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L'histoire du Botswana

Période précoloniale

Les San et les Khoï.
Les premiers habitants du territoire qui est aujourd'hui le Botswana étaient les San (Bushmen), une population de chasseurs-cueilleurs. Ils ont été suivis par les Khoï, des pasteurs nomades venus s'installer dans la région. Ces sociétés étaient organisées en petites communautés dispersées, avec une culture orale riche en mythes, contes et traditions. Leur mode de vie reposait sur un équilibre précaire avec leur environnement naturel, notamment dans le désert du Kalahari.

Arrivée des Bantous.
Entre 200 et 500 ap. JC, des groupes bantous commencèrent à migrer vers le sud du continent africain, et peuplèrent notamment l'actuel Botswana. Ces populationsétaient principalement des agriculteurs et des éleveurs, apportant avec eux des connaissances avancées en matière de métallurgie, d'agriculture et d'élevage.Parmi les principaux groupes bantous installés dans la région se trouvent les Tswana (Batswana), qui allaient devenir le groupe dominant.

Formation des royaumes et chefferies Tswana.
A partir du XIIIe siècle, environ, les Tswana ont progressivement établi plusieurs royaumes ou chefferies organisés autour de clans puissants. Ces chefferies étaient basées sur un système hiérarchique avec des liens de parenté et des alliances entre clans.

Organisation des chefferies.
Les chefferies étaient dirigées par un roi ou un chef suprême (kgosi), entouré d'un conseil consultatif composé de membres influents de la communauté. Le kgotla, une assemblée traditionnelle où les hommes se réunissaient pour discuter des affaires du clan et prendre des décisions par consensus, était au coeur de la gouvernance des Tswana. Les principales chefferies étaient les Ngwato, Kwena, Ngwaketse, Kgatla et Tawana. Chacune d'elles contrôlait un territoire distinct, et les conflits ou alliances entre elles jouaient un rôle central dans la dynamique politique de la région.

Économie et commerce.
L'économie des Tswana reposait principalement sur l'agriculture, l'élevage de bétail et le commerce. Le bétail était non seulement une source de nourriture, mais aussi un symbole de richesse et de statut social. Les Tswana ont également établi des réseaux commerciaux avec les populations voisines, échangeant du bétail, du sel et des produits artisanaux.

Influences extérieures et dynamiques régionales.
À partir du XVIIIe siècle, la région connaît des bouleversements causés par des migrations et des conflits externes.

Au début du XIXe siècle, les Ndebele, conduits par leur chef Mzilikazi, migrent depuis l'actuelle Afrique du Sud vers le Zimbabwe en passant par le Botswana. Cette migration s'accompagne de pillages et de conquêtes, déstabilisant certaines chefferies Tswana.

Les missionnaires, explorateurs et commerçants européens commencent aussi à arriver dans la région à cette époque. L'un des plus célèbres était David Livingstone, qui travailla avec les chefs Tswana dans les années 1840. Ces contacts ont introduit de nouvelles idées et technologies, mais aussi de nouvelles menaces, notamment sous la forme de la colonisation.

Conflits avec les Boers et appel à la protection britannique.
Au fur et à mesure que les colons boers (d'origine néerlandaise) s'installent au nord du Transvaal (actuelle Afrique du Sud), ils entrent en conflit avec les chefferies Tswana pour le contrôle des terres et des ressources. Face à cette menace, les chefs Tswana, notamment Khama III des Ngwato, Bathoen des Ngwaketse et Sebele des Kwena, demandent la protection des Britanniques. C'est ainsi qu'en 1885, la région devient un protectorat britannique, nommé le Bechuanaland et qui couvre la majeure partie du Botswana actuel. Un statut qui garantit l'autonomie relative des chefferies Tswana sous la domination britannique. Le protectorat est divisé en deux parties : le Bechuanaland britannique (au nord, l'actuel Botswana) et le Bechuanaland occidental (au sud, intégré à l'Union sud-africaine en 1910, correspondant à une partie de l'actuelle province du Cap en Afrique du Sud).

Période coloniale britannique

Administration britannique.
Contrairement à de nombreuses colonies africaines, le Bechuanaland n'a jamais été une priorité pour les Britanniques en raison de l'absence de ressources naturelles significatives à l'époque et de sa faible densité de population. Le territoire est donc administré de manière indirecte.

Les Britanniques maintiennent l'autorité des chefs traditionnels Tswana (les kgosi), qui continuent à exercer un contrôle sur leurs territoires respectifs. L'administration britannique est représentée par un Resident Commissioner basé à Mafikeng, en Afrique du Sud (hors du Botswana), ce qui limite l'ingérence directe dans les affaires locales.

Le Bechuanaland restera largement rural et n'a connu que peu de développement économique sous la domination coloniale. Les infrastructures, comme les routes et les chemins de fer, sont principalement conçues pour servir les intérêts économiques de l'Afrique du Sud, traversant le territoire sans réellement contribuer à son développement.

Pressions pour l'intégration à l'Union sud-africaine.
Après la création de l'Union sud-africaine en 1910, qui regroupait les colonies britanniques et les républiques boers, des pressions se font sentir pour que le Bechuanaland soit intégré à ce nouvel État. L'Union sud-africaine, dirigée par un gouvernement favorable à l'apartheid, veut étendre son contrôle sur les territoires voisins. Cependant, les chefs Tswana et la population locale s'opposent fermement à cette idée, craignant la perte de leur autonomie et la ségrégation raciale rigide appliquée en Afrique du Sud. La Grande-Bretagne finit par rejeter les demandes sud-africaines, en partie à cause de cette opposition locale et en raison de pressions internationales.

Montée du nationalisme et mouvements pour l'indépendance.
Dans les années 1950, alors que les mouvements nationalistes se développent dans toute l'Afrique, le Bechuanaland commence également à connaître une montée des revendications pour l'autonomie. Les élites locales, souvent formées dans les missions chrétiennes ou à l'étranger, commencent à s'organiser politiquement.

Le rôle de Seretse Khama.
Seretse Khama, héritier du trône de la chefferie des Ngwato, devient une figure centrale du nationalisme botswanais. Son mariage en 1948 avec Ruth Williams, une femme britannique blanche, provoque un scandale, tant au sein de son propre peuple qu'auprès des autorités britanniques et sud-africaines. En réponse, le gouvernement britannique exile Seretse Khama en 1950 pour éviter des tensions raciales dans la région. Cependant, après des pressions internationales et locales, il est autorisé à revenir en 1956.

Création du Parti Démocratique du Botswana (BDP).
En 1962, Seretse Khama fonde le Parti Démocratique du Botswana (BDP), qui va jouer un rôle central dans la transition vers l'indépendance. Le BDP prône l'autonomie progressive du Bechuanaland et l'établissement d'un État démocratique.

Vers l'indépendance.
À mesure que la décolonisation progresse dans toute l'Afrique, la Grande-Bretagne accepte de préparer le Bechuanaland à l'indépendance. En 1965, des élections générales sont organisées, remportées par le BDP de Seretse Khama. Le 30 septembre 1966, le Bechuanaland devient officiellement le Botswana, avec Seretse Khama comme premier président.

Le Botswana indépendant

Présidence de Seretse Khama (1966-1980)
Au moment de l'indépendance, le Botswana est l'un des pays les plus pauvres du monde, sans infrastructures majeures comme des routes asphaltées ou des écoles.

L'aubaine des des diamants.
En 1967, des gisements de diamants sont découverts à Orapa, changeant radicalement le destin économique du Botswana. Le gouvernement, sous la direction de Seretse Khama, négocie des accords avantageux avec la société De Beers pour assurer que les bénéfices des ressources minières soient utilisés pour le développement du pays.

Le gouvernement adopte des politiques économiques prudentes, ce qui permet au Botswana d'enregistrer une croissance rapide et stable. Les recettes tirées des diamants sont investies dans l'éducation, la santé et les infrastructures.

Un démocratie stable.
Seretse Khama met en place une démocratie multipartite avec des élections régulières et transparentes. Le Botswana devient rapidement reconnu pour sa stabilité politique, une rareté en Afrique à l'époque. Le pays adopte un modèle de gouvernance fondé sur la primauté du droit et une gestion économique responsable.

Présidence de Quett Masire.
Après la mort de Seretse Khama en 1980, son vice-président Quett Masire lui succède. Son mandat prolonge les politiques de son prédécesseur.

Diversification économique.
Sous Masire, le Botswana cherche à diversifier son économie pour réduire sa dépendance aux diamants. L'agriculture, l'industrie manufacturière et les services financiers sont développés, bien que les diamants continuent de dominer l'économie.

La plaie du sida.
À partir des années 1990, le Botswana est durement touché par l'épidémie de VIH/sida, avec l'un des taux de prévalence les plus élevés au monde. Le gouvernement réagit en mettant en place des programmes de prévention et en rendant les traitements antirétroviraux largement accessibles. Le Botswana est l'un des premiers pays africains à le faire.

Présidence de Festus Mogae.
Festus Mogae succède à Masire en 1998. Son mandat est marqué par la continuation de la croissance économique et la lutte renforcée contre le VIH/sida.

Mogae met l'accent sur la réduction des inégalités sociales, même si des disparités restent importantes entre les zones rurales et urbaines. Le Botswana reste l'un des pays les mieux gérés en Afrique avec une croissance économique robuste. Mogae se retire en 2008 après avoir respecté la limite constitutionnelle de deux mandats.

Présidence de Ian Khama.
Ian Khama, fils de Seretse Khama, devient président en 2008. Son mandat suscite des débats en raison de son style de gouvernance autoritaire.

Politiques sociales et économiques.
Ian Khama met en oeuvre des politiques visant à réduire la pauvreté, améliorer les infrastructures et promouvoir la discipline au sein de la société. Il lance des programmes de lutte contre la criminalité, l'alcoolisme et promeut le développement rural.

Tensions politiques.
Bien que le Botswana reste une démocratie stable, des critiques émergent quant à la concentration des pouvoirs dans les mains de Khama et à ses tendances autoritaires. Malgré cela, le pays maintient des élections régulières et un système judiciaire indépendant.

Présidence de Mokgweetsi Masisi.
En 2018, Mokgweetsi Masisi succède à Ian Khama. Sa présidence est marquée par des réformes et des tensions politiques.

Réformes et diversification économique.
Masisi met l'accent sur la diversification de l'économie, l'éducation, et l'amélioration des infrastructures. Il tente également d'attirer plus d'investissements étrangers pour réduire la dépendance aux diamants.

Conflit avec Ian Khama.
Masisi entre rapidement en conflit avec son prédécesseur Ian Khama, qui critique sa gestion du pays. Cette dispute crée des divisions au sein du parti au pouvoir, le BDP, mais Masisi reste politiquement dominant.

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