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Charma

Antoine Charma est un professeur et philosophe français, né à la Charité-sur-Loire (Nièvre) le 15 janvier 1801, mort à Caen en 1869. D'une famille d'artisans, il fit les plus brillantes études à la Charité, d'abord, puis au collège Bourbon, à Paris

En 1820, il entrait à l'Ecole normale, le premier de sa promotion, avec L. Hachette, Gérusez et L. Quicherat. Mais en 1822, l'École fut fermée; Charma, dont l'indépendance d'allures et de doctrines portait ombrage, n'obtint pas de poste, et dut chercher des ressources dans l'enseignement privé. 

Licencié en 1823, il fut admis à l'agrégation en 1830. Son goût personnel l'aurait plutôt tourné vers la littérature; mais Victor Cousin, qui l'avait pris en affection, fit de lui un philosophe et l'envoya professeur à Caen (1831). Là, pendant trente-huit ans il occupa la chaire de philosophie à la faculté. 

Durant des années il fut sur la brèche, combattant par la plume et par la parole, en butte aux attaques violentes de la  presse religieuse qui lui reprochait d'enseigner le matérialisme et l'athéisme, fondant même un journal, le National du Calvados, pour défendre son enseignement dénaturé. Montalembert dénonça à la Chambre des pairs, en 1838, les tendances de l'homme, qui refusait d'abdiquer entre les mains de l'autorité politique ou religieuse son indépendance de professeur et soutenait hardiment que 

" toutes. les religions, y compris le christianisme, dénaturent et amoindrissent la notion du devoir en proposant à l'accom plissement de ce devoir une récompense."
Mais Charma repoussa victorieusement les accusations. Ces luttes, tout absorbantes qu'elles étaient, ne l'empêchaient pas de s'occuper activement d'autres travaux de moindre importance, surtout des questions d'archéologie locale, portées devant les sociétés savantes de Normandie. Il a consigné dans un certain nombre de brochures le résultat de ses recherches. Mais la partie la plus considérable de son oeuvre est dans ses publications philosophiques. 

Il avait débuté par une thèse de doctorat, Essai sur le langage (Caen, 1831, in-8 ; 2e édition 1846), qui eut un certain succès. Vinrent ensuite : Essai sur les bases et le développement de la moralité (Paris, 1834, in-8), Leçons de philosophie sociale (Caen, 1838, in 8); Essai sur la philosophie orientale (Caen, 1842, in-8°). 

Mentionnons encore : le Père André, jésuite; documents inédits pour servir à l'histoire politique, religieuse, philosophique et litteraire du XVIIIe siècle (Caen, 1844, 1557, 2 vol. in-8); Réponse aux questioms de philosophie (ibid., 1846, in-12, 3e édition); les Philosophes normands, saint Anselme et Lanfranc (ibid., 1856, in-8); Cours de philosophie (ibid., 1868, in-12); puis comme simples brochures : Résumé d'un cours d'esthétique (Caen, 1858, in-8); Nouvelle Classification des sciences (ibid., 1859, in-8); Condorcet, sa vie et ses oeuvres (ibid., 1863, in-8), etc. 

La morale de Charma est une sorte de kantisme; sa psychologie est purement subjective : les rapports de la psychologie et de la physiologie le préoccupaient très peu; le temps était loin encore où les deux sciences seraient si bien rapprochées, que l'une apparaîtrait à quelques-uns comme un simple chapitre de l'autre. (L. Bélugou).

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