.
-

Cerezo

Mateo Cerezo est un peintre espagnol, né à Burgos en 1635, mort à Madrid en 1675. Après avoir appris les premiers éléments de son art auprès de son père, il vint à l'âge de quinze ans se placer à Madrid sous l'habile direction de Carreño de Miranda. Suivant les conseils de son maître, il peignit beaucoup d'après nature et copia avec infiniment d'intelligence quelques-uns des chefs-d'oeuvre des collections royales. A vingt ans, il était déjà réputé un maître. Ses Conceptions, un de ses sujets préférés, étaient dès lors et sont encore justement renommées.

Un des motifs que Cerezo traite aussi avec le plus de bonheur, c'est la Madeleine repentante; on en connaît d'assez nombreuses à Vienne, dans les musées de La Haye, de Berlin, plus trois ou quatre à Madrid, sans même parler de celles qui ont passé dans les ventes Gessler, Salamanca, etc. Ces nombreuses représentations de la blonde pécheresse sont autant de merveilles de sentiment et de couleur; les draperies, la luxuriante chevelure, les tons de chair sont d'une fraîcheur et d'une distinction telles que l'on évoque involontairement devant elles le grand nom de Van Dyck. Cerezo est, en effet, un composé de Van Dyck, de Murillo et des derniers coloristes vénitiens; fréquemment, il est arrivé aux plus parfaites de ses productions d'être attribuées à l'un ou à l'autre des maîtres que nous venons de citer. Cependant, malgré ses adhérences, l'artiste n'en possède pas moins une certaine originalité.
-

Cerezo : Madeleine repentante.
Madeleine repentante, par Mateo Cerezo.

Elle est parfaitement sensible dans chacune des deux grandes compositions l'Assomption de la Vierge et le Mariage mystique de sainte Catherine, qui sont au musée du Prado; elle l'est peut-être moins dans son tableau de la Cène à Emmaüs, peint en 1675, l'année même de sa mort, pour le réfectoire du couvent des récollets de Madrid, qui reparut jadis dans la collection Soult. Palomino, à propos de cet ouvrage, ne craint pas de le rapprocher des chefs-d'oeuvre de la grande époque vénitienne. Mais Palomino est plus enthousiaste que critique sagace; Cean-Bermudez, tout en reconnaissant que c'est là une des meilleures peintures de Cerezo, se garde bien de partager l'engouement de Palomino. Cette Cène a été gravée à l'eau-forte par Josef del Castillo. 

Cean-Bermudez cite encore quelques autres compositions religieuses de l'artiste qui décoraient de son temps des couvents, supprimés depuis; ces tableaux se trouvent aujourd'hui dans divers musées provinciaux, notamment à Burgos et à Valladolid. Cerezo était, d'après le même biographe, un remarquable peintre de nature morte, genre où ont excellé presque tous les maîtres espagnols. Il peignit aussi à fresque, et collabora, avec Herrera le Jeune, à la décoration de la coupole de Notre-Dame d'Atocha, où les deux artistes avaient représenté l'Assomption de la Vierge. Cette fresque, qui fut, paraît-il, très appréciée de Philippe IV, a péri depuis longtemps. Cerezo, à en juger par le portrait du Cardinal Porto Carrero, que possède le musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg, était, comme Carrero, son maître, un merveilleux portraitiste. Tous deux se souviennent des leçons de Vélazquez. (P. L.).

.


Dictionnaire biographique
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z
[Aide][Recherche sur Internet]

© Serge Jodra, 2006. - Reproduction interdite.