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Période précoloniale
Avant l'arrivée des
Européens, la région de la Gambie a fait partie de plusieurs grands empires
ouest-africains. Les principaux étaient : l'Empire
du Ghana (300-1200), le premier grand empire ouest-africain à contrôler
la région; l'Empire du Mali (1235-1600),
connu pour sa prospérité et son commerce, notamment l'or; et l'Empire
Songhaï (vers 1400-1591), qui exerça une influence sur la région
après la chute de l'Empire du Mali. Au IXe
siècle, les marchands musulmans ont fait de certaines de leurs premières
grandes colonies de Gambie des plaques tournantes du commerce transsaharien.
Ces colonies sont ensuite devenues de grands centres d'exportation envoyant
des esclaves, de l'or et de l'ivoire à travers
le Sahara.
Les premiers Européens
à atteindre la Gambie furent les Portugais (1446), qui commencèrent Ã
exploiter la région pour le commerce, notamment l'or et les esclaves.
D'autres puissances européennes, comme les Anglais et les Français,
se sont intéressées à la région à partir du XVIIe
siècle. En 1618, la première compagnie anglaise s'installe en Gambie.
Le fleuve Gambie devient une importante voie pour le commerce des esclaves.
Au cours des quelque 300 ans de la traite transatlantique des esclaves,
l'Angleterre et d'autres puissances européennes auraient exporté jusqu'Ã
3 millions de personnes depuis la Gambie. En 1783, le traité de Paris
accorde officiellement la Gambie à la Grande-Bretagne.
Domination coloniale
britannique
Les Britanniques fondent
Banjul (initialement appelée Bathurst) en 1816, principalement pour surveiller
la traite des esclaves et empêcher les Français de progresser vers l'intérieur
des terres. En 1831, la Gambie devient officiellement une colonie britannique.
Cependant, les conflits avec la France, qui contrôle les territoires environnants
(le futur Sénégal), continuent pendant plusieurs décennies. Un accord
franco-britannique fixe en 1889 les frontières actuelles de la Gambie,
enclavée dans le Sénégal.
Le nationalisme gambien
émerge lentement. Les premières organisations politiques voient le jour
dans les années 1920 et 1930. La Gambie reste néanmoins une colonie marginale
au sein de l'Empire britannique. Une nouvelle constitution permet en 1947
une représentation plus large des Gambiens dans le conseil législatif,
mais la domination britannique persiste. La création en 1959 du Parti
progressiste populaire (PPP), dirigé par Dawda Jawara, marque un tournant
dans la lutte pour l'indépendance. La Gambie obtient l'année suivante
une autonomie partielle avec un gouvernement dirigé par le Premier ministre
Dawda Jawara.
La Gambie devient
finalement indépendante au sein du Commonwealth britannique le 18 février
1965, avec Dawda Jawara comme Premier ministre, puis Président après
la proclamation de la république en 1970.
Depuis l'indépendance
Jawara, leader du Parti
progressiste populaire (PPP), domine la politique gambienne pendant plus
de deux décennies. Sous sa présidence, la Gambie reste politiquement
stable. Jawara met en place des politiques de développement, mais le pays
reste principalement agricole avec une économie dépendante de l'aide
étrangère et des remises des expatriés gambiens.
En juillet 1981,
une tentative de coup d'État, orchestrée par un groupe de militaires
et d'anciens membres du Parti du peuple, est rapidement réprimée avec
l'aide des forces militaires britanniques et sénégalaises. Le coup d'État
échoue, mais il révèle des failles dans la stabilité politique du pays.
Presque complètement
enclavé dans le Sénégal, le pays a formé avec lui une fédération
de courte durée (entre 1982 et 1989), la Sénégambie. En 1991, les deux
nations ont signé un traité d'amitié et de coopération, mais, depuis,
des tensions ont éclaté de façon intermittente.
Le 22 juillet 1994,
le lieutenant-colonel Yahya Jammeh prend le pouvoir par un coup d'État
militaire contre le gouvernement de Jawara. Jammeh fonde le Conseil de
réforme de la démocratie et du développement (CRDD), qui devient plus
tard le Parti pour la démocratie et le progrès (PDP). Jammeh impose un
régime autoritaire avec des élections controversées. Le pays connaît
une période d'instabilité politique, de répression des libertés et
de violations des droits humains. Jammeh dirige avec une main de fer et
est accusé de corruption et d'abus de pouvoir.
Dans les années
2000, Jammeh continue de gouverner de manière autoritaire. Des accusations
d'atteintes aux droits humains et de répression politique s'intensifient.
La Gambie fait face à des critiques croissantes pour sa gestion des droits
humains et sa politique de développement et devient un pays de plus en
plus isolé sur le plan international, bien que Jammeh tente de renforcer
ses relations avec d'autres pays africains.
En décembre 2016,
Adama Barrow, candidat de la coalition de l'opposition, remporte les élections
présidentielles contre Yahya Jammeh. Cette victoire marque un tournant
crucial dans l'histoire gambienne. Jammeh, initialement réticent à reconnaître
les résultats, finit par accepter la transition de pouvoir après une
intervention diplomatique de la CEDEAO (Communauté économique des États
de l'Afrique de l'Ouest) et des pressions internationales. Adama Barrow
prête serment en janvier 2017. Son gouvernement met en place des réformes
politiques et judiciaires visant à restaurer les libertés civiles et
à enquêter sur les violations des droits
humains commises sous Jammeh.
Le gouvernement de
Barrow commence à aborder les questions de réconciliation nationale et
de réforme institutionnelle. Cependant, la Gambie fait face à des défis
économiques et sociaux importants. Le pays s'efforce également de moderniser
ses infrastructures et d'améliorer ses relations internationales. Barrow
est réélu en décembre 2021 dans un climat politique relativement pacifique.
Le gouvernement continue de travailler sur les réformes démocratiques
et sur les questions de justice transitionnelle, tout en cherchant à stimuler
la croissance économique et à répondre aux attentes de la population
en matière de développement. |
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