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Histoire de l'Amérique > Les Aztèques
 
Les divertissements chez les Aztèques

Musique et danse

La musique.
Les Aztèques ne connaissaient pas les instruments à cordes, et ceux dont ils faisaient usage se réduisaient au huéhuétlé, au téponastlé, aux trompettes, aux conques marines et à des flûtes, assez ordinairement en terre cuite, qui produisaient des sons aigus. 
• Le huéhuétlé était un cylindre en bois, haut de trois pieds, sculpté, orné de peintures et couvert, à sa partie supérieure, par une peau de cerf que l'on pouvait tendre ou relâcher à volonté, selon que l'on voulait obtenir des sons plus graves ou plus sourds. On jouait de ce tambour en frottant les doigts sur la peau, ce qui demandait une certaine dextérité.

• Le téponastlé est un cylindre creux, en bois, sans autres ouvertures que deux raies longitudinales, parallèles, et peu distantes l'une de l'autre. On frappe entre ces raies avec deux baguettes semblables à celles de nos tambours, mais recouvertes de caoutchouc, pour rendre le son plus doux. Les dimensions du téponastlé variaient beaucoup; il y en avait de petits, que le musicien suspendait à son cou, et d'autres dont la longueur atteignait un mètre et demi. Pour en faire usage, on les posait sur un piédestal qui, assez souvent, représentait un homme accroupi, un jaguar ou un singe. Le bruit produit par ce tambour, que nous avons plusieurs fois entendu résonner, a quelque chose de mélancolique et s'étend à plusieurs kilomètres.

Devons-nous, au nombre des instruments de musique aztèques, ranger les os de cerf, et même parfois humains, que l'on plaçait, le jour de leurs funérailles, entre les mains des morts de qualité? Ces os, couverts d'entailles dans le sens de leur longueur, se frottaient soit l'un contre l'autre, soit contre un coquillage. On devine le son qu'ils produisaient, et qui certes manquait d'harmonie. 

Enfin, citons encore l'axacaxtli, sorte de calebasse percée de trous que l'on remplissait de petites pierres. Ces énormes grelots, secoués de façon à suivre la mesure des autres instruments, faisaient office de castagnettes.

Les tambours, les flûtes, voire les conques, accompagnaient de leur bruit les hymnes chantés dans les temples, hymnes psalmodiés sur un ton rude, monotone. Les Aztèques y prenaient tant de plaisir, qu'ils chantaient parfois durant des journées entières. 

La danse.
Les Mexicains étaient très habiles dans l'art chorégraphique et s'y exerçaient dès leur jeunesse sous la direction des prêtres. Leurs danses, assez variées, portaient différents noms. Ils dansaient soit en rond, soit disposés par files entre lesquelles un danseur exécutait des pas de fantaisie, et souvent les femmes prenaient part au divertissement. Les nobles, pour cette récréation, revêtaient leurs habits les plus luxueux et se paraient de bijoux d'or, d'argent ou de plumes. Ils portaient un léger bouclier d'une main, et, de l'autre, ils s'armaient d'une des gourdes remplies de pierres dont nous avons parlé. En exécutant leurs pas, ils agitaient ce grelot de façon à suivre la cadence des airs joués par les musiciens. Quant aux plébéiens, ils s'affublaient, pour danser, de déguisements en papyrus, en peaux ou en plumes, simulant des animaux.

Les danses ordinaires, c'est-à-dire celles qui avaient pour but de divertir les nobles dans leurs palais; celles auxquelles on se livrait dans les temples, par dévotion, ou encore celles qui s'exécutaient dans les maisons à l'occasion d'une fête domestique, ne réclamaient qu'un nombre limité de partenaires. Ceux-ci formaient alors deux lignes parallèles et dansaient côte à côte, ou en se faisant face. Parfois les deux lignes se croisaient, ou bien un danseur renommé se plaçait entre elles et dansait seul.

Aux grands ballets commémoratifs, qui avaient lieu soit sur les places des marchés, soit sur l'assise supérieure des temples, prenaient part plusieurs centaines de personnes. Les musiciens se plaçaient au centre de la place, et les nobles, se tenant près d'eux, formaient plusieurs cercles concentriques qui se mettaient à tourner. Chaque danseur, tout en exécutant ses pas, devait conserver son rang. Le dernier cercle, ayant plus d'espace à parcourir que les autres, était par cela même plus animé. A peu de distance de ceux des nobles, les plébéiens organisaient d'autres cercles, puis d'autres étaient formés par les jeunes gens.

Des chants accompagnaient presque toujours les danses; ils étaient graves au début; mais, lorsque les musiciens et les danseurs s'animaient, le chant s accélérait pour conserver la mesure. D'ordinaire, un danseur entonnait un vers, et tous les assistants lui répondaient. Entre les lignes des cercles, des bouffons s'ingéniaient pour amuser la foule par des pas grotesques. Lorsqu'un cercle était fatigué, un autre se formait aussitôt pour le remplacer.

Tel était l'ordre consacré des ballets ordinaires; cependant d'autres danses, par leur caractère, se rattachaient à l'art dramatique, car elles figuraient un épisode de la vie des dieux, une action héroïque, des scènes de guerre ou de chasse.

Non seulement les prêtres, les nobles et les élèves des deux sexes renfermés dans les séminaires se livraient à la danse, mais le roi lui-même, dans les cérémonies religieuses ou comme récréation, prenait part à ce divertissement. Seulement, il dansait toujours à l'écart, par respect pour sa dignité.

Une danse singulière, très en honneur dans le Yucatan, nous a été décrite par les historiens. On plantait un mât, haut de quinze ou vingt pieds, à l'extrémité supérieure duquel on attachait de nombreux cordons de couleurs variées et d'une grande longueur. Des danseurs saisissaient chacun un de ces cordons, puis, au son des instruments, ils se croisaient, se mêlaient et formaient peu à peu autour du mat une tresse aux dessins symétriques. Lorsque les cordons devenaient trop courts, ils défaisaient la tresse en exécutant de nouveaux pas.

La danse n'est plus guère de mode parmi les descendants des Aztèques; toutefois, dans les villages éloignés des villes, pendant la célébration de la messe, il n'est pas rare de voir un Indien se lever à l'improviste et se mettre à danser. 
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Une fête aztèque. Durant les célébrations du dixième mois, un poteau était érigé en l'honneur
de la chute des fruits (Xocotl Huetzi). Des enfants dansaient autour. Codex Borbonicus.

Sports et jeux

Le théâtre et la chorégraphie ne constituaient pas les seuls divertissements des Mexicains, ils avaient institué des jeux publics pour égayer certaines solennités, et possédaient aussi des jeux particuliers. Dans la première catégorie, il faut ranger les courses à pied et les simulacres de bataille. C'étaient là des jeux utiles, car, outre le plaisir qu'ils procuraient à la foule, ils offraient aux soldats des occasions d'exercer leur agilité et de s'aguerrir aux périls qu'ils devaient affronter.

Le volador.
Un divertissement moins utile, mais plus célèbre, était le jeu nommé par les Espagnols volador, mot qui ne peut guère se rendre en français que par celui d'homme volant. Pour ce jeu, on se procurait un arbre d'une grande hauteur, fort et droit, et, après l'avoir dépouillé de son écorce, on le plantait au milieu d'une place. A son sommet, on plaçait un cylindre de bois, duquel pendaient quatre cordes destinées à soutenir un châssis de forme carrée. Entre le cylindre et le châssis, on attachait quatre nouvelles cordes, on les enroulait d'autant de tours que, réglementairement, devaient en décrire les hommes volants, puis on les faisait passer au travers de trous pratiqués aux angles du châssis. Alors des Indiens, affublés de façon à simuler des aigles ou d'autres oiseaux, montaient avec agilité jusqu'au cylindre. Après avoir dansé sur son étroite plate-forme pour divertir la foule, ils s'attachaient chacun à une des cordes, puis, étendant leurs ailes, ils se lançaient dans l'espace. L'impulsion de leur élan faisait tourner à la fois le cylindre et le châssis. Le premier, dans son mouvement, déroulait les cordes auxquelles les hommes volants étaient attachés et, à chaque évolution, leur faisait décrire une courbe plus grande. Pendant cette descente, un Indien, debout sur le cylindre mouvant, agitait une bannière ou frappait sur un tambour, sans s'inquiéter de sa position périlleuse. En même temps, d'autres Indiens dansaient sur le châssis, et lorsque les hommes volants étaient prêts à toucher le sol, ces hardis acrobates se laissaient glisser le long des cordes qui les soutenaient, de façon à toucher la terre en même temps qu'eux. Dans leur descente, ces hommes passaient souvent d'une corde à l'autre avec intrépidité.

Un des points importants de ce jeu consistait à proportionner avec exactitude la longueur des cordes à la hauteur du mât, afin que les hommes volants touchassent terre au treizième tour, chiffre qui représentait le quart du siècle aztèque. Ce jeu dangereux, longtemps prohibé par les Espagnols, est néanmoins un des divertissements favoris des modernes Aztèques, mais les idées religieuses qui le réglaient autrefois sont maintenant oubliées. 

Les acrobates.
Il y avait, parmi les Aztèques, des acrobates d'une agilité extraordinaire. Ainsi, un d'eux se couchait sur le sol et, levant les jambes, soutenait une poutre en équilibre sur ses pieds, puis la faisait sauter, danser, tourner avec vélocité, sans jamais la laisser choir. Parfois deux hommes se plaçaient à califourchon aux deux extrémités de cette poutre, et suivaient ses évolutions. D'autres s'appuyaient une perche sur l'épaule et un de leurs compagnons, grimpant jusqu'à l'extrémité de ce mât, s'y tenait en équilibre.

Le jeu de balle.
Parmi les jeux, peut-être faut-il placer en première ligne celui de la balle. Le lieu où l'on se livrait à ce divertissement, d'après Torquémada, avait la forme d'un immense quadrilatère, clos de murs plus épais à leur base qu'à leur sommet, et moins élevés aux extrémités du champ que sur ses côtés. Ces murs, blanchis :à la chaux, étaient lisses et couronnés de créneaux. Deux figures de dieux, probablement celles d'Omécatl, dieu de la joie, étaient amenées de nuit et placées au pied des petits murs, avec des pratiques rituelles.

La balle dont se servaient les joueurs, faite de gomme élastique, rebondissait à de grandes hauteurs. Les joueurs luttaient deux contre deux ou trois contre trois, et, de leurs vêtements, ne gardaient que la ceinture. La règle du jeu voulait que la balle, lancée d'une extrémité du champ, allât, soit d'un seul trait, soit en rebondissant, frapper le mur opposé. Mais on ne devait la toucher qu'avec le poignet, le genou ou le coude, sous peine de perdre un point.
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Jeu de pelote aztèque.
Jeu de pelote aztèque. La partie supérieur de l'image indique la date à laquelle la partie
a été jouée. Codex Columbinus.

Le peuple, à ce jeu, perdait en paris des épis de maïs, des habits, et parfois sa liberté; les riches, des bijoux d'or, d'argent, ou des plumes. Au milieu de l'enceinte, deux pierres, semblables aux meules de nos moulins, et percées à leur centre d'un trou un peu plus large que la grosseur de la balle, étaient placées debout. Le joueur dont la balle traversait un de ces trous - fait très rare - gagnait non seulement la partie, mais les vêtements de toutes les personnes présentes. Du reste, un pareil coup se célébrait comme une action d'éclat.

On peut juger combien ce jeu devait être populaire chez les nations qui peuplaient l'Anahuac, par le tribut de balles que les villes payaient au roi. Or Tochtépec et Otatitlan, pour leur part, en envoyaient jusqu'à seize mille au trésorier royal.

Le patolli.
Un jeu plus intime, nommé patolli, consistait à dessiner sur une fine natte de palmier un carré, coupé de deux lignes diagonales et de deux transversales. On jetait en guise de dés de gros Haricots marqués de points, et, selon le chiffre atteint, l'on retirait ou l'on posait de petites pierres aux angles formés par les lignes. Celui qui le premier rangeait ses pierres en trois files gagnait la partie.

Le toléqué.
Bernal Diaz mentionne un jeu avec lequel Motecuzoma, pendant sa captivité, se divertissait avec Cortez. Ce jeu, qui d'après lui se nommait toloqué, consistait à lancer de petites boules d'or contre une plaque de même métal, servant de but. Celui qui touchait cinq fois la plaque d'or gagnait un bijou. (L. Biart.).

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