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L'archipel
de Saint-Pierre-et-Miquelon a probablement été habité par des
populations autochtones avant l'arrivée des Européens. Les Basques prétendent
avoir visité ces parages deux cents ans avant Cabot
(1497), João Álvares Fagundes (1520) et Verazzani
(1527). Dès 1504, les Bretons et les Normands venaient y pêcher
la morue, une activité qui sera centrale pour l'économie de l'archipel
pendant des siècles. C'est Jacques Cartier qui
en prit officiellement possession au nom du roi de France
en 1536. Les premiers établissements fixes sont de 1604.
À partir du XVIIe
siècle, Saint-Pierre-et-Miquelon devint un enjeu stratégique pour la
France et l'Angleterre dans leurs conflits
pour le contrôle de l'Amérique du Nord. Les Anglais et les Français
se disputèrent ces îles à plusieurs reprises. En 1713, le traité d'Utrecht
céda une grande partie de l'Amérique du Nord aux Anglais, mais la France
conserva Saint-Pierre-et-Miquelon, une concession importante pour maintenir
une présence dans la région. Les îles changèrent plusieurs fois de
mains pendant les guerres franco-britanniques du XVIIIe
siècle. En 1763, à la fin de la guerre
de Sept Ans, la France perdit une grande partie de ses territoires
nord-américains au profit de l'Angleterre, mais récupéra Saint-Pierre-et-Miquelon.
Cependant, les Anglais prirent de nouveau possession de l'archipel en 1778,
pendant la guerre d'indépendance américaine, avant de le rendre à la
France en 1783, après le traité de Versailles.
Le XIXe
siècle fut une période de relative stabilité pour Saint-Pierre-et-Miquelon.
L'économie locale resta largement dépendante de la pêche, et l'archipel
servit de base pour les pêcheurs français et étrangers. Cependant, en
raison de sa petite taille et de son isolement, Saint-Pierre-et-Miquelon
n'échappa pas aux défis économiques et sociaux, notamment des tensions
entre les pêcheurs locaux et ceux venant de France continentale ou d'autres
pays.L'une des périodes les plus marquantes de l'histoire récente de
Saint-Pierre-et-Miquelon fut celle de la Prohibition aux États-Unis.
Entre 1920 et 1933, lorsque la production et la vente d'alcool étaient
interdites aux États-Unis, Saint-Pierre-et-Miquelon devint un centre important
de contrebande d'alcool. Les îles étaient utilisées comme entrepôt
et point de transit pour les expéditions d'alcool vers les États-Unis,
en grande partie grâce à leur proximité géographique.
Pendant la Seconde
Guerre mondiale, Saint-Pierre-et-Miquelon joua un rôle stratégique.
Après la chute de la France en 1940, les îles restèrent sous le contrôle
du régime de Vichy, fidèle à l'Allemagne
nazie. Cependant, en décembre 1941, les forces françaises libres du général
Charles De Gaulle, avec l'aide de la marine française libre, prirent le
contrôle de l'archipel sans résistance. Cette occupation contribua à
affirmer la légitimité de la France libre face au régime de Vichy.
Après la guerre,
Saint-Pierre-et-Miquelon devint un territoire d'outre-mer en 1946, avec
un statut qui permettait de maintenir une certaine autonomie sous l'autorité
de la République française. À partir des années 1950, l'économie de
l'archipel fut touchée par la modernisation de l'industrie de la pêche,
ainsi que par la concurrence internationale, notamment de la pêche industrielle
canadienne. Les droits de pêche de Saint-Pierre-et-Miquelon furent également
l'objet de tensions entre la France et le Canada.
L'archipel a acquis
le statut de collectivité d'outremer de la France en 2003. Dans les années
récentes, il a cherché à diversifier son économie en développant le
tourisme et en encourageant des projets de recherche scientifique. Aujourd'hui,
Saint-Pierre-et-Miquelon est un symbole de la présence française en Amérique
du Nord, avec une culture et une identité marquées par son histoire de
colonisation, de pêche et de survie dans un environnement isolé. |
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