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Kaab ben Zohaïr, poète arabe contemporain de Mohammed. Son père, Zohaïr ben Abou Solma el-Mazani, était poète lui-même et, suivant une légende, il aurait appris des chrétiens et des juifs la venue prochaine du Prophète et l'aurait annoncée à ses enfants. Comme son frère Bodjaïr s'était converti à l'islam, Kaab lui fit à ce sujet de vifs reproches dans une petite pièce de vers qui contenait des allusions peu flatteuses pour Mohammed. Vivement touché de ces injures, le Prophète déclara que tout musulman qui rencontrerait Kaab aurait le devoir de le tuer. 

Sous le coup d'une pareille menace, le poète effrayé se rendit auprès de Mohammed (630) et là, sans se faire connaître, il lui annonça que Kaab était décidé à embrasser l'islam si on lui assurait la vie sauve. Cette promesse obtenue, il se nomma et récita aussitôt un poème de 57 vers qui, à partir du 36e, contenait le panégyrique du Prophète. Le poème commence par les mots : Banet Soad qui lui servent ordinairement de titre, bien qu'on l'appelle encore le Poème du manteau parce que, au moment où il en entendit le 50e vers, Mohammed avait jeté son manteau vert en présent au poète. Ce manteau, acheté 20 000 dirhems aux héritiers de Kaab, rejoindra à Istanbul dans le trésor des sultans ottomans

Banet Soad appartient au genre panégyrique ou medh : selon la règle adoptée dans ce genre de poème, l'éloge du personnage est précédé d'un récit d'amour divisé en quatre parties : 

1° regrets causés par le départ de Soad, la bien-aimée; 

2° description des charmes de sa personne;

3° rappel des événements heureux et malheureux qui ont accompagné ses amours; 

4° récit des contrariétés qu'elles ont subies du fait des étrangers. 

Le principal mérite de ce poème, aux yeux des musulmans, c'est qu'il marque le terme de la proscription qu'encouraient les poètes de la part de Mohammed aux premiers temps de sa prédication. (O. Houdas).
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