| Bhavabhouti. - Poète dramatique indien, né à Padmapoura dans le Bérar, aux environs du VIIe siècle ap. J-C. Le savant hindou S.-P. Pandit a cru pouvoir fixer la carrière du poète entre 620 et 685. Bhavabbouti sortait d'une famille brahmanique dite Oudoumbara, qui se rattachait à la branche Taittiriya du Yadjour-Véda. Comme il s'en vante dans ses prologues et comme l'attestent ses oeuvres-mêmes, il avait, dans sa jeunesse, étudié à fond les Vêdas, les Upanichads, les systèmes philosophiques du Sânkhya et du Yôga. (La Philosophie indienne). Le roi de Kanauj, Yasovarman, grand amateur de poésie et poète lui-même, attira Bhavabhouti à sa cour et lui prodigua ses faveurs. Nous avons aujourd'hui encore trois drames de Bhavabhouti; il est peu probable qu'il en ait écrit d'autres; ce sont : les Aventures de Râma (Viratcharita); les Dernières aventures de Râma (Outtararâmatcharita); Mâdhava et Mâlatt. Les deux premiers sont inspirés du Râmâyana, le troisième est tout d'imagination, Bhavabhouti est moins habile que Kalidâsa à construire le drame, à en limiter le sujet et à le développer en une série de scènes fortement enchaînées; souvent l'action est brisée, morcelée; les épisodes sont mal rattachés à l'intrigue; mais d'autres mérites compensent brillamment cette infériorité. La beauté de son style lui avait valu de son vivant le surnom de Srikantha : Gosier de l'Eloquence. La langue est d'une inépuisable variété, d'une souplesse incroyable; elle se prête aux caprices étonnants d'une métrique raffinée; elle exprime avec la même aisance les émotions les plus profondes, les sentiments les plus héroïques, les plus délicates nuances de l'amour: Elle excelle, enfin, à peindre les scènes de la nature, les paysages pittoresques ou grandioses. Malheureusement, ce sont là des qualités difficiles à transporter dans une traduction. Aussi, autant les éditions du texte sont nombreuses, autant sont rares les versions. (Sylvain Lévi). | |