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sir Samuel White
Baker, voyageur né dans le Worcestershire en 1821, mort en 1893,
dans le Devon.
Son père, qui était shériff en chef, lui fit donner une excellente éducation,
et l'esprit d'aventures, le goût des voyages se développèrent de bonne
heure chez Baker. En 1845, on le trouve à Ceylan, où, très adroit tireur,
il se livre à la chasse aux éléphants,
tandis qu'il écrit en même temps deux volumes remarquables sur ce pays
et ses habitants. De retour en Angleterre, il ne peut supporter la vie
bruyante et à la fois étroite des grandes villes : "Je me sens comme
une plante malade dans une chambre obscure", écrit-il à cette époque;
et il part pour prêter son concours à la construction du chemin de fer
turc de Varna à Kustendjé (L'agonie
de l'Empire Ottoman).
Plus tard, le public se passionnant pour la découverte des sources du
Nil, Baker veut à son; tour entreprendre une expédition dans ce même
but; sa femme, native de Budapest, se décide
à l'accompagner, et, au printemps de 1861, il organise son expédition
au Caire; son but était de se porter à la
rencontre de Speke et de tirant, en route de Zanzibar
vers le centre de l'Afrique. Toutefois, afin de se bien préparer et pour
se familiariser avec la langue arabe, Baker commença par parcourir en
chasseur les pays situés au Nord de l'Abyssinie
et arrosés par l'Atbara et le Setit, affluents du Nil Bleu. L'hydrographie
de ces fleuves et la part qu'ils ont dans les débordements du Nil furent
relevées par Baker pendant l'année qu'il consacra à cette sorte d'entraînement
: Bibl. Proceedings Royal Geogr. Soc. of London, vol. 10, n° 6,
pp. 279-295. Journal Royal Geogr. Soc. of London, 1863, vol. 33,
pp. 237-241.
Enfin, au mois de juin 1862, Baker arriva
devant Khartoum,
à la jonction du Nil Blanc et du Nil Bleu ; il y arma trois bateaux et
se rendit à Gondokoro (4° 55' lat. N.), où il rencontra en février
1863 Speke et Grant qui
lui donnèrent des nouvelles des grands lacs, sources présumées du Nil;
ces voyageurs avaient vu, à l'Ouest, le lac Kéréoué et poursuivi en
partie la rivière Somerset qui s'en échappe; ils présumaient que celle-ci
se jette plus loin dans un second grand lac où vraisemblablement le Nil
prenait sa source; mais ni l'un ni l'autre de ces voyageurs n'étaient
arrivés à ce second lac, et Baker résolut dès lors de se mettre Ã
sa recherche.
L'hostilité des marchands d'esclaves,
qui voyaient dans son expédition une entreprise dirigée contre leur trafic,
l'empêcha de se porter directement vers le Sud; il fit un crochet à l'Est
et explora les pays encore inconnus d'Ellyria, de Latouka et d'Obbo; de
là il se dirigea par la route indiquée par Speke,
vers les chutes de Karouma du Somerset. Enfin, le 16 mars 1864, il arriva
au lac occidental qu'il cherchait, le Mvoutan Nzigé, près de Vacovia,
qu'il baptisa Lac Albert Nyanza. Il en suivit le bord Nord-Est pendant
dix jours jusqu'à Magoungo, endroit où le Somerset y entre, sans pouvoir
toutefois constater de visu l'écoulement du Nil Blanc ; mais comme
il ne lui restait plus, en somme, que quelques lieues à faire pour atteindre
l'extrémité nord du lac, et comme il rencontra à son retour le Nil Ã
Poundo, par 3° 32' lat. N., il était hors de doute que le Nil Blanc prenait
réellement sa source dans ce lac (Proceedings Royal Geogr. Soc. of
London, vol. n° 1, pp. 6-27.) En mars 1865, Baker revint à Gondokoro,
d'où il rétrograda sur Khartoum, Souakin
et Suez, et retourna en Angleterre. Son voyage complétait, en somme, celui
de Speke ; s'il ne résolut pas entièrement le problème des sources du
Nil, du moins il en indiqua la solution vraisemblable, ce qui lui valut
le titre de baronet et la grande médaille d'or de la Société de géographie
de Londres (L'exploration de l'Afrique).
Mais sa mission en Afrique n'était pas
terminée. Les horreurs de la traite des esclaves, dont il avait été
témoin sur le haut Nil, lui avaient inspiré l'idée d'une vaste répression
dont il rêvait d'être l'âme. C'est ainsi qu'en 1868, il soumettait au
khédive le projet de reconquérir les territoires qui s'étendent depuis
le Nil jusqu'aux grands lacs, d'y établir la souveraineté égyptienne,
d'y abolir la traite des Noirs et d'y introduire des règlements pour le
trafic des caravanes. Le khédive accepta les plans de Baker, le nomma
pacha, et le mit à la tête d'une petite armée munie de vapeurs démontables
et d'abondantes provisions. Partie à la fin de 1869, l'expédition arriva
le 7 juin 1870 à Khartoum où elle rencontra de la part du gouverneur
et des riches traitants une hostilité sourde qui entrava sérieusement
ses opérations; puis, quand elle se lança sur le fleuve, elle eut Ã
lutter contre les obstacles naturels : le Nil Blanc était coupé par une
longue et profonde barre de plantes aquatiques, véritable marais pestilentiel,
où la plupart des compagnons de Baker succombèrent aux fièvres paludéennes;
lui-même atteignit à grande peine Gondokoro, le 15 avril 1871.
Là , Baker éleva une ville qu'il baptisa
Ismaïlia, et déclara la guerre aux habitants de Bari
qu'il vainquit. Après avoir comprimé énergiquement une émeute parmi
ses propres soldats, Baker reprit sa route vers le Sud, Ã la fin de 1871,
avec une caravane notablement réduite; il longea le Nil, traversa Madi,
et forma un camp retranché à Fatiko (3° 16' lat. N.), d'où il opéra
contre les marchands d'esclaves. En cette circonstance, il poussa jusqu'Ã
Marindi, dans le pays d'Ounyoro (2° lat. N.), luttant toujours contre
les négriers et contre les indigènes. Baker réussit à arrêter momentanément
la traite des esclaves et à annexer à l'Égypte ces vastes et belles
contrées; mais cela ne dura guère. En avril 1873, Baker retourna à Gondokoro,
d'où il rentra directement en Angleterre, abandonnant à d'autres le soin
d'achever son oeuvre à peine éclose. En 1879, Baker passa six mois Ã
l'île de Chypre,
puis il rentra en Angleterre pour vivre sur ses terres. (Ad.
Burdo).
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En
bibliothèque - On a de lui les ouvrages
suivants : The rifle and hound in Ceylan (1854); Eight years
wanderings in Ceylan (1866); The Nile tributaries of Abyssinia(1867);
Ismaïla, a narrative of the expedition to central Africa for the suppression
of the Slave trade (1874); Cyprus as I saw it in (1879). |
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