| Prosper Victor), Considérant est un homme politique et socialiste, né à Salins le 12 octobre 1808, fils de Jean-Baptiste Considérant (1771-1827), professeur d'humanités et bibliothécaire à Salins. Élève de l'École polytechnique, il entra dans l'artillerie et, parvenu au grade de capitaine, démissionna pour seconder Fourier dans la propagation des doctrines socialistes qui l'avaient séduit. Il eut dès l'abord une influence prépondérante sur la diffusion du fouriérisme qui s'immobilisait dans la voie spéculative. Il fit ouvrir des conférences à Paris et installa à Metz le premier cours public sur la théorie. Plusieurs adeptes du saint-simonisme passèrent alors à Fourier, entre autres Jules Lechevalier et Abel Transon; une foule d'ouvrages de propagande furent écrits et le journal le Phalanstère fut fondé. Considérant y collabora activement comme il avait fait au Nouveau Monde et à la Réforme industrielle. De même, il contribua à l'établissement si longtemps désiré par Fourier d'un phalanstère à Condé-sur-Vesgres. L'entreprise avorta, le journal le Phalanstère disparut faute de fonds. Ce fut encore Considérant qui releva le drapeau du fouriérisme en fondant la Phalange. Après la mort du maître, il devint sans conteste le chef de l'école, établit, sans se laisser décourager par des échecs répétés, des phalanstères sur divers points de la France et à l'étranger, publia la Démocratie pacifique, ouvrit de nouveaux cours publics. Elu conseiller général de la Seine, il devint en 1848 représentant du peuple à l'Assemblée constituante pour le département du Loiret. Avec Jules Simon et Louis Blanc, il rédigea au moment des journées de juin une proclamation aux ouvriers qui fut dédaigneusement écartée par l'Assemblée, et après l'élection de Louis-Napoléon il combattit avec ardeur la politique de l'Élysée. Il fut député de la Seine à la Législative (13 mai 1849) et siègea à la Montagne. Un mois après, de concert avec Ledru-Rollin et Félix Pyat, il signait, dans les bureaux de son journal, l'appel aux armes qui amena l'échauffourée du Conservatoire des arts et métiers (13 juin 1849). Il passa en Belgique et fut condamné par contumace par la haute cour de Versailles. Il partit ensuite pour le Texas (1853) avec l'intention d'y fonder un phalanstère, revint en Belgique l'an d'après et fut emprisonné comme auteur de complot contre un État voisin; remis en liberté faute de preuves, il retourna aux États-Unis et y créa en commandite la colonie phalanstérienne de la Réunion, tentative qui échoua aussi misérablement que les précédentes (1863). Il rentra en France en août 1869 et y demeura dans une profonde obscurité. (R. S.).
| En bibliothèque - Parmi les nombreux écrits de Victor Considérant nous citerons : Destinée sociale (Paris,1834.44, 3 vol.in-8); Considérations sociales sur l'architectonique (1834, in-8); De la Politique générale et du rôle de la France en Europe (1840, in-8); Théorie de l'éducation naturelle et attrayante (1845, in-8); Exposition abrégée du système phalanstérien de Fourier (1843, in-32); De la Souveraineté et de la régence (1842, in-8); Principes du socialisme (1847, in-18); le Socialisme devant le vieux monde (1848, in-8); les Quatre Crédits (1851, in-18); la Solution ou le gouvernement direct du peuple (1851, in-8); Au Texas (1854, in-8); Du Texas (1857, in-8); Description de phalanstère (1848, in-12); Mexique. Quatre Lettres au maréchal Bazaine (Bruxelles, 1868, in-16). Reybaud, Études sur les réformateurs ou socialistes modernes; Paris, 1864, 2 vol.,in-12, 7e éd. - E. de Mirecourt, V. Considérant; Paris, 1858, in-32. - Ferrari, Des Idées et de l'école de Fourier depuis 1830, dans Revue des Deux Mondes d'août 1845. | | |