![](oeilh.gif) | Krylov (Ivan Andréevitch), célèbre fabuliste né à Moscou le 2 février 1768, mort à Saint-Pétersbourg le 9 novembre 1844. Fils d'un pauvre officier, Krylov eut une jeunesse malheureuse; à douze ans la misère l'obligea d'entrer comme copiste chez un juge. En 1782, il se rendit à Pétersbourg. Passionné pour la lecture et le théâtre, il écrivit dès l'âge de quinze ans une sorte d'opéra, la Prophétesse de café; une librairie lui en donna 60 roubles qu'il employa à l'achat des oeuvres de Racine, de Molière et de Boileau; le commerce de ces écrivains lui inspira le goût des tragédies et des contes satiriques; il écrivit deux tragédies, Cléopâtreet Philomèle. Puis il quitta le service de l'État et fonda plusieurs journaux : la Poste des Esprits, le Mercure de Saint-Pétersbourg, où il publia des nouvelles, des poésies et des articles de critique. Il fit représenter des comédies : la Famille insensée, les Espiègles, l'Ecrivain dans l'antichambre. Devenu secrétaire du prince Galitzine, il passa quelques années dans les domaines de ce dernier, à Saratov , où il peut à loisir observer la vie et les moeurs des paysans russes. En 1806, de retour à Moscou, il sa lia avec Dmitriev, qui l'engagea à traduire quelques fables de La Fontaine. Krylov était désormais lancé dans la voie qu'il devait illustrer. En 1808, il publia un premier recueil de vingt-trois fables; le succès fut immense : jusqu'en 1844, le nombre des exemplaires écoulés dépassa 70 000; honneurs et pensions plurent sur le poète : il fut nommé membre de l'Académie en 1811, attaché à la bibliothèque impériale en 1812, conseiller d'État en 1830, et il mourut après avoir assisté, à Saint Pétersbourg , à son apothéose . Le nom de Krylov est aussi populaire en Russie que celui de La Fontaine l'est en France . Ses fables, par l'esprit vraiment national, l'humeur gaie, la bonhomie naturelle, la vérité des peintures et le charme du langage, ne peuvent être comparées qu'à celles de notre illustre poète; c'est un des livres les plus goûtés des Russes; il est pour les enfants le premier manuel de lecture, on l'apprend par coeur, et beaucoup de vers sont passés en proverbes. Krylov a suscité en Europe toute une littérature de traductions, d'imitations et de commentaires. La statue de Krylov a été placée dans le Jardin d'été à Saint-Pétersbourg. (M.). | |