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L'histoire de Saint-Vincent et les Grenadines
Avant l'arrivée des Européens, l'île de Saint-Vincent et les autres îles des Grenadines étaient habitées par les Arawaks, qui s'étaient établis dans les îles entre 200 et 300 ap. JC. Les Caribs, une population plus guerrière, ont ensuite envahi l'île vers 800, supplantant les Arawaks et dominant la région.

L'île de Saint-Vincent a probablement été aperçue par Christophe Colomb lors de son troisième voyage en 1498. Cependant, contrairement à d'autres îles des Caraïbes, les Européens n'ont pas immédiatement colonisé Saint-Vincent en raison de la résistance des Caribs. L'un des aspects uniques de l'histoire de Saint-Vincent est l'émergence des Caribs noirs ou Garifunas. Cette population est née du mélange entre les Carbs et des esclaves africains qui ont survécu à des naufrages ou qui se sont échappés des navires négriers au XVIIe siècle. Ces Africains ont été assimilés dans la société caraïbe, formant une culture distincte et résistante, qui jouera un rôle clé dans la résistance contre les colons européens. Les Caribs noirs se sont établis comme une force importante sur l'île, rendant toute tentative de colonisation difficile pour les Espagnols, puis pour les autres puissances européennes.

Au début du XVIIe siècle, les Français et les Britanniques se sont intéressés à Saint-Vincent en raison de sa position stratégique dans les Antilles. Saint-Vincent fut finalement colonisée par des trafiquants d'esclaves français. En 1719, des colons français venus de la Martinique s'installent dans les Grenadines et commencent à cultiver des plantations de sucre, de tabac et de coton. Mais en 1763, à la fin de la guerre de Sept Ans, le Traité de Paris accorde Saint-Vincent à la Grande-Bretagne. Les Français et les Garifunas ont continué à résister au contrôle britannique. Elle fut reprise en 1779 par la France et restituée en 1783 à l'Angleterre. Les Britanniques appréciaient Saint-Vincent en raison de la fertilité de son sol, qui permettait la création de plantations florissantes de sucre, de café, d'indigo, de tabac, de coton et de cacao, gérées par des esclaves.  

Sous la domination britannique, la tension entre les colons et les Garifunas s'est intensifiée. En 1795, un chef Garifuna nommé Joseph Chatoyer a dirigé une rébellion majeure contre les Britanniques. Cette révolte, connue sous le nom de guerre des Caraïbes, a reçu le soutien des Français. La révolte a finalement été réprimée par les Britanniques en 1797. À la suite de cette défaite, les Britanniques ont déporté environ 5000 Garifunas vers l'île de Roatán (au large du Honduras), marquant la fin de la résistance autochtone à Saint-Vincent. Cette déportation a entraîné la dispersion des Garifunas à travers l'Amérique centrale, où leur culture existe encore aujourd'hui.

Après la répression de la révolte garifuna, les Britanniques ont consolidé leur contrôle sur Saint-Vincent et les Grenadines. Ils ont établi un système de plantations, qui reposait sur l'esclavage africain, pour cultiver la canne à sucre, le coton, et le café. L'économie de l'île dépendait largement du travail des esclaves jusqu'à l'abolition de l'esclavage dans l'Empire britannique en 1834. Après l'abolition, la transition vers le travail libre a été difficile. L'immigration de travailleurs sous contrat a atténué la pénurie de main-d'oeuvre qui s'ensuivit. Les conditions restèrent toutefois difficiles pour les anciens esclaves et les travailleurs agricoles immigrés, car la baisse des prix mondiaux du sucre a fait stagner l'économie jusqu'au début des années 1900. L'économie agricole a continué de dominer, mais les conditions de vie des anciens esclaves et de leurs descendants sont restées précaires. Le pouvoir est resté concentré entre les mains de l'élite des planteurs européens. L'économie est alors entrée dans une période de déclin, de nombreux propriétaires fonciers abandonnant leurs domaines et laissant les terres être cultivées par des esclaves libérés. 

Au début du XXe siècle, comme dans de nombreuses colonies des Caraïbes, le mouvement pour des droits politiques et sociaux a commencé à prendre de l'ampleur. En 1925, un conseil législatif élu est créé, bien que le gouverneur britannique conserve un pouvoir significatif. Saint-Vincent a fait partie de plusieurs tentatives de fédération dans les Caraïbes. En 1958, l'île a rejoint la Fédération des Indes occidentales (Federation of the West Indies), un projet qui visait à unifier les colonies britanniques des Caraïbes dans une seule entité politique. Cependant, cette fédération a échoué et s'est dissoute en 1962. Après la dissolution de la fédération, Saint-Vincent est devenu un État associé de la Grande-Bretagne en 1969, ce qui lui a donné le contrôle de ses affaires internes tout en restant sous souveraineté britannique pour les affaires étrangères et la défense.

Finalement, Saint-Vincent et les Grenadines ont obtenu leur indépendance le 27 octobre 1979. Milton Cato, leader du Parti travailliste de Saint-Vincent, est devenu le premier Premier ministre du pays. Saint-Vincent et les Grenadines ont alors été confrontés à divers défis économiques et politiques. L'économie du pays dépend encore largement de l'agriculture, notamment la production de bananes, bien que des efforts aient été faits pour diversifier l'économie, notamment par le tourisme. En 1979, l'île a par ailleurs été frappée par une éruption du volcan de la Soufrière, qui a dévasté une grande partie de l'île et perturbé l'économie agricole. L'instabilité politique a parfois marqué aussi les premières décennies de l'indépendance. En 1984, après une période de troubles, James Mitchell, du Nouveau Parti démocratique (NDP), a pris le pouvoir et a dirigé le pays pendant près de deux décennies, en mettant l'accent sur la modernisation de l'économie et le développement du tourisme. Aujourd'hui, Saint-Vincent et les Grenadines est une démocratie parlementaire stable. Depuis 2001, le Parti travailliste uni (ULP), dirigé par Ralph Gonsalves, est au pouvoir. Sous sa direction, le pays a renforcé ses relations internationales.

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