| Les renseignements que nous possédons sur la mythologie slave sont peu nombreux. Au moins peut-on distinguer deux groupes de divinités : le groupe russe et le groupe des Slaves de la Baltique. Avant leur conversion au christianisme, les Russes adoraient Svarog, le dieu du ciel, père de Dagbog, le dieu du soleil, et d'Ogonu, le dieu du feu; Peroun était pour eux le dieu du tonnerre; Volos ou Veles protégeait leurs troupeaux et leurs moissons : Stribeg passait chez eux pour être l'aïeul des vents; Jarylo et Lada présidaient à l'amour et à la génération. Le dieu principal des Slaves de la Baltique était Svatovit ou Svantovit, en l'honneur duquel on célébrait chaque année une grande fête à la fin de la moisson; on croyait que la fécondité ou la disette dépendaient de lui; on lui offrait une partie du butin conquis sur les ennemis. Les autres dieux de ce groupe étaient : Triglav, représenté avec trois têtes, ce qui signifiait peut-être qu'il régnait à la fois sur le ciel, sur la terre et sur les enfers; Radigost, Rugevit et Ranovit, Jarovit, toutes divinités de la guerre. Il n'est pas étonnant que les Slaves de la Baltique, en luttes perpétuelles contre leurs voisins allemands et scandinaves, aient prété à leurs dieux principaux un caractère essentiellement belliqueux. Hamsich (La Science du mythe slave, Lemberg, 1842) est parvenu à dégager des traditions diverses un certain nombre de faits généraux. Si les Slaves ont honoré des divinités des champs, des forêts, des fleuves, etc., ils reconnurent également un dieu suprême, tout puissant, qui laissait le soin de régir les événements terrestres à des dieux subalternes, issus de lui. Ce dieu, on le trouve mentionné sous les noms de Swantevit, Swetovid ou Swiatovit; c'est un dieu de la guerre : un long glaive est suspendu à son côté, et sa main gauche tient un grand arc; près de son idole étaient déposés le frein et la selle que l'on mettait au cheval blanc qui lui était consacré, et que le grand prêtre seul avait le droit de monter. On croyait qu'il chevauchait la nuit sur ce mystérieux coursier, et allait combattre les ennemis de son peuple. Il avait à Arkona, dans l'île de Rügen, un grand temple, qui fut détruit par Waldemar Ier, roi de Danemark. Après Swantevit venaient : Radegast ou Roswodiz, dieu de la force, dont l'idole, placée à Rhétra, avait une tête de taureau, et portait un cygne sur la poitrine; Pérun, dieu de la foudre; Prove, dieu de l'équité et des jugements, représenté sous les traits d'un vieillard au long vêtement, et ayant pour attributs le serpent, symbole de la prudence, et le fer chaud des ordalies; Siwa, déesse de la vie et de l'amour, figurée par une jeune fille aux longs cheveux, couronnée de feuillages, tenant une pomme d'or d'une main et une grappe de raisin de l'autre; Sweitix, dieu des rayons solaires, représenté recouvert de magnifiques vêtements et entouré de flammes; Diewana ou Dziewonna, déesse des forêts; Podaga, qui présidait à la chasse, à la pêche, à l'élève des bestiaux et à l'agriculture, et qu'on figurait sous les traits d'un vieillard, court vêtu, coiffé d'un bonnet pointu, le front surmonté de deux cornes, et tenant d'une main un olifant, de l'autre une houlette; Zislbog, dieu de la pleine lune et du temps; Iutrebog, dieu du matin ou de l'aurore; Bjelbog, le dieu blanc, dieu du bien; Czernebog, le dieu noir, dieu du mal, etc. Les images des dieux slaves rappellent l'Inde d'une manière frappante : c'est la même multiplicité de têtes, de bras et de jambes. Les Slaves croyaient à la résurrection après la mort, à l'immortalité de l'âme, aux peines et aux récompenses futures. Les prêtres, organisés en une hiérarchie régulière, ont dû être primitivement les chefs du peuple, leur nom de Ksiadz ou Kniez ayant la double signification de prêtre et de prince. Ils accomplissaient les cérémonies du culte dans des bois consacrés ou dans des temples : les sacrifices consistaient en boeufs, moutons, fruits; les sacrifices humains, introduits de l'étranger dans quelques tribus, n'y eurent qu'une durée éphémère. (B.). | |