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Champ des Boeufs (en allemand, Ochsenfeld). - Vaste plaine de la haute Alsace, d'une superficie de 10 km² et qui s'étend, à l'entrée de la belle vallée de Saint-Amarin, sur la rive droite de la Thur entre Thann, Cernay, Wittelsheim, Schweighausen, Nieder-Aspach, Ober-Aspach et Leimbach. Son nom, qui figure déjà dans un document de 1407, provient, dit-on, de la grande foire aux bestiaux qui, autrefois, se tenait à Cernay. Entre Wittelsheim et Schweighausen, on voit les vestiges de la voie romaine qui, vraisemblablement, conduisait de Mandeure, par le Champ des Boeufs, à Vieux-Brisach. D'après une étude de Jean Schlumberger (Mittheilungen des Vogesen Clubs, 1883, n° 15), c'est sur le Champ des Boeufs, à l'endroit où il confine aux collines de Rougemont sur les bords du ruisseau de Saint-Nicolas, que Jules César, en 58 av. J.-C., défit l'armée d'Arioviste. Le Champ des Boeufs pourrait en effet bien être la planities magna, dont il est question De Bello gallico, 1, 43; le tumulus terreus du même passage serait alors le Kallberg, la dernière colline qu'on franchit en venant de Belfort et d'où l'on domine la plaine onduleuse du Sundgau. Schoepflin et d'autres érudits ont identifié cette plaine avec le Champ du mensonge. Pendant la guerre de Trente Ans, Bernard de Saxe-Weimar battit sur ce terrain les troupes de Charles IV, duc de Lorraine (bataille de Cernay de 1638). Le 1er juin 1794, la municipalité de Cernay partagea une partie de la plaine entre les habitants de la ville et ceux du village de Steinbach.

Au milieu de l'Ochsenfeld s'élève un bloc erratique, appelé le Bibelstein, sous lequel, d'après une légende, dort l'empereur Frédéric Barberousse. Lorsque tout est silencieux, on entend sous la pierre croître la barbe du puissant monarque. D'après une autre légende, des bataillons d'hommes bardés de fer dorment également dans les profondeurs du Champ des Boeufs; à certaines heures de la nuit, ils se lèvent et, conduits par le prince Charles (Charles le Chauve), ils font en silence le tour de la plaine. On appelle les habitants de Cernay les chevaliers du Champ des Boeufs (Ochsenfeldritter); quand l'un d'eux meurt, on dit qu'il est allé rejoindre les soldats du prince Charles. Le sol de la plaine, formé de gravier vosgien et recouvert d'une couche de terre végétale très mince, est trop perméable pour retenir les eaux. La plaine, stérile, autrefois inculte, est en partie plantée de conifères; les endroits irrigables sont mis en prairie; d'autres enfin sont cultivés. Un asile agricole, fondé, sur le Champ des Boeufs en 1847, par Risler, fut ouvert à une quarantaine d'orphelins des deux sexes, qui, tout en y recevant l'instruction primaire, exploitaient à peu près 15 hectares de terres, dont un planté de vignes. (L. W.).

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Dictionnaire Territoires et lieux d'Histoire
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