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Dans la mythologie grecque, les Gorgones sont des monstres femelles, étaient soeurs et filles de Phorcys et de Céto. On en comptait trois : Méduse, Sthéno (Sthénée) et Euryale. Homère n'en cite qu'une, qu'il nomme Gorgo. Les Gorgones demeuraient, dit Hésiode, au delà de l'océan, à l'extrémité du monde, près du séjour de la Nuit. Dautres précisaient qu'elles habitaient près du jardin des Hespérides, situé aux environs des colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar). Elles n'avaient qu'un oeil en commun, avaient pour dents des défenses de sanglier (ou même une seule dent commune, plus longue que les défenses des plus forts sangliers), leurs mains étaient d'airain, des ailes d'or étaient attachées à leurs épaules. Leurs cheveux hérissés de serpents : de leurs seuls regards elles tuaient les humains, et, selon Pindare, elles pétrifiaient sur-le-champ quiconque osait les regarder en face. Persée tuant la Gorgone (métope de Sélinonte; musée de Palerme). Seule l'une des Gorgones était mortelle, Méduse. C'est à elle que Persée s'attaqua. Armé d'une "harpé" d'airain, qu'Hermès lui avait donnée, il détourna les yeux et, laissant Athéna guider son bras, il frappa Méduse, puis lui trancha la tête que la déesse attacha à son égide. Après la défaite de Méduse, leur reine, les Gorgones allèrent habiter, dit Virgile, près des portes de l'Enfer, avec les Centaures, les Harpyies et les autres monstres de la mythologie. Selon Athénée, c'étaient des animaux terribles qui tuaient de leur seul regard. "Il y a, dit-il, dans la Libye, un animal que les Nomades appellent Gorgone, qui ressemble à une brebis, et dont le souffle est si empoisonné, qu'il tue sur-le-champ tous ceux qui l'approchent. Une longue crinière lui tombe sur les yeux, et elle est si pesante que l'animal a bien de la peine à l'écarter pour voir les objets qui sont autour de lui; mais quand il s'en est débarrassé, il tue total ce qu'il voit. Quelques soldats de Marius en firent une triste expérience dans le temps de la guerre contre Jugurtha; car, ayant rencontré une de ces Gorgones, et ayant voulu la tuer, elle les prévint, et les fit périr par ses regards Enfin, quelques cavaliers nomades, ayant fait une enceinte, la tuèrent de loin à coups de flèches. "Quelques auteurs prétendent que ces Gorgones étaient de belles filles qui faisaient sur les spectateurs des impressions si surprenantes, qu'on disait qu'elle, les changeaient en rochers; d'autres, au contraire, qu'elles étaient si laides, que leur vue pétrifiait pour ainsi dire ceux qui les regardaient. Pline en parle comme de femmes sauvages. "Près du Cap occidental, dit-il, sont les Gorgates, ancienne demeure des Gorgones. Hannon, général des Carthaginois, pénétra jusque-là, et y trouva dus femmes qui, par la vitesse de leur course, égalent le vol des oiseaux. Entre plusieurs qu'il rencontra, il ne put en prendre que deux, dont le corps était si hérissé de crins, que, pour en conserver la mémoire, comme d'une chose prodigieuse et incroyable, on attacha leurs peaux dans le temple de Junon [Tanit], où elles demeurèrent suspendues jusqu'à la ruine de Carthage."Paléphate rapporte que les Gorgones régnaient sur trois îles de l'océan, qu'elles n'avaient qu'un seul ministre qui passait d'une île à l'autre (c'était là l'oeil qu'elles se prêtaient tour à tour), et que Persée, qui courait alors cette mer, surprit ce ministre au passage de ces îles, et voilà l'oeil enlevé dans le temps que l'une d'elles le donne à sa soeur; que Persée offrit de le rendre, si, pour sa rançon, on voulait lui livrer la Gorgone, c'est-à-dire une statue de d'Athéna, haute de quatre coudées, que ces filles avaient dans leur trésor; mais que Méduse, n'ayant pas voulu y consentir, fut tuée par Persée. Parmi les modernes qui ont expliqué cette fable, il y en a qui prennent les Gorgones pour des cavales de la Libye, enlevées par des Phéniciens, dont le chef avait nom Persée. Ce sont là, disent-ils, ces femmes toutes velues de Pline, qui devenaient fécondes sans la participation d'un mari; ce qui convient aux juments, selon la croyance populaire dont Virgile fait mention dans ses Géorgiques, où il dit qu'elles conçoivent en se tournant du côté du zéphyr. Une Gorgone. Détail d'un vase grec. Louvre. Fourmont trouvait, dans le nom oriental des trois Gorgones , celui de trois vaisseaux de charge qui faisaient commerce sur la côte d'Afrique, où l'on trafiquait de l'or, des dents d'éléphants, des cornes de divers animaux, des yeux d'hyènes, et d'autres pierres précieuses. L'échange qui se faisait de ces marchandises en différents ports de la Phénicie et des îles de la Grèce, aurait été l'explication du mystère de la dent, de la corne et de l'oeil que les Gorgouns se prêtaient mutuellement. Ces vaisseaux pouvaient avoir quelques noms et quelques figures de monstres. Persée, qui courait les mers, s'empara de ces vaisseaux marchands, et en apporta les richesses dans la Grèce. Court de Gébelin ne veut voir dans les Gorgones que la lune, partagée en trois quartiers (car il ne fait pas mention du quatrième où elle est invisible), qui, dès qu'elle paraît sur l'horizon, semble tuer les humains, en les plongeant dans le sommeil. Tous ces auteurs, en somme, n'ont fait qu'ajouter du mythe au mythe. (Noël). |
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