à Naples le 20 novembre 1952. Il a été
une figure intellectuelle italienne majeure du XXe
siècle.
Sa vie est riche
et diverse, marquée par la philosophie, l'histoire, la critique littéraire,
et un engagement politique significatif. Issu d'une famille de propriétaires
terriens, il connaît une enfance privilégiée dans un environnement cultivé.
Un événement tragique marque profondément sa jeunesse : en 1883, lors
d'un tremblement de terre à Casamicciola sur l'île d'Ischia, il perd
ses parents et sa soeur, et est lui-même grièvement blessé. Cet événement
le laisseorphelin à l'âge de dix-sept ans et le détermine à se consacrer
à la réflexion et à l'étude.
Après avoir initialement
envisagé des études de droit, Croce se tourna vers la philosophie
et l'histoire. Il est influencé par les penseurs
marxistes, notamment Antonio Labriola, dont il suit les cours à Rome.
Cependant, il s'éloigne progressivement du matérialisme
historique pour développer sa propre philosophie, un idéalisme
historiciste qui placent l'esprit et l'histoire au centre de sa pensée.
Son oeuvre philosophique, vaste et systématique, se déploie autour de
quatre disciplines : l'esthétique, la logique,
l'économie et l'éthique,
qu'il considère comme les formes fondamentales de l'esprit. Son ouvrage
majeur, Esthétique comme science de l'expression et linguistique générale
(1902), pose les bases de sa pensée et a un impact considérable sur la
critique littéraire et artistique. Il continue d'explorer ces domaines
dans des oeuvres telles que Logique comme science du concept pur
(1909), Philosophie de la pratique, économique et éthique (1909),
et Théorie et histoire de l'historiographie (1917).
Croce ne se limite
pas à la philosophie spéculative. Il s'engage activement dans la vie
intellectuelle et politique italienne. Il fonde en 1903 la revue La
Critica, qui devient rapidement une tribune importante pour la pensée
libérale et un lieu de débat intellectuel de premier plan. Il est également
sénateur du Royaume d'Italie et ministre
de l'Instruction publique à deux reprises. Son engagement politique prend
une dimension particulière pendant la période fasciste. Initialement
favorable à l'intervention italienne dans la Première
Guerre mondiale, il devient progressivement critique envers le régime
de Mussolini. En 1925, il rédige le Manifeste
des intellectuels antifascistes, en réponse au Manifeste des intellectuels
fascistes de Giovanni Gentile, et marque ainsi une rupture nette avec
le fascisme pour devenir une figure de proue de l'opposition intellectuelle.
Durant les années
sombres du fascisme et de la Seconde
Guerre mondiale, Croce reste un symbole de la résistance intellectuelle
et morale. Sa maison de Naples devient un lieu de refuge pour les opposants
au régime. Après la chute du fascisme, il joue un rôle important dans
la reconstruction intellectuelle et politique de l'Italie. Il participe
à l'élaboration de la Constitution de la République italienne et continue
à écrire et à enseigner jusqu'à sa mort. Son oeuvre a exercé une influence
profonde sur la pensée italienne et européenne, non seulement en philosophie,
mais aussi en histoire, en critique littéraire et en science politique. |
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