| Didascalie. - Ce mot qui, en grec, a plusieurs significations, n'en a plus guère conservé qu'une dans la langue des archéologues modernes. Il désigne à la fois des monuments épigraphiques et des monuments littéraires. Les monuments épigraphiques désignés sous ce nom par les Grecs de l'Antiquité et par tous les modernes sont des comptes rendus des concours tragiques et comiques qui se célébraient chaque année à Athènes pendant les Grandes Dionysies et les Lénéennes. Ces comptes rendus, ces procès-verbaux dressés par les soins de l'archonte et conservés dans les archives de l'Etat, ne furent pas gravés à l'origine. Ils le furent, sous une forme un peu abrégée, à une époque que l'on ne saurait déterminer avec précision, et furent placés dans l'enceinte sacrée de Dionysos et près du théâtre. L'habitude de graver sur marbre les didascalies doit remonter à une date assez ancienne; on peut le supposer du moins d'après l'existence d'inscriptions analogues, contenant simplement le nom du chorège, du poète et de l'archonte; Plutarque (Thémist., 5) mentionne en effet une de ces inscriptions relative à la représentation d'une pièce de Phrynichus en 477 av. J.-C. La plus ancienne didascalie sur marbre que nous connaissions mentionne des concours qui eurent lieu vers la seconde moitié du Ve siècle avant notre ère. Ces didascalies, sous leur forme la plus complète, comprenaient le nom de l'archonte, celui des poètes qui avaient concouru, le rang qui leur avait été assigné par ordre de mérite, la mention des pièces représentées, le nom des protagonistes et, en outre, l'indication des pièces anciennes qui avaient été reprises. Au IVe siècle avant notre ère, Aristote imagina le premier de puiser à ces sources officielles et de publier en un recueil les renseignements qu'elles fournissaient sur les représentations théâtrales; ce recueil conserva le nom donné aux monuments épigraphiques et parut sous le titre de Didascaliai. Après Aristote, les critiques alexandrins, Dicéarque, Callimaque, Aristophane de Byzance, Aristarque, d'autres encore, publièrent des ouvrages du même genre. Mais, de tous ces ouvrages, il ne nous reste que des titres ou des extraits plus ou moins exactement, plus ou moins brièvement rapportés par les scoliastes des tragiques ou des comiques. Le mot didascalie pour les Latins ne désigne aucun monument épigraphique; il s'applique seulement à de courtes notices contenant des renseignements sur la représentation des pièces à Rome. Ces notices sont probablement extraites d'ouvrages chronologiques composés à l'imitation des Didascaliai d'Aristote et de ses imitateurs, des Didascalicon libri d'Accius ou du De Actionibus scenicis de Varron. Elles ne nous sont parvenues qu'en très petit nombre et pour la comédie seulement. On en trouve quelques-unes dans les manuscrits de Plaute, et on en a pour toutes les pièces de Térence, l'Andrienne exceptée. Sous leur forme la plus complète, ces didascalies comprennent : 1° le titre de la pièce et le nom du poète; 2° la fête pendant laquelle a eu lieu la représentation; 3° le nom du personnage qui faisait les frais de la fête; 4° le nom du protagoniste et du directeur de la troupe; 5 ° le non de l'auteur de la musique; 6° le genre des flûtes employées; 7° le titre de la pièce grecque imitée et le nom de son auteur; 8° le rang que la pièce occupait par ordre chronologique parmi les oeuvres du poète latin; 9° le nom des consuls en charge au moment de la représentation. (S. D.). | |