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Les
premiers habitants des Tonga étaient des Lapita, une population
de navigateurs qui se sont installés dans la région vers 1000 av. JC.
Les archéologues ont trouvé des artefacts en poterie datant de cette
époque, et qui témoignent de la présence de cette civilisation dans
les îles du Pacifique. Entre le Xe et
le XVe siècle, les Tonga développèrent
un empire puissant sous la direction des Tuʻi Tonga, une lignée de rois
qui gouvernaient non seulement les îles Tonga, mais à partir de 1200
a étendu également son influence sur une grande partie du Pacifique occidental,
dont les îles Samoa, les îles Fidji
et peut-être jusqu'à Tahiti.
La dynastie des Tuʻi Tonga a été fondée par ʻAhoʻeitu. Le roi avait le statut de figure semi-divine, ce qui renforçait son autorité. On ne l'approchait qu'en rampant. L'Empire Tonga exerça une domination militaire et culturelle dans la région, et ses rois étaient reconnus comme des arbitres des conflits dans le Pacifique. Les Tonga avaient des échanges commerciaux et culturels avec les Fidji et les Samoa, ainsi que pour leur expertise en construction de pirogues. L'empire a commencé à décliner au XIVe siècle, après avoir sombré dans les guerres civiles. Une défaite militaire à Samoa, et des conflits politiques internes ont vu les dirigeants successifs assassinés. Au milieu du XVIe siècle, certains Tongiens étaient d'origine samoane et l'administration quotidienne de Tonga a été transférée à un nouveau poste occupé par des Tongiens d'origine. Cela conduisit à la création d'une nouvelle lignée, les Tuʻi Haʻatakalaua. À partir de cette époque, l'administration des Tonga fut ainsi divisée entre trois lignées royales : les Tuʻi Haʻatakalaua, qui prirent en charge les affaires politiques, les Tuʻi Tonga qui conservaient un rôle religieux, et plus tard, les Tuʻi Kanokupolu. Les Tuʻi Kanokupolu, fondés par des chefs venus des Samoa, finirent par devenir la dynastie dominante au XVIIIe siècle. L'archipel des Tonga fut atteint par les Européens en 1616, lorsque Willem Schouten et Jacob Le Maire visitèrent l'archipel. En 1643, Abel Tasman vit les îles méridionales. Cependant, les contacts restèrent sporadiques jusqu'au siècle suivant. Cook y vint en 1773, puis, en 1777, il y séjourna quatre mois et donna une description détaillée des îles des Amis (un nom qu'il leur avait donnée à cause de l'accueil positif qu'il pensait y avoir reçu, alors même que les Tongiens qu'il rencontrait cherchaient des moyens de le tuer...). Les îles septentrionales ne furent aperçues qu'en 1781, par l'Espagnol Maurelle. Les Tonga commencèrent évangélisées à partir des années 1820. Au début du XIXe
siècle, les Tonga furent déchirées par des guerres civiles et des luttes
pour le pouvoir. Des conflits éclatèrent entre les différentes lignées
royales, notamment les Tuʻi Tonga et les Tuʻi Kanokupolu. Finalement,
les Tuʻi Kanokupolu, dirigés par Taufaʻahau, prirent le dessus.
En 1845, Taufaʻahau, chef des Tuʻi Kanokupolu, unifia les Tonga sous son autorité après avoir vaincu ses rivaux. Il prit le nom de George Tupou Ier (ou Tuabou I) et se déclara roi des Tonga. Sous son règne, les Tonga se transformèrent en un royaume moderne. Il introduisit une constitution en 1875, faisant des Tonga une monarchie constitutionnelle, une première dans le Pacifique. Cette constitution garantissait la liberté religieuse et abolissait les formes d'esclavage existantes. Le roi, assisté d'un conseil privé, partagea dès lors son pouvoir avec une assemblée législative composée moitié de la noblesse héréditaire, moitié de membres élus par le peuple. Le pouvoir exécutif avait à sa tête un premier ministre, qui était également le président du Parlement. Le pouvoir judiciaire était exercé par des cours de justice, dont les membres étaient choisis parmi les nobles, chefs de district. On retrouve aujourd'hui à peu près la même organisation. Une simple réforme de la Constitution de 1875 a eu lieu en 1967. George Ier Tuabou eut pour successeur son arrière-petit-fils, George Taufaahau (né le 18 juin 1874), qui prit le nom de George Tuabou II. Dans les dernières années du règne de George Ier, l'autorité était en réalité aux mains du missionnaire wesleyen Baker, dont les intrigues avaient amené à une sorte de schisme religieux. Des traités d'amitié ont été conclus avec l'Allemagne, le 1er novembre 1876, la Grande-Bretagne (29 novembre 1879), et les États-Unis le 1er août 1888. Le gouvernement allemand qui, en avril 1886, avait conclu avec la Grande-Bretagne un traité où les deux puissances s'engagèrent à respecter la neutralité des îles Tonga, y a renoncé le 19 décembre 1899, et l'Angleterre a placé ces îles sous son protectorat en 1900. Cela permit aux Tonga de conserver leur monarchie et une grande autonomie interne, tandis que la Grande-Bretagne se chargeait des affaires étrangères et de la défense. Les sujets britanniques y étaient alors soumis à la juridiction de la cour du Tonga pour offenses contre les lois tongiennes, tels que délits de douane, taxes, quarantaine, police locale; sous les autres rapports, ils relevaient de la juridiction du haut commissaire des îles occidentales du Pacifique (institué en 1897). A l'exception d'un petit nombre d'Européens employés dans les douanes, l'éducation et le service médical, tous les fonctionnaires du royaume étaient Tongiens. Il était interdit aux étrangers de devenir propriétaires fonciers dans l'archipel. C'était dans la résidence royale officielle, à Nukualofa, que se trouvaient le siège du gouvernement et les consuls de différentes puissances. Le règne de la reine Salote Tupou III, entre1918 et 1965, fut marqué par des réformes sociales, l'amélioration de l'éducation et une plus grande stabilité politique. Elle jouissait d'une immense popularité, aussi bien à Tonga qu'à l'étranger, notamment pour sa participation au couronnement de la reine Élisabeth II en 1953. En 1970, les Tonga mirent fin à leur statut de protectorat britannique et devinrent un État pleinement indépendant au sein du Commonwealth. Bien que la monarchie ait été modernisée, la structure sociale traditionnelle resta en grande partie intacte. Taufaʻahau Tupou IV a succédé Salote Tupou III en 1965. Sous son règne, les Tonga ont vu une modernisation progressive, bien que la monarchie et le gouvernement centralisé soient restés fermement en place jusqu'au début des années 2000. Le roi Tupou IV a encouragé le développement des infrastructures, l'éducation et les réformes économiques pour attirer des investissements étrangers. Sous sa direction, les Tonga ont développé une petite industrie de pêche et a encouragé l'agriculture d'exportation. Cependant, ces réformes ont surtout bénéficié bénéficié à l'élite, laissant de nombreux Tongiens dans une situation économique précaire. Au fil du temps, des critiques croissantes se sont fait entendre au sujet de la gestion des affaires économiques et de l'autoritarisme de la monarchie. Les privilèges royaux et la mainmise des élites ont commencé à provoquer un mécontentement populaire, notamment parmi les jeunes Tongiens et les membres de la diaspora. Les années 1980 et 1990 ont vu l'émergence d'un mouvement pro-démocratique aux Tonga, demandant une réduction des pouvoirs de la monarchie et des réformes politiques pour permettre une plus grande participation démocratique. Le mouvement a été mené par des personnalités comme ʻAkilisi Pohiva, un enseignant et politicien, qui est devenu un symbole de l'opposition démocratique. Il a demandé la fin de la domination des nobles et de la monarchie sur le gouvernement, ainsi qu'une représentation populaire plus forte. Pendant cette période, les Tonga ont aussi été confrontées à des pressions internationales, notamment de la part des organisations de défense des droits humains et des institutions financières, pour moderniser leur système politique et réduire la corruption. Le mécontentement populaire a culminé en 2006 avec des manifestations massives à Nukuʻalofa, la capitale des Tonga, réclamant des réformes démocratiques. Les manifestants, principalement des jeunes, ont dénoncé l'immobilisme politique et l'inégalité économique dans le pays. Ils exigeaient des réformes démocratiques immédiates, et les violences ont mis en évidence l'ampleur du mécontentement social. Ces manifestations ont dégénéré en violences le 16 novembre 2006, entraînant des pillages et des incendies qui ont détruit une grande partie du centre-ville de Nukuʻalofa. En réponse aux troubles, le roi George Tupou V (qui avait succédé à son père en 2006) et le gouvernement ont finalement promis des réformes politiques pour apaiser les tensions. Ces événements ont précipité la transition vers une monarchie plus constitutionnelle. En 2010, un pas historique fut franchi avec l'introduction de réformes démocratiques majeures. Pour la première fois, une majorité des membres du Parlement tongien furent élus par le peuple, réduisant ainsi le contrôle direct de la monarchie sur le gouvernement. Les élections parlementaires de novembre 2010 furent les premières à se dérouler sous le nouveau système. Le parti pro-démocratie, dirigé par ʻAkilisi Pohiva, obtint une grande partie des sièges, bien que les nobles conservèrent encore des sièges réservés. En parallèle de ces réformes, le roi George Tupou V abandonna volontairement de nombreux pouvoirs exécutifs qu'il détenait, permettant au gouvernement et au Parlement de jouer un rôle plus important dans les affaires de l'État. Après la mort de George Tupou V en 2012, son frère, Tupou VI, devint roi. Sous son règne, les Tonga ont continué leur chemin vers la démocratie tout en restant une monarchie constitutionnelle. ʻAkilisi Pohiva, leader du mouvement pro-démocratie, devint Premier ministre à la suite des éléctions de 2014, après plusieurs tentatives infructueuses au cours des décennies précédentes. Il fut réélu en 2017, malgré une opposition persistante des nobles et de l'élite. En 2019, le Premier ministre ʻAkilisi Pohiva, figure emblématique du mouvement pro-démocratie, est décédé. Des élections anticipées ont eu lieu, et son successeur, Pōhiva Tu’i’onetoa, a été élu Premier ministre. Cependant, les défis politiques liés à la démocratie et à l'équilibre des pouvoirs entre la monarchie, les nobles et les représentants du peuple continuent de façonner la scène politique tongienne. Ajoutons que les Tonga sont particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles. L'archipel a été touché à plusieurs reprises par des cyclones destructeurs, dont le cyclone Ian en 2014 et le cyclone Gita en 2018 (, la plus forte tempête jamais enregistrée à avoir frappé Tonga), qui ont causé des destructions massives aux infrastructures et aux habitations. En tant que petit État insulaire, Tonga est très exposé à la montée du niveau des mers et aux effets du réchauffement climatique, ce qui menace ses terres agricoles, ses habitations côtières et ses écosystèmes marins. |
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