| Thomas Wolsey est un cardinal et homme d'Etat anglais, né vers 1475, mort le 29 novembre 1530. Elevé à Oxford, il prit les ordres en 1496, devint chapelain de Henri VII en 1507, sut très bien se pousser à la cour où il gagna des amitiés puissantes. Aumônier de Henri VIII, il put se rendre indispensable au roi et commença vers 1512 à s'occuper des affaires publiques. Il accompagna Henri en France en 1513, se fit donner l'évêché de Tournay, mais ne put occuper son siège qu'il échangea en 1518 pour une pension. Entre temps, il avait obtenu l'évêché de Lincoln (1514). C'est lui qui dirige toute la politique étrangère et jette les bases d'une alliance avec la France. Il organise le mariage de Louis XII avec la soeur de Henri VIII, Mary. Créé cardinal par Léon X en 1515, Wolsey devint lord chancelier en remplacement de Warham. Très habilement, il concentra entre ses mains toute l'autorité, écartant des grandes affaires les nobles et les prélats. Comme on l'a vu, il dirigeait déjà les affaires étrangères, il dirigea bientôt l'intérieur, puis, comme chancelier, il fut à la tète de la justice et, comme légat enfin, il domina l'Eglise. En réalité, par cette centralisation puissante, il préparait le gouvernement personnel de Hen. ri VIII. Naturellement, il suscita de formidables inimitiés, Buckingham mina sa politique étrangère en se faisant avocat de l'Espagne. Wolsey se débarrassa de lui par un procès de haute trahison. Mais les menées de Buckingham devaient porter des fruits. Henri VIII s'ennuyait de la paix, sa femme, Catherine d'Aragon, tenait pour l'Espagne, son neveu, Charles d'Autriche, le poussait dans la même voie (1519). Wolsey essaya en vain de maintenir l'alliance avec François Ier par l'entrevue du Camp du Drap d'or. Dès 1522, l'influence de Charles l'emportait et la guerre était décidée. Wolsey, qui s'était passé pendant huit ans de convoquer le Parlement, parce qu'il prétendait gouverner seul, recourut d'abord à l'expédient d'un impôt forcé, mais cet expédient ne produisit que de maigres revenus, et, en 1523, les Chambres se réunissaient. Elles protestèrent contre le montant des subsides qui leur étaient demandées et furent appuyées dans leurs velléités d'indépendance par un mouvement populaire. Pour empêcher l'insurrection de se propager, Wolsey dut retirer ses demandes. Mais la révolte laissait des germes qui levèrent çà et là et qui se transformèrent en un redoutable mouvement agraire. Avec cela, la guerre avec la France n'avait été profitable que pour l'empereur : l'Angleterre n'en avait tiré aucun avantage. Wolsey s'empressa de conclure une paix honorable et il se détermina, à un coup d'éclat pour empêcher un rapprochement avec l'Espagne qu'il considérait comme désastreux. Il sema habilement dans l'esprit de Henri VIII des doutes sur la validité de son mariage avec Catherine et la légitimité de sa fille Marie, et il poussa activement au divorce (1527). Son but secret était de remplacer Catherine par une princesse française. Mais les événements et le tempérament amoureux du roi vinrent à la traverse la beauté et la rouerie d'Anne Boleyn conseillée par les Norfolk devaient causer sa perte. Norfolk lui succéda au conseil privé. Son premier soin fut de poursuivre à fond Wolsey, On l'accusa d'avoir enfreint la loi de Praemunire en tenant sa cour dans le royaume comme légat du Pape. Atterré, Wolsey offrit à Henri VIII toutes ses charges et toutes ses richesses. Lui, si puissant jadis, connut l'humiliation de se retirer à Esher par la Tamise à la vue de tous les citoyens de Londres qui regardaient en ricanant la petite barque qui le menait, disait-il, à la Tour. Il reçut l'ordre de se rendre dans son diocèse d'York, mais comme il était extrêmement populaire dans les comtés du Nord, on ne tarda pas à se repentir de lui avoir accordé son pardon. On ressuscita contre lui une accusation de haute trahison, il fut arrêété et conduit à Londres par le lieutenant de la Tour. Déjà très affaibli, il ne put résister à ce dernier coup, et il dut s'arrêter à l'abbaye de Leicester où il mourut. (R. S.). | |