| Jacques Cartier est un navigateur français, qui a découvert le Canada. Né à Saint-Malo à la fin de l'année 1491 (et non 1494), mort le 1er septembre 1557. En 1533, il adresse une requête à François Ier pour réclamer le commandement d'une expédition dirigée vers le Nord de l'Amérique. Le moment était bien choisi, la paix générale venait d'être conclue en Europe; de plus, Philippe de Chabot, amiral de France, soutenait le capitaine malouin de tout son crédit. Cartier n'en était pas du reste à faire ses preuves; il avait déjà touché une fois à la terre américaine, car on peut, avec beaucoup de vraisemblance, lui attribuer un voyage au Brésil. - Jacques Cartier (1491-1557). Muni de la commission royale, Cartier s'embarque le 20 avril 1534. Il reconnaît le cap Bonnavista au Nord de Terre-Neuve, le détroit de Belle-lsle et la côte du Labrador. Longeant ensuite la partie occidentale de la grande île, il aborde à la baie des Chaleurs, puis à celle de Gaspé, où il prend solennellement possession du pays au nom du roi de France; enfin, il pénètre dans le Saint-Laurent qu'il prend tout d'abord pour un golfe. La beauté du pays, son apparente fertilité, et le bon accueil qu'il reçoit des habitants enchante Cartier; mais la saison étant avancée, il remet à la voile pour l'Europe, et rentre à Saint-Malo après cinq mois d'absence. En somme, dans ce premier voyage, Cartier n'avait pas ajouté grand-chose aux connaissances géographiques déjà acquises par Cabot et Verazzani. Aussi bien les parages de Terre-Neuve étaient déjà fréquentés depuis longtemps par les pêcheurs de morue, bretons ou basques. Jean Denis, de Honfleur, en avait même dressé la carte dès 1506. Cartier avait hâte de repartir; le 19 mai 1535, il quitte Saint-Malo; il commande à deux navires la Grande et la Petite Hermine, et à un galion, l'Emerillon. Il s'est adjoint un autre capitaine breton, Thomas Froment dit la Bouille, et il emmène plusieurs gentilshommes comme volontaires, Claude de Pontbriant, Charles de la Pommeraye et Jean Poullet. Il s'engage entre l'île de l'Assomption (plus tard Anticosti), et la côte méridionale du Labrador. Il reconnaît bientôt qu'il ne navigue plus en eau salée, et il baptise le grand fleuve canadien du nom du saint dont on célébrait la fête (10 août). Il remonte le Saint-Laurent jusqu'à l'île d'Orléans, et la bourgade de Stadacona, qui occupait l'emplacement actuel des quartiers sud-est de Québec. Le chef des autochtones Donnacona lui fait une réception amicale. Aussi se résout-il à hiverner dans cet endroit, et il échoue ses navires au confluent de la rivière Saint-Charles, appelée d'abord Sainte-Croix, et d'un ruisseau, le Lairet. Il entend alors parler d'une riche bourgade située en amont sur le fleuve. Malgré la résistance de Donnacona, une partie des Français monte jusqu'à Hochelaga. Cartier explore l'île d'Hochelaga (octobre 1535), et gravit la pittoresque colline qui la domine; il lui donne le nom de Mont-Royal (Montréal) qui est devenu celui de l'île et de la ville. Il était urgent de retourner à Stadacona. Les rapports entre Français et Amérindiens y avaient pris une mauvaise tournure; de plus, le scorbut s'était déclaré parmi les équipages, et vingt-cinq hommes avaient déjà péri, lorsque un habitant enseigna à Cartier, atteint lui-même, un remède, l'épinette blanche. A la belle saison, Cartier reprit la route de France; après avoir enlevé par trahison Donnacona qu'il voulait présenter au roi, il débarqua à Saint-Malo, le 16 juilet 1536. Dans l'intervalle, la guerre avait recommencé entre François Ier et Charles-Quint, et il s'écoula plus de quatre années avant qu'on pût envoyer une troisième expédition au Canada. Cette fois, il s'agissait de s'établir définitivement dans le pays. François de Roberval en fut nommé vice-roi, et Jacques Cartier, qui reçoit une commission de capitaine général, doit le transporter en Amérique avec un premier convoi de colons. Le 23 mai 1541, Cartier partit seul avec un premier détachement; il reparut devant Stadacona, mais préféra aller hiverner plus loin, au cap Rouge. Il retourna aussi à Hochelaga, attiré de ce côté par l'espérance d'y découvrir des mines d'or, mais il ne put franchir le saut Saint-Louis. Sur ces entrefaites, des conflits éclatèrent entre les colons, recrutés pour la plupart parmi les malfaiteurs et les indigènes. On n'avait aucune nouvelle de Roberval, et Cartier ne jugea pas prudent de rester dans de pareilles conditions; tout le monde se rembarqua. On rencontra Roberval à la hauteur de Terre-Neuve; mais le capitaine général, qui était peut-être jaloux du vice-roi, et qui, du reste, n'avait jamais eu à se louer de ses procédés, refusa de rebrousser chemin. Il est de retour à Saint-Malo le 21 octobre 1542. Cartier fit-il un quatrième voyage en Amérique? Cela ne peut plus être mis en doute après la publication de ses comptes. Il s'agissait de rapatrier les restes de l'expédition de Roberval; il est cependant impossible de fixer la date de ce dernier voyage. Ses neveux obtinrent le monopole de la traite au Canada, mais les Malouins, qui faisaient un trafic régulier dans ces parages, firent par la suite révoquer ce privilège. Jacques Cartier nous a laissé sur ses découvertes d'intéressants mémoires. Ils ont été publiés en 1598 à Paris, sous le titre de : Discours du voyage fait par le capitaine Jacques Cartier aux terres neufves de Canada. On trouve le journal des deux premiers voyages dans l'Histoire de la Nouvelle-France de Marc Lescarbot, Paris, 1612, et le Précis du 3e voyage, dans le IIIe vol. de la collect. d'Hakluyt, ainsi que dans un recueil publié à Québec en 1843. (Emile Salone). | |