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Luc-François Breton est un sculpteur français, né à Besançon le 6 octobre 1731, mort à Besançon, le 20 février 1800. Orphelin dès son bas âge et dépourvu de fortune, il fut mis en apprentissage chez un menuisier; là ses aptitudes se révélèrent, et comme la municipalité disposait d'une fondation pour faire apprendre des métiers à des enfants pauvres, une somme de 400 livres, prélevée sur les revenus de cette fondation, fut promise à un sculpteur sur bois qui prit l'engagement d'entretenir et d'éduquer pendant six années le jeune Breton, alors âgé de douze ans. Au bout de ce temps, c.-à-d. en 1749, il se rendit à Dôle pour recevoir les leçons d'un sculpteur de quelque talent, Claude-François Attiret. Obsédé bientôt par la tentation de voir l'Italie, il se rendit à Marseille et s'y passionna pour les ouvrages de Puget; puis il profita de la faculté qu'avaient les Français recommandables d'être transportés gratuitement à Rome sur les galères pontificales. A Rome, il dut modeler des ornements pour vivre; mais son habileté eu ce genre devint telle, que l'architecte du roi d'Angleterre, William Chambers, se déclara l'acquéreur de tout ce qu'il produirait, et consigna une somme devant servir à le rémunérer. Accordant néanmoins une large part de son temps à l'étude des chefs-d'oeuvre, Breton se crut un jour assez fort pour entrer dans les concours ouverts par l'Académie de Saint-Luc. II y obtint, en effet, le grand prix de la première classe de sculpture, avec un bas-relief représentant I'Enlèvement du Palladium, et fut couronné solennellement au Capitole le 18 septembre 1758. Le peintre Natoire, alors directeur de l'Académie de France à Rome, prit intérêt à ce lauréat improvisé et obtint du gouvernement de Louis XV la permission de le recevoir comme pensionnaire au palais Mancini. Peu de temps après, il sculptait en marbre, pour l'Angleterre ou pour l'Amérique, un bas-relief représentant la mort du général Wolfe, tué devant Québec en remportant une victoire sur les Français. II revint à Besançon, en 1765, pour y recevoir la commande de deux anges adorateurs en marbre qu'un jeune homme, dont il avait été le voisin dans son enfance, voulait offrir à leur église paroissiale commune, avant d'aller s'ensevelir au monastère de Septfonds. Breton regagna Rome pour tailler ces figures qui portent la date de 1768 et sont actuellement sur le maître-autel de la cathédrale de Besançon. Depuis 1766, Breton était enrôlé dans la confrérie que les Comtois, ses compatriotes, avaient instituée à Rome sous le vocable de Saint-Claude-des-Bourguignons : deux statues en pierre étaient désirées pour la façade de l'église reconstruite par cette confrérie; l'une d'elles, ayant pour sujet saint André, fut demandée à Breton qui la termina en 1774. Notre sculpteur eut dès lors la volonté ferme d'acquitter une dette envers sa ville natale qui avait fait les frais de sa première éducation. Un peintre distingué, originaire de la Suisse allemande, Melchior Wyrsch, avec qui Breton s'était lié à Rome, réussissait à Besançon comme portraitiste. Les deux artistes s'associèrent pour fonder dans la capitale de la Franche-Comté, sous les auspices de l'Intendant de cette province et du corps municipal de Besançon, une école gratuite de peinture et de sculpture, qui s'ouvrit en 1774 et ne s'éteignit qu'à la Révolution française. Breton pensait que ses succès obtenus à Rome étaient de nature à lui ouvrir les portes de l'Académie royale de peinture et de sculpture : il modela donc, comme morceau de réception, une statuette représentant saint Jérôme, dont la terre cuite, qui est au musée de Besançon, tiendrait honorablement sa place dans la série des compositions du même genre que possède le Louvre; il dut toutefois renoncer à se rendre à Paris pour exécuter ce morceau sous les yeux des académiciens. Cette déception fut compensée par une commande de premier ordre que lui fit la marquise de Ligniville, Jeanne-Marguerite de La Baume-Montrevel, qui, voyant s'éteindre le nom de son illustre famille, tenait à en perpétuer le souvenir dans la Province de Franche-Comté. Breton créa donc, en 1775, pour l'église de Pesmes, un magnifique tombeau dans lequel les statues en marbre du Temps et de l'Histoire accostaient un sarcophage entrouvert ou se voyaient, en bronze doré, les insignes des dignités éminentes que les membres de la famille de La Beaume avaient occupées. Il se reposa de ce grand travail en répondant, par une maquette, a la demande que la municipalité lui fit, en 1776, du projet d'une fontaine qui devait avoir pour décoration essentielle une sirène en bronze, du XVIe siècle, que possédait la ville : neuf ans plus tard, ce projet fut ponctuellement exécuté. Breton fit ensuite des monuments emblématiques et commémoratifs pour la maison de Tonlongeon, à Champlitte, et pour celle de Bauffremont, à Scey-sur-Saône; puis il sculpta en marbre, pour le baron de Breteuil, ministre de Louis XVI, une statue de l'Etude, dans les proportions de la demi-grandeur naturelle; le musée de Besançon conserve le modèle en terre cuite de cette figure. Ce fut alors que la marquise de Ligniville mit le comble aux voeux de notre artiste en le chargeant d'exécuter en pierre de Tonnerre, pour l'église de Saint-Pierre à Besançon, une Vierge au Christ mort, dont la composition remontait à l'année 1771. Ce groupe, qui a retrouvé son emplacement primitif, porte la date de 1787; c'est un morceau remarquable comme sentiment du pathétique et comme science de la musculature. Un encadrement architectural fort riche lui avait été donné par le sculpteur lui-même; mais cet entourage fut mutilé à l'époque révolutionnaire, en même temps que le tombeau des La Baume était pulvérisé dans l'église de Pesmes : de ce dernier ouvrage il ne reste que les maquettes qui se trouvent au musée de Besançon. Pour obtenir le replace ment de sa Pietà dans l'église de Saint-Pierre, Breton dut s'engager, en 1795, à fournir au département et à la commune deux statues en pierre de Tonnerre : l'une, représentant la Liberté, fut placée dans le local des cérémonies décadaires; l'autre, ayant pour sujet la Loi, avait été mise dans la salle des assemblées de la commune; les modèles de l'une et de l'autre sont au musée de Besançon. A ce moment, la Convention créa l'Institut de France, et Breton y eut immédiatement une place d'associé. En dehors des travaux déjà mentionnés de cet artiste, on pourrait citer plusieurs compositions demeurées à l'état d'esquisses et un nombre considérable de bustes ou de grands médaillons, les uns en marbre, d'autres en pierre tendre, la plupart en terre cuite. Tous ces portraits se distinguent par un modelé vrai et une expression sincère. Breton, qui ne s'était pas marié, eut une vie laborieuse et des moeurs austères. Son caractère, fait de loyauté et de rude franchise, se retrouve dans la manière plus énergique que gracieuse qui distingue ses ouvrages. C'est surtout de l'imitation de Puget que son très réel talent procède. Si ce talent se fût exercé à Paris, Breton serait compté à juste titre parmi ceux qui ont fait honneur à récole française de sculpture dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. (Auguste Castan). | ||
François-Pierre-Hippolyte-Ernest Breton est un dessinateur et écrivain d'art français, né à Paris le 21 octobre 1812, mort le 29 mars 1875. Après avoir successivement fréquenté les ateliers de Regnier, Watelet et Champin. Breton voyagea en Italie ou il prit goût aux études archéologiques. Rentré à Paris, il collabora comme dessinateur et écrivain au Magasin universel, au Musée des Familles, à l'Histoire de Paris de Dulaure, au Magasin pittoresque, à l'Encyclopédie du XIXe siècle, etc. Il publia en collaboration avec Achille de Jouffroy un recueil important : Intro duction à l'histoire de France ou description physique, politique et monumentale de la Gaule, jusqu'à l'établissement de la monarchie (1838, in-fol. illustré). Breton fut un des artistes qui illustrèrent les Monuments anciens et modernes de Gailhabaud. Son principal ouvrage dont il fit à la fois le texte et les dessins : Monuments de tous les peuples (1843, 2 vol. in-8 avec 300 Pl.), obtint un grand succès et fut traduit dans plusieurs langues. On lui doit encore : Pompéia (1855, in-8 ; 3e éd. en 1869) ; Athènes décrite et dessinée (1862, in-8; 2e édd en 1868). (E. B.). | ||
Paul-Emile Breton est un ingénieur et mathématicien français, né an Champ (Isère) le 21 avril 1814, mort à Paris le 10 septembre 1885. Entré à l'Ecole polytechnique en 1834 et à l'Ecole des ponts et chaussées en 1836, il devint ingénieur ordinaire en 1841 et ingénieur en chef en 1863, et fut adjoint en 1862 au directeur des cartes et plans (ministère des travaux publics) pour le service du nivellement général de la France. Dans un supplément (Paris, 1858, in-4) à ses Recherches nouvelles sur les porismes d'Euclide (Paris, 1855, in-4), il a examiné et réfuté l'in terprétation proposée par Vincent des textes de Pappus et de Proclus, relatifs aux porismes. On lui doit encore : Traité du nivellement, théorie et pratique (Paris, 1848, in-8; 3e éd. 1875, in-8); Tracé de la courbe d'intrados des voûtes de pont en anse de panier, d'après le procédé Perronet (Paris, 1856, in-4); Courbes de raccordement (Annales des ponts et chaussées, année 1860, mémoires, t. II) ; Traité du lever des plans et de l'arpentage (Paris, 1864, in-8); Question des porismes (Paris, 1865-1873, 2 vol. in-8). (L. S.). | ||
Jules-Adolphe-Aimé-Louis Breton est un peintre français, né à Courrières (Pas-de-Calais) le 1er mai 1827. D'abord élève de Félix de Vigne, dont il épousa la fille en 1858, il entre à l'Ecole des beaux-arts le 6 octobre, 1847, et suit les cours de l'atelier Drolling. Les premières toiles qu'il exposa au Salon, Misère et Désespoir en 1849 (musée d'Arras), la Faim en 1854, ne s'élevaient guère au-dessus de l'anecdote sentimentale. Elles furent peu remarquées. Ses vrais débuts datent du Retour des moissonneurs, en 1853. Il avait trouvé sa voie. Au Salon de 1855 s'affirment encore plus résolument ses intentions, quoiqu'avec un mélange d'affection persistante et qu'il gardera toujours pour le petit sujet de genre (les Glaneuses, le Lendemain de la Saint-Sébastien, Petites paysannes consultant des épis). Il obtint une médaille de troisième classe. La Bénédiction des blés, exposé en 1857 et acheté par l'Etat, fut son premier grand succès. C'est une oeuvre de valeur, de ton peut-être un peu cru, mais d'une rare conscience, où l'on trouve a la fois le respect de l'acte religieux et comme un demi-sourire pour la gaucherie des paysans endimanchés. Une médaille de deuxième classe vint récompenser ce naît effort vers le vrai. Le Salon de 1859 marque un progrès nouveau. Outre de petites toiles d'intérêt médiocre (le Lundi, une Couturière), il y montrait deux oeuvres importantes, la Plantation d'un calvaire et le Rappel des glaneuses, où commencent à percer, surtout dans les Glaneuses, le besoin d'un faire plus large, la recherche du caractère et du style. Il y perdra peut-être en simplicité, et ses paysannes portant leurs gerbes affecteront bientôt des airs de canéphores ; mais pour le moment il savait encore garder la mesure. Il avait obtenu une médaille de première classe en 1859, la décoration de chevalier de la Légion d'honneur en 1861. Il exposait l'incendie, le Soir, surtout le Colza (acheté par le comte de Morny) et les Sarcleuses, deux de ses plus belles oeuvres. En 1863, la Consécration de l'église d'Oignies, tableau commandé par les fondateurs, n'ajoute pas grand-chose à sa gloire (c'était de l'art officiel) et la Faneuse annonce déjà le système. Il se relève en 1864 : les Vendanges à Château-Lagrange (Saint-Julien, Médoc) et une Gardeuse de dindons. Le Salon de 1865 est même un triomphe pour lui. La Lecture n'était qu'un petit sujet de genre; mais dans la Fin de la journée (acheté par le prince Napoléon), de fières silhouettes se détachent avec grandeur sur le fond rouge du couchant. Au Salon de 1867 figuraient le Retour des champs, la Becquée, la Moisson, une Source au bord de la mer. Il reçut une médaille de première classe et la croix d'officier de la Légion d'honneur. En 1868, Femmes récoltant des pommes de terre (belle grav. de Bracquemond) et l'Héliotrope. Pendant les années suivantes, il se prend d'affection pour la Bretagne, et lui demande un renouvellement d'inspiration. La première en date de ces oeuvres émues, où le pieux pays revit dans sa foi robuste et sa grâce sauvage, c'est le Grand pardon breton du Salon de 1869, si profondément recueilli et d'un effet si pittoresque, avec la longue perspective des coiffes blanches qui forment haie devant la procession. Les Lavandières des côtes de Bretagne et la Fileuse (1870) n'offraient rien de saillant. Mais en 1872, ses deux envois très remarqués (Jeune fille gardant des vaches, la Fontaine) lui font décerner la médaille d'honneur. Il s'adresse encore à la Bretagne en 1873 (Bretonne, portant un cierge) et en 1884 (la Falaise). Au Salon de 1875, on vit de lui la Saint-Jean, à celui de 1877 la Glaneuse. A l'Exposition universelle de 1878 reparurent certaines de ses oeuvres récentes auxquelles il ajouta les Amies, la Sieste, les Pêcheurs de la Méditerranée, et des Raccommodeuses de filets. Il expose ensuite des portraits ou quelques figures isolées qui ont le tort de ressembler à des académies. Il faut attendre le Salon de 1882 pour trouver une toile vraiment charmante, le Soir dans les hameaux du Finistère, où la mystérieuse approche de la nuit, la douceur triste du jour tombant, en même temps que l'élégance du type breton, sont exprimées avec un rare bonheur. Viennent enfin : en 1883, l'Arc-en-ciel et le Matin, où deux amoureux campagnards causent séparés par un ruisseau parmi les vapeurs qui se lèvent; en 1884, les Communiantes, oeuvre toute poétique, fraîche et virginale; en 1885, le Dernier rayon et le Chant de l'alouette; en 1886, le Goûter et une Bretonne; en 1887, A travers champs et la Fin du travail, en 1888, Jeunes filles se rendant à la procession et I'Etoile du berger. Jules Breton a été membre de l'Institut à partir de 1886. Il était également poète et a publié deux volumes de vers : en 1875, les Champs et la Mer (Paris, in-18); en 1880, le poème de Jeanne (Paris, in-18). Bien qu'il soit loin de la vérité fruste de Millet, et qu'il arrange volontiers la campagne à l'usage des gens du monde, Jules Breton a rencontré souvent des inspirations délicates. Il y a chez lui un coin inavoué de Léopold Robert, un peu de pose académique. Ses paysannes rêveuses ou superbes sous leur masque de hâle sentent le modèle d'atelier, et même parfois la formule. Il se relève par l'habileté de la mise en scène ou la tendresse du sentiment. (Paul Leprieur). | ||
Emile-Adélard Breton, frère et élève du précédent, est un paysagiste, né à Courrières (Pas-de-Calais). Il expose au Salon depuis 1861. Remarqué de bonne heure pour l'effet puissant, dramatique, bien qu'un peu exagéré de ses paysages, il obtint des médailles en 1866 (un Etang), 1867 (Effet de lune, une Chaumière), 1868 (une Source, la Neige). A l'Exposition universelle de 1878, il reçut une médaille de première classe et la croix de chevalier de la Légion d'honneur. On voit de lui : au musée d'Arras, un Ouragan exposé en 1861; à celui de Boulogne, Soir d'été (1865) ; à celui de Douai, Nuit d'hiver (1874, réexposé en 1878). Le détail de ses oeuvres qui ont figuré au Salon se trouve dans Bellier de la Chavignerie. Recherchant les aspects bizarres, tourmentés ou doucement mélancoliques de la nature, Emile Breton a fini par ériger son goût en système, et a l'air de composer parfois d'après une recette d'école. La poésie prime peut-être chez lui la vérité. Ce qu'il aime, ce sont les fins d'orage, les soleils couchants, les effets de lune avec un ciel sinistre encombré de nuages. Il a peint rarement le printemps, souvent l'automne; mais il est surtout le peintre patenté de l'hiver et de la neige. (P. L.). |
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