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Amos, plus
exactement 'Amoç (personnage de la Bible)
est un prophète hébreu sous le nom duquel nous est parvenu
un écrit d'une certaine étendue, le troisième des
petits prophètes dans le canon juif. D'après le titre placé
en tête de ses prophéties, Amos, pasteur de Thécué,
près de Jérusalem, aurait vécu au temps de Jéroboam
II, roi d'Israël, c.-à-d. vers 800 av. l'ère chrétienne,
à une époque de prospérité et de luxe. Le prophète
attaque, en effet, avec une grande vigueur, la corruption des moeurs; aux
sacrifices pompeux il préférerait la justice et la droiture.
Il annonce que Yahvéh va punir les crimes
des Israélites (royaume des dix tribus), en livrant les sanctuaires
principaux à la destruction et en faisant périr la maison
royale de Jéroboam. Ces menaces amènent une altercation entre
lui et les prêtres du sanctuaire de Béthel.
Le fond des prophéties d'Amos, telles
qu'elles nous sont parvenues, a un caractère qui rend vraisemblable
l'ancienneté du texte, mais nous n'en dirons pas autant des détails
qui sont souvent suspects. On y peut signaler des intercalations, des additions,
et, sans doute, des corrections, opérées après la
restauration de Jérusalem. Ainsi
le morceau très élégant qui ouvre ce court volume
(chap. I et II), et où huit peuples sont successivement l'objet
du blâme savamment balancé du prophète, offre les allures
d'une composition de rhétorique de date peu ancienne. La manière
précise dont sont annoncés les malheurs à venir et
la restauration finale (chap. VIII et IX) trahit également une époque
bien postérieure. Le noyau même du volume, où nous
croyons que se trouvent les parties les plus authentiques (chap. III à
VII), offre des traces de remaniement.
La Livre d'Amos n'en est pas moins
un produit très intéressant de l'ancienne littérature
hébraïque. en particulier de la littérature prophétique,
dont il nous offre avec Osée le plus vieux spécimen. S'il
faut, devant l'évidente inauthenticité de passages tels que
celui qui annonce la restauration qui ne devait avoir lieu que deux siècles
et demi plus tard (IX, 11-15), et maint autre, renoncer à sauver
l'intégrité de son oeuvre, nous ne voyons pas de raison décisive
de contester qu'on n'entende dans ce livre l'écho d'une voix éloquente
qui a retenti dans le royaume des dix tribus avant qu'il succombât
sous les coups des Assyriens. (M. Vernes). |
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