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Luca Paciuolo
est un mathématicien italien,
souvent appelé Paccioli ou Pacioli, né en Toscane
à Borgo San Sepolcro vers 1445 (d'où
il prit aussi le nom de Luca di Borgo), mort après 1514,
probablement à Florence, peu de temps après
avoir dédié sa Divina proportione à Pierre Soderini,
gonfalonier perpétuel de la république de Florence. D'abord
précepteur à Venise,
Rome
et Florence, il entra
dans l'ordre des franciscains, et, sous
le nom de Fra Luca Sancti Sepulchri, enseigna successivement les
mathématiques à Pérouse,
à Rome, à Pise et à Venise. Il était lié
d'amitié avec Léonard
de Vinci.
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Luca
Paciuolo (ca. 1445 - ca. 1514).
Ses premiers ouvrages sont perdus, mais
il nous reste sa Summa de Arithmetica, Geometria, Proportioni et Proportionalita
(Venise, 1494), une édition d'Euclide
(ibid., 1509), et la Divina Proportione (ibid., 1509).
Le premier de ces ouvrages a exercé
une influence considérable sur l'enseignement mathématique
au XVIe siècle, preuve qu'il répondait
aux besoins du temps, et il est indispensable de l'étudier, si l'on
veut se former une idée exacte de l'état de la science à
cette époque.
Son algèbre,
que l'auteur appelle Arte maggiore, nous montre qu'on ne savait
alors résoudre que les équations susceptibles d'être
ramenées au second degré, à racines positives, et
que les relations algébriques s'exprimaient, au lieu de signes,
par des abréviations de mots. Du reste, tous les problèmes
à résoudre étaient des problèmes de nombres.
L'un des chapitres contient les quatre règles avec tous les genres
de multiplication et de division usités; le calcul des radicaux
les plus simples, la somme de la série des carrés et des
cubes, etc.
Fidèle à
l'enseignement des Arabes, Paciuolo continua d'appeler la quantité
inconnue, la chose, res, cosa; il la représentait, abréviativement,
par Rj. C'est de là que la nouvelle méthode de calcul,
- qui n'était pas tout à fait l'algèbre moderne, puisqu'on
ne désignait pas encore par des lettres les quantités connues
qui étaient, comme chez Diophante, appelée nombres (numeri)
et représentées par des chiffres, - prit le nom d'art de
la chose, en italien arte della cosa, d'où l'on fit, par
une plaisante corruption, la règle de Coss. Le carré
de l'inconnue (dans les équations quadratiques ou du second degré)
était également, comme chez les Arabes, désigné
par census ou il censo, et la racine portait toujours, comme
chez les anciens, le nom de latus (côté). Quant aux
signes d'opération + et ils étaient représentés
par les initiales des mots qui s'y rapportaient; le signe -, on l'évitait,
parce que les racines négatives n'entraient pas encore en considération
dans les questions proposées.
On a de Paccioli
deux autres ouvrages, dont l'un a pour titre : Libellus in tres partiales
tractatus divisus quorumcumque corporurm regularium et dependentium activae
perseverationis (Venise, 1508), où il est traité des
polygones et des polyèdres réguliers, ainsi que de l'inscription
mutuelle de ces figures les unes dans les autres; l'autre, la Divina
proportione (Venise, 1509), est la division d'une droite en moyenne
et extrême raison, dont l'auteur fait de nombreuses applications.
Ce dernier ouvrage, dont Léonard de Vinci grava les figures, devait
établir géométriquement les règles de tous
les arts.
Ceci dit, Paciuolo n'est nullement un créateur,
mais les emprunts qu'il fit aux écrits inédits et jusqu'alors
négligés de Léonard de Pise
(Fibonacci), son modèle, étaient,
sur bien des points, une révélation. Comme celui-ci, il attribue
les règles de position aux Arabes et les appelle Helcatâym.
Sa méthode se distingue de celle des Grecs par une union constante
de l'algèbre et de la géométrie, caractère
qui se reproduit dans presque tous les écrits mathématiques
semblables du XVIe siècle.
«
ll n'est pas douteux, dit Chasles, que les deux célèbres
géomètres de l'Italie, Cardan et Tartaglia, n'aient dû
leurs connaissances et la méthode qu'ils ont suivie à la
Summa di arithmetica de Lucas di Borgo, qu'ils citent souvent. »
Son style est
assez barbare, mais c'est un auteur clair, méthodique, en un mot,
un bon professeur. (T. / H.). |
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