| Robert le Diable est un poème d'aventures du XIIIe siècle. Une duchesse de Normandie ne pouvait avoir d'enfants : après avoir vainement invoqué Dieu, la Vierge et les saints, elle s'adresse au diable, et devient mère; mais son fils porte la peine de son origine infernale. Impie, déloyal, féroce, il commet tant de crimes, qu'il inspire à tout le monde une profonde horreur. L'isolement où on le laisse le fait réfléchir à son passé; il se repent avec la même ardeur qu'il avait fait le mal, se rend à Rome, et se soumet à une rude pénitence qui lui est imposée par un saint ermite. Bientôt la ville est assiégée par les païens. Un messager céleste apporte des armes à Robert, qui sauve plusieurs fois Rome et l'Empire. Mais, humble dans le succès, il ne se fait pas connaître, et, quand enfin il est convaincu, il refuse la main de la fille de l'empereur, qui lui est offerte pour prix de ses services. Les barons normands qui viennent le supplier de régner sur eux ne sont pas mieux accueillis : Robert demeure dans son ermitage, et y meurt en odeur de sainteté. Ce roman existe à la Bibliothèque nationale de Paris dans un manuscrit du XIIIe siècle; il a été publié par Trébutien, Paris, 1837. Dès 1496, on imprima à Paris la Vie du terrible Robert le Diable, lequel fut après l'homme de Dieu : c'est de là que fut tiré un vaudeville de Robert le Diable, joué en 1843, et l'opéra de même nom, écrit par Meyerbeer sur des paroles de Scribe et de Germond Delavigne, et représenté en 1831. Un Miracle de Nostre Dame de Robert le Dyable a paru à Rouen en 1836 : les éditeurs supposent que Robert le Diable n'est autre que Robert Courte-Heuse, fils de Guillaume le Conquérant. Mais on considère généralement Robert le Diable comme le type idéal de ces seigneurs grossiers et violents qui, après une vie de débauches et de rapines, allaient chercher dans les cloîtres l'oubli et le pardon de leurs crimes. La légende de Robert le Diable existe en prose dans les Chroniques de Normandie, oeuvre du XIIIe siècle. Elle a été reproduite en anglais et en espagnol; enfin elle a inspiré à Manzoni un épisode de son roman des Fiancés. (H. D.).
| En bibliothèque - Histoire littéraire de la France, t. XXII. | | |