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Joël
(personnage de la Bible).
- Le second des douze petits prophètes, dans le texte hébreu
de l'Ancien Testament,
dans celui de la Vulgate, et le quatrième dans celui des
Septante. Ses prophéties, écrites en hébreu, forment,
en trois chapitres, un des livres canoniques de l'Ancien Testament.
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Le
prophète Joël, d'après Michel-Ange.
(Chapelle
Sixtine).
Le
Livre de Joël.
Les quelques pages qui figurent au recueil
des douze petits prophètes de la Bible hébraïque
sous le nom d'un certain « Joël, fils de Péthuel »
qui vivait dans le royaume de Juda et par ailleurs inconnu, sont intéressantes
à étudier, d'abord parce qu'elles sont d'une facture élégante
et d'une facile intelligence, ensuite parce qu'on y démêle
très aisément les procédés de cette littérature
pseudonyme ou pseudépigraphe, qui fut cultivée avec tant
d'amour par le judaïsme post-exilien dans les quatre siècles
qui précèdent l'ère chrétienne. En effet, l'inauthenticité
ou modernité du livre de Joël est reconnue par la plupart des
critiques et, d'autre part, il n'est pas douteux que son auteur n'ait voulu
faire passer son écrit pour une oeuvre fort ancienne; la synagogue
a même consacré cette prétention en pIaçant
Joël avant Amos, ce qui a engagé autrefois
la critique à revendiquer pour cette composition agréable,
mais nullement antique de langue et d'inspiration, la date du IXe
siècle avant notre ère. Aujourd'hui on la rapporte à
un auteur inconnu du IVe ou, plutôt
encore, du IIIe siècle av. J.-C.
Dans l'ensemble, l'écrivain s'est
proposé de décrire ce qu'on appellera plus tard le Jugement
dernier, c.-à-d. la crise suprême dans laquelle Yahvéh
interviendra comme juge pour punir les méchants, notamment les nations
ennemies des Israélites, et pour inaugurer glorieusement l'ère
messianique. Mais, dans les perspectives qu'il énonce, il n'y a
pas de progression bien sensible; c'est plutôt une série de
tableaux, dans lesquels l'écrivain reprend son thème fondamental
en en variant les aspects, en en distribuant les éléments
d'une façon différente. Prenant texte d'une invasion de sauterelles
(imitée d'une des plaies d'Égypte) et de la dévastation
qui en a été la suite, le prophète se plaint qu'on
soit dans l'impossibilité de présenter désormais offrandes
ou libations dans le temple de Jérusalem;
il engage les prêtres à multiplier les marques de deuil, à
publier un jeûne, à convoquer dans le Temple les anciens du
pays afin d'implorer la clémence divine.
Reprenant ici le thème de l'invasion
des sauterelles, l'auteur en montre, dans un morceau d'une forme achevée,
les désastreuses conséquences; c'est le terrible et redoutable
« jour de Yahvéh ». Mais le
repentir sincère du peuple parviendra à fléchir le
courroux céleste; la famine prendra fin, la fertilité reviendra;
les sauterelles, cause première de la dévastation, seront
jetées hors du pays. Une ère de prospérité
inouïe succédera aux menaces qui ont failli amener la perte
de Jérusalem et des fidèles.
Un second tableau débute par la promesse de l'effusion de l'esprit
divin, qui sera donné à tous dans la mesure la plus abondante.
Des prodiges effroyables marqueront l'arrivée du « jour de
Yahvéh »; le salut sera seulement sur la montagne du Temple,
où Yahvéh abritera ses fidèles. Au suprême assaut
tenté par les nations étrangères contre Jérusalem,
Yahvéh opposera son bras invincible, et les fils d'Israël,
groupés autour du Temple, jouiront désormais, sous la direction
immédiate de la divinité, d'une paix et d'une prospérité
sans égales.
Ce sont là ce qu'on pourrait appeler
des exercices de rhétorique sacrée sur un thème cher
à l'imagination juive après que la restauration des services
du culte eut été opérée par les soins d'Esdras
et de Néhémie; le court livre
de Joël suppose ces services parfaitement organisés de longue
date. C'est une sorte de résumé de l'apocalyptique ou de
l'eschatologie au IIIe siècle avant
notre ère. (M. Vernes). |
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